C'est un soir de fin d'automne, dans une bourgade située dans cette région du Dauphinée appelée les Terres Froides. J'ai préparé mes textes, les mots que je lirai à des gens que je ne connais pas, des paroles buissonnières, cueillies ici et là, le plus souvent au fil de rencontres dans les bibliothèques. Celui qui écrit arrive toujours avec sa valise de souvenirs, son bagage de livres, un peu de certitude, beaucoup de de solitude.
Ecrire, même pour subsister, ne doit pas devenir une cage où l'on enferme les rêves.
Ma grand-mère, c'est cette femme qui a fait le deuil de son fils, l'abandonnant à l'âge où le moindre regard est une nourriture, la moindre caresse une cuillerée de miel Elle le revit une fois pendant quelques minutes, quand il avait huit ans.
"Arabe" était leur nom, leur prénom et leur état civil.
C'est un soir de fin d'automne, dans une bourgade située dans cette région du Dauphiné appelée les Terres Froides. J'ai préparé mes textes, les mots que je lirai à des gens que je ne connais pas, des paroles buissonnières, cueillies ici et là, le plus souvent au fil de rencontres dans les bibliothèques. Celui qui écrit arrive toujours avec sa valise de souvenirs, son bagage de livres, un peu de certitude, beaucoup de solitude. C'est un banal samedi de novembre où la nuit vient de tomber, avec à son cou une écharpe de brouillard. Lorsque je pénètre dans la salle à l'aspect froid, je me dirige directement vers une estrade qui, je l'imagine, doit servir de scène. Je n'ai aucune intention de faire ma lecture perché sur ces planches. Je pose une chaise face à celles qui forment des rangées, que le public, je l'espère, occupera en nombre, j'ouvre mon sac, dispose près de moi les trois livres qui m'accompagneront pendant la traversée. Je sais que la fatigue va tomber, mais lorsqu'il s'agit de manier les mots en donnant de la voix, je sais la combattre, la faire reculer."
Dans quelques semaines, il me faudra comme les pèlerins de Conques faire mon chemin, retrouver la cadence du corps à l'effort, les mots qui viennent, et qu'il faut dans l'instant capturer, amadouer, pour qu'ils acceptent d'aller se mettre à la ligne, et tisser, à leur façon, une phrase à l'unisson du moment présent.
Juste écouter le vent, qui comme l'être est passager.