Le quartier de Dotombori, à Osaka, le long des canaux qui serpentent dans la vieille ville, est un des lieux les plus « branchés » du Japon. Dans le courant de la nuit, aux sons des pulsations électro ou rock s'échappant des boîtes de nuit environnantes, à la lumière des néons des enseignes de publicités de couleurs tapageuses près du repérable Starbuck coffee, se donne rendez-vous toute une jeunesse nipponne en quête de personnalité, aux allures facilement identifiables. Accoutrement grunge mêlé de gothique, cheveux teints multicolores, visages constellés de piercings. Ados se donnant des airs de rebelles hollywoodiens. C'est à cette vision que me fait penser ce court roman. Comme les pauvres héros du roman de
Ryu Murakami «
Bleu presque transparent », 40 ans avant, ceux de
Hitomi Kanehara sont tout aussi paumés et cherchent à travers toutes les déviances possibles une reconnaissance sociale. Sexe, drogue, mutilations consenties, muqueuses malmenées… sont leur marque de fabrique. Où des questions comme accepter l'éjaculation de son compagnon dans son sexe ou au-dessus constituent pour une jeune fille une question fondamentale ou le questionnement autour de la mutilation de sa langue en deux parties, façon reptilienne. Vous comprendrez que tout cela se révèle finalement assez pauvre pour une intrigue romanesque, sauf d'un point de vue sociologique peut-être. C'est un Japon qui s'exhibe et s'exporte facilement dans un occident friand d'exotisme frelaté. Mais, me direz-vous, ça aussi c'est le Japon ! Je n'en disconviens pas, mais ce n'est vraiment pas ce que je préfère dans ce pays.
Juste en aparté, c'est sur les bords de ces mêmes canaux, que
Ihara Saikaku, au XVIIIe siècle, situe l'action de ses récits de commerçants et de courtisanes dans son recueil «
Cinq amoureuses ». Les temps changent ! Je me sens parfois un peu décalé.