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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Tigane, que le souvenir que j'ai de toi soit comme une épée dans mon âme".
Une histoire riche et bien écrite, une belle allégorie certainement, le thème évoqué est l'exil et la quête d'identité mais aussi le combat pour le souvenir et la liberté d'exister face à la tyrannie.
Comment lutter contre un roi sorcier qui par vengeance va éradiquer toute une génération et la totalité d'une culture ?
Et qui pour parachever le tout lancera un sortilège visant à oblitérer jusqu'au nom de ce royaume de la conscience de la nouvelle génération et des autres peuples ? Condamnant ainsi celui-ci à l'oubli et au néant.
Un livre un peu à part dans le genre fantasy, car le ton sera assez souvent introspectif et mélancolique, et s'il y aura bien sûr un peu d'action, on sera assez loin des standards du genre en terme de combats épiques, la stratégie et la politique étant omniprésentes.
Alessan, Devin et Dianora ou encore Brandin, les personnages de ce roman ont beaucoup d'épaisseur, quant à l'intrigue, elle n'a aucun mal à nous intéresser, le thème étant somme toute assez universel, le scénario est suffisamment subtil pour nous emmener au bout d'une histoire bien maîtrisée.
Un style précis qui prend des allures de fresque par sa lente progression et la complexité de sa trame, un rythme qui alterne entre action et contemplation, ce qui m'aura parfois frustré et m'empêchera de mettre cinq étoiles malgré une fin franchement réussie.
Une histoire qui offre aussi de bonnes questions et de bons moments de réflexions, Guy Gavriel Kay est un excellent conteur.
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Sacrée brique qui n'est pas sans laisser une multitude d'émotions, notamment le soulagement et la frustration (si, si c'est possible).

La péninsule de la Palme est divisée depuis une vingtaine d'années entre deux tyrans sorciers. L'un des tyrans, Brandin d'Ygrath, a commis l'irréparable : alors qu'il envahissait la province de Tigane, Valentin, le prince de cette province, a tué son fils chéri. Pour se venger, il a jeté un sort bien cruel : rayer Tigane des mémoires. Oeuvres d'art, lignée princière et ce, jusqu'au nom même. Alessan, le fils de Valentin, est bien décidé à lever ce sort et à obtenir vengeance.

Un synopsis original et intéressant qui s'accompagne d'une multitude de personnages. L'auteur sait s'y prendre pour jouer sur la profondeur des émotions humaines et n'hésitent à poser des situations inextricables, des choix impossibles qui nous font nous attacher encore plus vivement aux personnages. Mes préférés sont de loin Dianora avec toute la complexité de sa situation et Alessan, bien que je sois un peu frustrée, ce dernier étant rarement le coeur de la narration. On le perçoit surtout par le biais des autres.

L'auteur nous offre un univers riche qui m'ébahit complètement. Devant une telle complexité, on est, au début, il faut bien l'avouer, un peu perdu. Trop de personnages, de lieux, d'histoires, de rites, etc. On finit cependant par s'immerger et suivre avec un grand intérêt.
Il y a quelques longueurs cependant et certains passages m'ont un peu gênée. . La fin nous donne une multitude d'émotions. Surprise tout d'abord. Soulagement ensuite. On sait que tous ne peuvent gagner, l'issue ne peut se faire sans pots cassés. Mais surtout, grande frustration pour les personnages qui n'ont pas toute la vérité!

Un roman qui ne m'aura donc pas laissée insensible : ce ne sera pas la dernière fois que je lirai Guy Gavriel Kay

Challenge Pavés 2021
Challenge Trivial Reading X
Challenge Multi-défis 2021
Challenge Mauvais Genres 2021
Challenge Duo d'auteurs
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Tigane est le quatrième roman que je lis de Guy Gavriel Kay, et c'est encore une fois une magnifique lecture pour moi.

Tigane est paru pour la première fois au Canada en 1990. L'édition numérique que j'ai lu est celle de L'Atalante. Elle date de 2018 et est traduite par Corinne Faure-Geors. Je dois avouer que j'ai longuement hésité avec la version papier qui propose une très belle couverture.

