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3,56

sur 137 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lorsque Gyeongha reçoit un message de son amie Inseon, qu'elle n'a pas vue depuis un an, elle ne se doute pas qu'elle va mettre le doigt dans un engrenage qu'elle ne pourra pas maîtriser. Inseon, hospitalisée à Séoul pour une grave blessure à la main, lui demande d'aller chez elle pour donner à boire à son oiseau. Il risque de mourir si Gyeongha n'y va pas le jour même. le problème est qu'Inseon habite à Jéju, à plusieurs heures d'avion et que le temps n'est pas de la partie. Lorsque Gyeongha arrive, elle doit faire face à une terrible tempête de neige.

Quel livre extraordinaire ! Tout en pudeur, à pas feutrés, il nous entraîne à la fois dans l'imaginaire et dans l'Histoire. Celle, terrible, des massacres auxquels des civils, parce que communistes, ont dû faire face entre 1948 et 1949. Je ne connaissais pas ce fait, il faut dire que j'en connais très peu sur l'Histoire de la Corée du Sud, et cela m'a permis également, à travers ce récit, de me documenter.

L'écriture est superbe, presque poétique. le fait de ne pas savoir si nous sommes dans la réalité ou dans de l'onirique, voire fantastique, permet au lecteur de se faire sa propre idée même si je vous avoue qu'en arrivant à la fin, j'étais frustrée qu'on ne me le dise pas.

Un grand merci à Netgalley et aux Éditions Grasset pour cette très belle découverte.
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Gyeongha fait régulièrement le même rêve, cauchemar même, depuis plusieurs années, et décide de laisser ses dernières volontés ; mais à qui les confier ? C'est alors qu'elle reçoit un appel de son amie Inseon qu'elle n'a pas vue depuis près d'un an. Cette dernière, qui réside sur l'île de Jeju a été hospitalisée car elle s'est tranché deux doigts en coupant du bois. C'est grâce à l'intervention de ses voisins qu'elle a pu être prise ne charge.

Mais, un de ses deux perroquets est resté sur place et n'aura pas assez à manger et surtout à boire, alors elle demande à son amie de se rendre sur l'île. Une tempête de neige s'abat sur le pays, le voyage est long, avion, car, et ensuite plusieurs kilomètres à pied sous la neige. Au cours de son périple elle se perd, puis retrouve son chemin, finit par arriver à la maison de Inseon, mais le perroquet est mort… Ainsi commence un long voyage, parmi les documents, témoignages qu'Inseon a pu recueillir au fil des ans sur la guerre fratricide de Corée, entre les partisans du communisme et ceux du « libéralisme », les milliers de morts dans les deux camps, l'omerta qui entoure les faits, notamment ceux qui se sont déroulés au cours de l'année 1948-1949.

Han Kang nous livre un récit plein de poésie sur cette tragédie, où les faits sont rapportés avec exactitude, mais entrecoupés d'onirisme, on ne sait pas toujours si on est dans le réel ou dans le rêve, dans le présent ou un passé assez récent, la tempête de neige étant tellement violente que l'on se demande si Gyeongha a pu en réchapper.

Je connaissais comme tout le monde cette guerre qui a abouti au partage du pays en 1953 entre la Corée du Nord, communisme où règne d'une main inflexible « Rocketman » et la Corée du Sud démocratique, mais je ne savais rien de l'ampleur des massacres.

J'ai beaucoup apprécié l'écriture, l'histoire entre les deux amies, et l'Histoire tout court ainsi que la réflexion sur l'adieu, qu'il s'agisse des relations présentes ou du passé douloureux : peut-on vraiment dire adieu, et qu'en est-il des souvenirs. C'est un livre qui va rester longtemps dans ma mémoire. Je l'ai terminé il y a une quinzaine de jours, mais j'ai eu besoin de laisser les émotions retomber.

