Qui est Catherine de Médicis ?
D'emblée, j'aurais tendance à répondre : c'est une vieille reine méchante à l'air revêche vêtue tout en noir.
Indéniablement, quand je pense à Catherine de Médicis, j'ai tout de suite en tête ce fameux tableau de
François Dubois, peintre protestant, « Le massacre de la Saint Barthélémy ». Tableau ô combien représentatif de ce que fut cet épisode tragique, sanglant et emprunt d'une folie sauvage et incontrôlable. On y voit Catherine de Médicis, la sinistre veuve noire, devant une poterne du Louvre, penchée au-dessus d'un monceau de cadavres nus.
Contemple-t-elle son oeuvre ? Mesure-t-elle l'horrible conséquence de son inconséquence ? Regrette-t-elle d'avoir poussé son royal fils Charles IX à ordonner l'exécution des principaux chefs huguenots ? Royal fils qui dans un excès de folie et poussé à bout finira par ordonner « Qu'on les tue tous ! »
Dès lors, il est trop tard...
Dans la mémoire collective, Catherine de Médicis est devenue cette reine noire, despote et machiavélique. Légende pérennisée par les auteurs du XIX ème siècle et notamment par Dumas, dans « La Reine Margot » .
Pourtant, aujourd'hui,les historiens tentent de la réhabiliter en invoquant sa volonté de pacification et de conciliation, son habileté à négocier.
C'est aussi ce que tente de faire
Jeanne Kalogridis à travers le roman «
La Reine de l'ombre ».
J'ai toujours aimé les biographies romancées, parce qu'elles me permettent souvent d'appréhender les personnages historiques sous un angle plus intimiste et beaucoup moins distant qu'une simple biographie.
J'attendais du roman de
Jeanne Kalogridis qu'il m'aide à comprendre la personnalité tant controversée de Catherine de Médicis. J'ai bien peur cependant être restée sur ma faim.
L'auteure a choisi de faire de Catherine la narratrice de son livre. Procédé qui aurait pu m'aider à entrer au coeur de l'intimité du personnage. Mais, ça n'a pas vraiment fonctionné. A aucun moment, je ne me suis sentie vibrer ; à aucun moment, je n'ai éprouvé d'empathie pour cette figure emblématique des guerres de religion.
Et pourtant ! Sa vie chaotique et mouvementée aurait pu m'émouvoir.
Très tôt orpheline, l'héritière des Médicis voit son enfance bouleversée par la guerre entre le pape et Charles Quint. Prise en otage à dix ans, elle subira la cruauté et les privations.
A l'âge de quatorze ans, elle doit quitter l'Italie pour épouser le fils cadet de
François Ier.
La vie à la Cour de France n'est pas de tout repos et elle doit subir les calomnies de ceux qui la considèrent comme une vulgaire roturière étrangère.
Pire que cela, son époux n'a d'yeux que pour la belle Diane de Poitiers, qui a pourtant vingt ans de plus que lui.
Malgré cela, l'Italienne au physique ingrat certes mais dotée d'une vive intelligence, ne cessera de combattre fièrement et finira par s'imposer sur l'échiquier royal.
Jeanne Kalogridis nous la présente ainsi, à la fois malmenée, ridiculisée mais fière et dotée d'un fort caractère. Elle tente bien sûr aussi de faire apparaître son côté obscur. Mais, trop maladroitement, à mon goût. Et c'est sans doute pour cela que cette lecture ne m'a pas convaincue.
C'est un peu comme franchir une propriété après avoir lu la pancarte « Attention , chien méchant ! » et se retrouver nez à nez avec un gentil toutou.
Pour conclure, j'ajouterai également que les nombreuses divagations historiques m'ont vraiment dérangée. On peut certes jouer avec
L Histoire, bâtir des romans sur de vaines hypothèses , taire des épisodes qui ne paraissent pas primordiaux au déroulement du roman, mais inventer de toute pièce un lien de parenté complètement infondé pour créer du rebondissement à son histoire, là je refuse !