Ce beau pavé de 765 pages est découpé cinq parties. Chacune d'elle est illustrée d'une carte qui me fut très appréciable pour accompagner le récit et me repérer lors du périple des personnages.

Guy Gavriel Kay est une valeur sûre pour moi quand je veux lire un bon roman de fantasy. Je sais que je vais croiser de magnifiques personnages dans un cadre bien construit et richement détaillé. Son roman Tigane ne fait pas exception à la règle.

L'auteur nous emmène à la Palme, une péninsule qui fleure bon l'ambiance méridionale, avec des tonalités qui nous évoquent l'Italie. Oui mais…

Ce territoire se découpe en neuf provinces qui pendant longtemps se sont affrontées jusqu'à ce que deux sorciers, de contrées plus lointaines, les envahissent et les dominent avec leurs armées. Après de nombreuses batailles, Brandin d'Ygrath et Albérico de Barbadior se partagent finalement la péninsule.

L'une des provinces, la Tigane, paye très cher cette défaite. Responsable de la mort du fils adoré de Brandin, elle se retrouve littéralement rasée de la carte : tous les bâtiments sont détruits et les populations massacrées. Mais cela ne suffit pas pour assouvir la vengeance du sorcier d'Ygrath qui décide par un sort d'aller jusqu'à effacer son nom :

« Il l'ôta de la mémoire de tous les vivants nés ailleurs que dans la province. (…) C'était comme si nous n'avions jamais existé. Nos réalisations, notre histoire, notre nom lui-même s'envolait d'un coup de baguette magique. »

Mais vingt ans plus tard, quelques rebelles s'organisent pour tenter de retrouver leur liberté et leur identité perdue…

Magnifique roman sur l'importance de l'identité culturelle et historique qui caractérise un peuple, sur la solidarité aussi. le récit montre à quel point le manque d'unité entre les différentes provinces, poussés par l'orgueil, a contribué au péril de chacune.

Les personnages sont hauts en couleur, travaillés à merveille comme monsieur Kay sait le faire. J'ai adoré suivre Alessan, Baerd, Devin, Catriana ou encore Sandre. Mais je dois avouer que c'est Dianora que j'ai préféré, personnage magnifique et tragique, qui doit choisir entre son amour pour un homme et sa patrie.

Même si ce roman n'est pas un coup de coeur comme pour La Chanson d'Arbonne ou le Lion d'Al-Rassan - j'ai en effet trouvé long avant que les évènements ne se précipitent enfin, je me suis trouvée un peu trop dans cette attente, d'où l'étoile en moins - cela demeure cependant une magnifique lecture que je recommande sans hésitation.

Lu en lecture commune, grand merci pour les échanges aux amis qui ont participé, c'est toujours un plaisir ! ;)

Challenge Duo d'auteurs SFFF : Isaac Asimov - Guy Gavriel Kay
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Bien décidé à poursuivre la réédition des romans de Guy Gavriel Kay en France, L'Atalante propose cette fois Tigane, deuxième oeuvre de l'écrivain canadien après sa trilogie La Tapisserie de Fionavar.
Gros pavé, Tigane marque un tournant dans la carrière de Kay. En effet, cet opus voit l'auteur prend ses distances avec l' heroic fantasy pure et dure à la Tolkien pour tracer sa propre voie. L'action de Tigane se situe dans un monde qui rappelle furieusement l'Italie de la Renaissance et ses nombreuses Cités-États. Dans la Palme, une péninsule prise entre les mâchoires de deux empires, Barbadior et Ygrath, le jeune Devin va découvrir qu'il n'est pas celui qu'il pense. Sous la férule d'Alessan et de Baerd, il apprend le triste sort de son pays natal, Tigane, qui a eu le malheur de se dresser entre Brandin d'Ygrath et sa conquête de la Péninsule. Maudite et réduite au silence, le fier pays du prince Valentin disparaît petit à petit de la mémoire du monde, condamné par l'anathème jeté par Brandin lui-même bien des années plus tôt. Devin va alors décider de se battre pour libérer la Palme du joug des envahisseurs étrangers mais également pour que le nom de Tigane puisse de nouveau être entendu par tous.