Han Kang a reçu le prix Médicis Étranger pour ce roman.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont à nouveau fait confiance en me permettant de découvrir ce roman et son auteure

#Impossiblesadieux #NetGalleyFrance !
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Gyeongha, la narratrice, hantée par des cauchemars récurrents et accablée de migraines invalidantes, incapable d'écrire, est sur le point de renoncer à la vie lorsque son amie Inseon, ancienne collègue de travail, lui envoie un appel à l'aide par SMS. Hospitalisée d'urgence à Séoul, elle ne peut rentrer chez elle sur l'île de Jeju. Gyeongha, peut-elle se rendre à son domicile où Ama, son perroquet blanc, risque de mourir si personne ne vient le nourrir. Se sentant responsable de l'accident d'Inseon, Gyeongha prend aussitôt l'avion, en pleine tempête de neige, pour sauver Ama. La nuit même, réunies comme par enchantement dans la maison d'Iseon, en plein blizzard, sans eau ni électricité, le temps que dure la flamme d'une bougie, les deux amies s'enfoncent dans le passé de Jeju.
La neige est omniprésente dans ce roman hallucinant et hallucinatoire. Elle hante chaque page, modifie les perceptions, rend aveugle à l'inessentiel et souligne ce qui a été oublié et refuse de l'être. Il est en effet ici question de mémoire : le souvenir traumatique d'un passé sanglant que la Corée du sud plongée dans plusieurs années de dictature a oublié jusqu'à une période récente. Il s'agit en particulier des exécutions arbitraires et massives commises sur l'île de Jeju par la police et l'armée aux ordres du gouvernement nationaliste de Syngman Rhee entre 1948 et 1950. Des centaines de personnes soupçonnées de sympathie communiste furent également arrêtées et envoyées en prison sur le continent. La plupart ne sont jamais revenus. Han Kang fait de ces évènements tragiques la matrice de son livre. Elle les reconstitue pièce par pièce à travers les rêves de Gyeongha, hantée par des visions récurrentes de morts, sous la forme de tronc noir se détachant sur le blanc de la neige et d'ossements sans sépulture submergés par les flots, et les souvenirs d'Iseon, hérités de sa mère et de son père. Ceux-ci ont survécu aux massacres perpétrés sur l'île mais l'oubli est impossible.
Dans ce roman, Han Kang rend justice aux milliers de morts restés sans sépulture et à leur famille qui ont attendu pendant des années que l'état les autorise à rechercher les corps disparus de leurs proches. Impossibles adieux car est-il possible d'oublier ce qui a été enfoui au plus profond de la mémoire collective ?
Un roman poignant dont il est difficile de se détacher.

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Ce récit de la coréenne Han Kang vacille constamment entre le réel et le fantastique, sème le trouble dans nos perceptions, nos impressions, nos certitudes. Si l'on croit lire d'abord une histoire d'amitié qui conduit la narratrice Gyeongha sur l'île de Jeju, dans une mission de sauvetage de l'oiseau blanc de son amie, on se retrouve soudain entourés des fantômes du massacre advenu sur cette même île dans les années 1948-1949, résurgences des souvenirs de familles massacrées et traumatisées.

Comme Gyeongha lorsqu'elle tente de rejoindre la maison de son amie, j'ai eu envie de me perdre, de me laisser ensevelir par ce récit onirique et mélancolique, qui invite autant à la contemplation de la nature qu'à celle des cicatrices toujours vives que le passé traumatique de l'histoire coréenne a laissé dans la mémoire collective. Mais j'y ai finalement trouvé mon chemin vers une oeuvre unique et marquante, qui a creusé un sillon durable dans mon imaginaire, enneigé et solitaire.

La voix de Han Kang m'a profondément touchée.

Une envoûtante lecture que j'ai adorée!
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Voici un roman que je m'apprêtais à lire posément mais que j'ai presque lu d'une traite tant je me suis laissé emporter par l'histoire de Gyeongha et d'Inseon, deux amies dont les douleurs du passé se font écho et réunies par un rêve transformé en projet.

L'histoire s'ouvre sur le rêve de Gyeongha, la narratrice : elle est au milieu d'une plage plantée de milliers d'arbres noirs sans cime ni branche, de tailles différentes, érigés comme des pierres tombales. Il neige à gros flocons et l'eau se met à monter sous ses pieds. Impossible de déplacer tous ces ossements avant que la mer ne les recouvre.

Elle est autrice et vit seule à Séoul, ce rêve qui la hante est apparu lors de l'écriture de son dernier roman. Contre toute attente, sa parution n'a pas apaisé ses cauchemars. Son désir d'écriture est à présent envolé.
Alors qu'elle erre dans les rues de Séoul dans un état de profonde déprime, elle reçoit un texto de son amie Inseon la priant de rejoindre sans tarder l'hôpital où elle séjourne après un accident de tronçonneuse. Là, Inseon demande à son amie de se rendre chez elle sur l'île de Jeju pour nourrir son perroquet blanc resté seul après l'accident. Malgré la tempête de neige et une migraine atroce, Gyenongha s'envole sur l'île.