Difficile de résumer ce pavé où de nombreuses qualités narratives de Guy Gavriel Kay affleurent déjà : son envie de mêler l'Histoire avec une époque fantasmée de son cru, son amour évident de la poésie et de la chanson mais aussi, et surtout, son incroyable don pour façonner des personnages éminemment humains et attachants. Tigane rassemble tout cela et bien plus encore. Devin, Alessan, Catriana, Brandin… absolument tous les acteurs de cette vaste fresque de fantasy se révèlent marquants d'une façon ou d'une autre. L'univers créé, si détaillé et vivant soit-il, vaut aussi et avant tout par les magnifiques figures humaines qui l'habitent. Guy Gavriel Kay délaisse déjà les grosses ficelles de l' heroic fantasy pour quelque chose de plus subtil, de plus délicat.

Le problème, c'est que Tigane représente le premier véritable essai de l'auteur en la matière. Défaut récurrent chez Kay mais souvent gênant ici : la longueur. Ce roman est trop long ; le Canadien tire à la ligne et répète à l'envie des choses que l'on sait déjà trop bien. de même, il s'embarque dans un versant encore purement fantasy avec l'intrigue des Marcheurs de la nuit qui apparait immédiatement comme convenue et rébarbative. Il semble bien que Kay ne soit pas à l'aise lorsqu'il s'agit de jongler avec des concepts de fantasy purs et durs. de même, il n'a pas acquis encore l'habilité qu'il aura par la suite sur le plan de la structure narrative. Tigane montre à plusieurs reprises de grosses ficelles un tantinet déroutantes quand on sort de ses oeuvres plus récentes. Mis bout à bout, ces embarrassants défauts permettraient certainement de délester l'ouvrage de cent à cent cinquante pages.

Heureusement, Kay s'avère déjà un maître en matière d'émotions et arrivent à susciter l'empathie du lecteur relativement vite. D'autant plus qu'il parle de thèmes universels avec une justesse qu'on ne peut lui retirer. Au fond, derrière sa fin épique et ses complots, Tigane parle du droit des peuples à s'autodéterminer. Plus encore, Kay se penche sur l'identité et sur l'appartenance à une contrée. En passant en revue le mauvais et bon dans cette vengeance aux doux relents nationalistes, Kay fait la part des choses et laisse le lecteur réfléchir sur le sens du mot vengeance. le sort de Brandin, roi à la fois ignoble et touchant, s'oppose à celui d'Alessan, obligé de commettre bien des forfaits pour arriver à trouver sa justice. Tigane se penche sur le poids de l'Histoire et celui de la mémoire.
Comment vivre avec son passé ? Comment vivre l'exil et le retour au pays ?
Tigane foisonne de bonnes idées qui permettent tout de même de le hisser bien plus haut que le tout-venant fantasy.

Le roman annonce d'ailleurs les futures splendeurs que seront Les Lions d'Al-Rassan ou le Fleuve Céleste mais n'en a pas encore l'envergure ni la maîtrise. Ceux qui aiment Kay apprécieront grandement Tigane, les autres seraient plus avisés de commencer par un autre bout de son oeuvre avant de revenir à celle-ci.
Lien : https://justaword.fr/tigane-..
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J'en ai fini avec le pavé qu'est Tigane ! L'impression générale qui s'en dégage est que j'ai eu du mal à m'intéresser à l'intrigue proposée, qui à mes yeux aurait gagné à avoir une trame plus resserrée.

Ce qui m'a plu : le style riche, agréable à la lecture (sauf les deux premiers chapitres je trouve), la description des personnages, très réussie, l'inventivité de Kay. La traduction passe bien, avec une bonne dose d'imparfaits du subjectif, dont on n'a plus trop l'habitude avec les trads actuelles.

Dès le début on a une opposition entre les bons et les méchants, mais

Par rapport à ce que j'ai déjà lu de Kay, il y a moins d'éléments de fantasy que dans La Tapisserie de Fionavar (cependant j'ai particulièrement apprécié ), mais beaucoup plus que dans Les Lions d'Al-Rassan, ce qui n'est pas un exploit.

Au final un livre un peu transition dans la carrière de Kay, avec de la fantasy magique encore présente, mais le côté historique commence à prendre le dessus (oui, "mais", car vous l'aurez compris, la fantasy historique c'est pas mon truc !).
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Guy Gavriel Kay est un auteur de Fantasy dont j'entends parler depuis longtemps, mais je n'avais jamais osé m'y frotter de peur de tomber sur des textes trop complexes. Il faut dire d'abord qu'il est réputé pour sa Fantasy historique, ensuite que ses livres sont de vrais pavés ! Il semble tout de même que j'ai lu La Tapisserie de Fionavar au début des années 2000, mais j'avoue n'en avoir pas le moindre souvenir…

J'ai donc choisi pour recommencer : Tigane, son titre qui se passe dans un monde inspiré de l'Italie de la Renaissance et qui est réputé pour être son titre qui a le plus de magie parmi ceux parus chez l'Atalante, parce que je dois dire que je voulais le lire chez cet éditeur tant leurs éditions de belle facture m'attirent. de ce côté, aucune déception, la parution est de qualité avec un papier épais, une couverture mystérieuse qui colle bien au titre et une reliure solide et souple à la fois vu le nombre de pages et le format. La traduction est fluide et il y a reproduit les cartes nécessaires à la compréhension de l'histoire. Vraiment j'aime beaucoup leur travail.

Pour ce qui est de l'histoire maintenant, comme je le désirais j'ai beaucoup aimé. J'avais peur d'une certaine complexité qui m'aurait gênée, ce n'est pas du tout le cas. Grâce à la plume simple et dynamique de l'auteur – sans que ça lui enlève la poésie dont il sait faire preuve – la lecture est aisée. Les pages se tournent rapidement. le rythme est rapide. L'auteur a un talent inné pour donner très envie de lire la suite sans pour autant faire appel à cet effet de manche qu'est le cliffhanger. Il sait faire rebondir son histoire dans des directions inattendues et surtout il a su créer un univers cohérent, riche et très réaliste malgré la présence de la magie.

En effet, Guy Gavriel Kay est un conteur né. Il a un talent rare pour développer des personnages terriblement simples et attachants dans un univers fort complexe lui. Nous suivons donc trois groupes de personnages dans une sorte d'Italie de la Renaissance morcelée en plusieurs royaumes dont une grande partie a été conquise par 2 grands et terribles mages, qui sont en fait des tyrans.

Le premier groupe est constitué de l'héritier d'un royaume que l'un des mages a effacé de l'Histoire d'une façon fort originale que je vous laisse découvrir et qui est essentiel dans la compréhension de l'âme de cette histoire. Autour de lui, gravitent des personnages classiques de tout titre de Fantasy : l'ami et « serviteur » guerrier de toujours au passé torturé, la belle jeune femme courageuse à la langue acérée éprise de liberté, ou encore le jeune garçon innocent, chanteur à la voix sublime, qui découvre tout avec nous lecteur. C'est un groupe sympathique à suivre, surtout avec les mystères entourant les aînés, mais je le trouve un peu trop classique.

Je suis plus intéressée par ce qui se passent dans les autres parties de la péninsule, notamment du côté du premier tyran : Brandin. Ce dernier est un peu à l'origine de tout. Il a pris une très mauvaise décision sous le coup de la pire douleur qu'un père puisse éprouver et comme c'était un puissant magicien, tout le monde va en payer les conséquences. Son histoire est tragique, tout comme celle de Dianora qu'il s'est attaché, probablement le plus beau personnage du roman, dont je vous laisserai découvrir la tragique et poétique histoire qui n'a rien à envier à du Shakespeare. Quant au second tyran, Alberico, il est d'abord un peu en retrait et c'est justement pour ça qu'il m'a intriguée parce que je ne savais pas à quoi m'attendre avec lui.