Le passé et le présent, le réel et l'irréel s'entremêlent dans ce récit qui se dévoile à la lueur d'une bougie et sous les battements d'ailes d'un oiseau revenu du royaume des morts, nous révélant petit à petit le passé douloureux de la famille d'Inseon sur cette île coréenne où une purge anticommuniste a entraîné le massacre de milliers de personnes à la fin des années 40.

Dans une écriture onirique et délicate, l'autrice nous emmène à la rencontre de trois femmes d'une volonté à toute épreuve dans leur quête de vérité et de mémoire. Ce roman empreint de symbolisme est à la fois douloureux par son histoire et lumineux par l'amour et l'amitié qu'il transporte et par les voies qu'il ouvre vers la résilience.

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En Corée du sud, Gyeonghan, une écrivaine un peu mélancolique, reçoit un appel d'une de ses très bonnes amies, Inseon. Celle ci a eu un accident, elle a un service à lui demander. Il faut que Gyeonghan entreprenne un voyage de plusieurs heures en pleine tempête de neige pour aller dans la maison de Ineon, sur l'île de Jeju, pour nourrir le perroquet. L'oiseau ne peut pas survivre plus de deux jours seul. Gyeonghan part donc affronter la tempête. Arrivée là bas épuisée, elle a alors des hallucinations et tombe sur des papiers qui l'oblige à affronter l'horrible réalité de l'île sur laquelle elle est. Des enfants, des femmes, des hommes ont été massacrés par milliers à la fin des années 40.
Je ressors totalement chamboulée de ce roman. Déjà parce que j'ai trouvé très beau, très poétique et en même temps très sincère sur la réalité de l'histoire de la Corée. Histoire que je ne connaissais pas du tout, que je découvre ici, et qui me donne envie d'en apprendre d'avantage sur l'histoire de ce pays que nous connaissons au final assez peu en France.
Merci à Netgalley et Grasset pour cette lecture.
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Gyeonga, écrivaine vivant à Séoul, reçoit de son amie Iseon un sms. Elle s'est sectionné deux doigts en travaillant le bois, et a été rapatriée d'urgence depuis l'île de Jeju en abandonnant son perroquet. Elle conjure Gyeonga de s'embarquer pour son île afin de sauver son oiseau.

Juste avant cette entrevue, Gyeonga a fait un rêve particulier, celui d'une forêt d'arbres noirs sans ramure, plantée dans un champ de neige.

La neige, c'est elle qui rend sa mission quasi impossible. Après l'atterrissage, Gyeonga peine à trouver un autocar pour se rendre dans le village isolé d'Iseon. C'est ensuite dans la tempête de neige qu'elle doit retrouver un chemin devenu invisible jusqu'à la bâtisse, où les fantômes de la famille d'Iseon l'attendent.

Ce roman onirique, je m'y suis enfoncée très doucement, comme dans une légère poudreuse. Comme Gyeonga, j'ai ensuite senti chaque flocon fondre sur ma peau et, avec la nuit tombée, me glacer le coeur.

Han Kang se saisit de cette histoire d'amitié et de projet artistique irrésolu pour aborder un pan méconnu de l'histoire coréenne : celle du massacre de l'île de Jeju après le ralliement d'une partie de ses habitants au communisme. Exercice périlleux et tout à fait réussi, en ayant évité les écueils du roman historique barbant et du romanesque mal placé, le résultat est délicat et vrai comme un flocon se déposant devant vos yeux.
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Tout commence avec un cauchemar. La neige. Un vaste champ de troncs d'arbres comme des sépultures. Gyeongha, la narratrice, s'y promène. La mer à l'horizon. La marée qui galope et vient tout engloutir.

Un cauchemar qui la hante depuis l'écriture d'un livre sur un massacre et des deuils personnels.

Un cauchemar qui sert de trame de fond à l'histoire qui s'ouvre quand Gyeongha reçoit un jour de décembre un texto d'Inseon, une amie photographe qu'elle a rencontrée au début de sa carrière de journaliste. Hospitalisée pour une grave blessure à la main, Inseon demande à Gyeongha de se rendre sur son île natale, l'île de Jeju, pour nourrir son perroquet auquel elle tient beaucoup.