Tout ce petit monde déroule une histoire assez simple au final, celle du désir d'un prince déchu de retrouver son royaume mais aussi de punir les responsables de son malheur et ainsi de libérer les peuples de la tyrannie. Les tyrans auraient très bien pu ne pas être des mages, ça ne m'aurait pas gênée, la magie est secondaire ici, c'est juste une justification facile à leur puissance et main mise. En lisant cette histoire, je n'ai pu m'empêcher d'y trouver l'écho de la lente constitution de l'Italie qu'on connait à présent avec l'unification des différents royaumes. On devine donc dans les grandes lignes ce qu'il va se passer mais c'est plus les chemins empruntés pour ce voyage qui comptent et là, l'aventure est au rendez-vous. Entre batailles, épisodes mystiques, découvertes intérieures, révélations personnelles et passé étouffant qui nous rattrape, on ne s'ennuie pas un instant. L'écrivain passe en plus d'un lieu et d'un point de vue à l'autre avec beaucoup d'aisance, ce qui dynamise encore notre lecture de ce titre.

Porté par une sensibilité douce-amère, ce roman est donc dans la lignée des titres tragiques et classiques à la Hugo ou à la Dumas. C'est pour lui le moyen de porter des thèmes emblématiques : la perte de liberté, l'occupation et donc la quête de liberté et le patriotisme. On sent d'emblée que le dénouement ne sera pas un happy-end mais qu'importe, l'auteur nous emporte tellement bien dans les déchirements des aspirations de ses personnages. Ici, c'est l'émotion qui prime avec l'attachement non seulement aux personnages mais aussi à leur cause.