Aussi folle que paraît cette requête, Gyeongha part. C'est alors qu'elle essuie une énorme tempête de neige. Et si le cauchemar refaisait surface ?

Sur l'île de Jeju, Gyeongha déterre d'autres fantômes, ceux de la mère d'Inseon. Elle lève le voile sur des morts qu'on a trop longtemps occultés : les massacres de civils après le soulèvement du 3 avril 1948. Des dizaines de milliers d'hommes, de femmes, d'enfants massacrés par l'armée sud-coréenne sur plusieurs mois, plusieurs années même. La chape de plomb sur leur sort. L'impossibilité du deuil pour les survivants.

Lire « Impossibles adieux » est loin d'être simple : la narration est assez complexe avec différentes temporalités. Nous nous demandons sans cesse, surtout à partir de la seconde partie du roman, si nous sommes dans la réalité ou le rêve. le flou est maintenu volontairement. Beaucoup de choses restent en suspens. Il faut vraiment se laisser porter par l'histoire, se laisser porter par ce froid intense et les errances, se laisser porter par l'écriture splendide de l'autrice.

Dire, écrire. Se faire violence. Avoir mal comme une aiguille que l'on plante dans les chairs d'un doigt amputé pour que le sang circule encore. Pour que la vie circule encore, même avec ce qui a disparu.

C'est durant cette nuit intense de neige épaisse que jaillit la flamme, que palpite le coeur, que la mémoire lutte contre l'oubli.
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Gyeongha fait toujours le même cauchemar: la mer monte, des ossements sont emportés et elle ne parvient pas à sauver les morts enterrés.

Un jour elle reçoit un message de son amie Inseon, blessée, qui lui demande d'aller s'occuper de son oiseau resté seul. Gyeongha accepte et s'envole pour l'île de Jeju alors que l'île est en proie à une terrible tempête de neige.

Au cours de cette nuit hors du temps, le cauchemar de Gyeongha et la tragédie d'Inseon vont se télescoper.

Avec une écriture poétique, voir onirique , Han Kang fait le récit d'un des épisodes les plus sombres et controversés de l'histoire de la Corée du Sud: Les massacres, dans les années 1950, de milliers de civils au nom de la lutte contre le communisme.

Plus de cinquante ans après les faits, telle la bougie utilisée par Inseon pour témoigner des horreurs, la mémoire collective vacille, pour bientôt s'éteindre et plonger cette tragédie dans un oubli définitif.

Grace à son roman, grace à la force de son écriture, Han Kang maintient la flamme en vie pour permettre un impossible adieu aux dizaines de milliers de victimes.

Elle parvient avant tout à faire d'un drame intime, une douleur universelle.

Ce roman est sans conteste mon coup de coeur 2023. Je suis impatiente de poursuivre la découverte de cette autrice en 2024.
Lien : https://alombredeslivresblog..
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Le lecteur plonge en pleine tempête de neige dans un monde ouaté, un monde froid et obscur où règne une douceur, celle de la neige ,celle des souvenirs. Chaque page nous permet de contempler le monde dans lequel évolue l'héroïne Gyeongha. Typique de la littérature asiatique, cette immersion totale dans la nature, la pensée en adéquation avec les éléments naturels : le vent, la neige jouent sur le rythme et l'avancée de Gyeongha dans son voyage sur l'Île de Jeju où habite son amie Inseon.

  Ce roman construit en triptyque progresse du réel à l'onirisme et au fantastique. Dès le début l'ambiance est floue, le voyage devient mystérieux et fantastique et la rencontre finale entre les deux amies livre des révélations dramatiques. C'est tout un pan de l'histoire de la lutte contre le rouge, les exactions et les massacres contre les communistes supposés en 1948/1949.  Comme si le climat et le lieu étaient porteurs des cicatrices des générations précédentes. La douceur et l'horreur se croisent, s'alternent, se succèdent. le rêve et la réalité, le présent et le passé...Le rêve se révèle cauchemar; le passé réel, historique réapparait...

  L'auteur a su créer un monde particulier, onirique, un drame de l'histoire reconstitué par la mémoire, un hommage aux victimes de cette folie politique. le tout est d'une puissance poétique. 
 #Impossiblesadieux #NetGalleyFrance !
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