Je ne regrette absolument pas d'avoir voulu lire ce titre pour découvrir Guy Gavriel Kay. Je pense même me pencher plus sérieusement sur cet auteur même s'il faut reconnaitre qu'il faut du temps pour digérer tout ce qu'il a à raconter et que ces autres titres qui m'intéressent se passent dans des univers moins proches et connus de moi : l'Empire Byzantin et la Chine, mais je suis prête à me lancer dans cette découverte.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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La péninsule de la Palme est doublement occupée : l'Est par le Barbadior, l'Ouest par l'Ygrath. le point commun entre les deux ? Chacune de ces deux puissances est dirigée par un sorcier qui tient la Palme d'une main de fer. Celle-ci trouvera son salut par l'intermédiaire des survivants de la Tigane, province détruite et effacée de toutes les mémoires par Brandin d'Ygrath…
Quelques années après sa terne Tapisserie, Guy Gavriel Kay s'inspire de l'Italie de la Renaissance pour nous raconter une histoire épique dont chacun sait aujourd'hui qu'il en détient le secret de la qualité. Tigane, première incursion dans ce genre dont il s'est fait la spécialité, est sa première réussite.
Les lecteurs de la chanson d'Arbonne et des Lions d'Al-Rassan en connaissent déjà les ingrédients : des personnages riches, qu'ils soient centraux ou secondaires, une écriture posée, souvent poétique, et un ton où la mélancolie ambiante rend tout l'univers de Kay profondément humain. Ceci est encore accentué par la thématique centrale du roman, le patriotisme et l'occupation, qui permet de penser que cet univers pourrait être transposé à d'autres, bien plus réels ceux-là.
Certes, on peut reprocher à Guy Gavriel Kay quelques longueurs. Toutefois je ne peux m'empêcher de penser qu'elles participent à la beauté du texte, et qu'elles nous rapprochent encore un peu plus de tous ces personnages hauts en couleur.
A noter enfin que la présence de la magie dans le roman donne à celui-ci un petit côté "Fantasy" dont les amateurs du genre peuvent se sentir privés à la lecture de la chanson d'Arbonne et des Lions d'Al-Rassan. J'imagine que La Tapisserie de Fionavar n'était pas suffisamment éloignée de l'imaginaire de l'auteur, mais il faut également reconnaître que cet artefact est utilisé avec parcimonie et de manière on ne peut plus intelligente.
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Alors que le roi sorcier Brandin d'Ygrath entreprend la conquête de la péninsule de la Palme, son fils Stevan est tué lors de l'invasion de Tigane, l'une des plus importantes provinces de la région. Fou de douleur, Brandin jette un sort terrible. Désormais, seuls les habitants de Tigane seront capables de prononcer et d'entendre le nom de leur province. le but de Brandin : anéantir pour de bon le pays qui a tué son fils.
C'est dans ce contexte que nous suivons les aventures de deux tiganais. Alessan, le dernier prince de Tigane et Dianora la fille d'un célèbre sculpteur et ami du prince Valentin, père d'Alessan.
C'est donc en quelque sorte deux livres en un que nous sommes invités à lire. le premier décrivant les aventures d'Alessan, devenu chef d'une petite troupe rebelle et qui n'a qu'un but, débarrasser la Palme des deux tyrans qui se la partagent : Brandin d'Ygrath, bien sûr et Alberico de Barbadior. le second s'attachant à ce qui arrive à Dianora qui est devenue, de son plein gré, l'une des femmes du saishan de Brandin, autrement dit, son harem. Et de façon plus imprévue, l'une des favorites. Elle n'a, elle aussi, qu'une idée en tête : tuer Brandin et venger ainsi Tigane, quitte à donner ainsi à Alberico toute latitude pour occuper seul l'ensemble de la péninsule.
Deux livres, deux tons. le premier, celui concernant Alessan, contient tous les ingrédients du bon livre d'aventures de capes et d'épées. Un Alexandre Dumas ne l'aurait certainement pas renié. Alessan a tout d'un D Artagnan, d'un Fracasse, d'un Lagardère avec sa compagnie d'amis fidèles et prêts à donner leurs vies pour lui.
Le second, qui concerne Dianora, est beaucoup plus intime. L'essentiel de l'histoire se déroule dans salles, les jardins et les couloirs du palais où s'est établi Brandin, sur l'île de Chiara, au nord de la péninsule.
Des deux parties, celle qui souffre davantage de défauts, s'il faut à tout prix trouver des défauts au livre, est sans contexte celle traitant d'Alessan. le personnage et ses compagnons sont décidément trop beaux, trop forts, trop malins. Je reconnais que j'ai pu trouver l'un ou l'autre un peu agaçant à de nombreuses reprises. Mais comme je l'ai dit, l'héritage d'auteurs comme Alexandre Dumas est flagrant. Et Kay souscrit parfaitement aux règles du genre. Et il l'assume. Cela ce sent dans les attitudes et les répliques qu'il prête à ses personnages. La partie qui parle de Dianora est en contre-partie beaucoup plus mesurée, plus grave. Quoi qu'il en soit, l'ensemble est servi par une écriture d'une fluidité sans comparaison. Même si je n'ai lu que des traductions, j'ai toujours été frappé par le style de Kay. Ces livres se lisent avec une facilité déconcertante.
Malgré les outrances dont j'ai fait mention, ou peut-être à cause d'elles, Tigane n'en est pas moins un fabuleux roman d'aventures et d'amour que je ne saurais trop conseiller à tous les publics.

Oh, Tigana, let my memory of you be like a blade in my soul.
Ô Tigane, que le souvenir que je garde de toi soit comme une épée dans mon âme.
Lien : http://aruthablog.blogspot.fr/
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Petite déception pour ce gros pavé pour lequel les attentes étaient élevées après mon immense coup de coeur pour Les lion d'al Rassan du même auteur. On partait pourtant sur un postulat de départ alléchant ; la planification et la mise en oeuvre de la vengeance des habitants de la province Tigane. Celle-ci a été annihilée de la carte et des mémoires par la douleur et la colère du conquérant Brandin d'Ygrath dont le prince de Tigane a tué le fils chéri. Ces habitants paient le prix de sa mort par l'éradication de leurs histoires, leurs architectures, leurs cultures et leurs noms. Pendant 20 ans, les descendants de ceux qui ont provoqué le courroux du tyran préparent une vengeance qui arrive à son terme : j'étais emballée.
Dans Tigane, on retrouve la plume de conteur de l'auteur passé maître dans l'art d'amener des retournements de situations : les premiers chapitres autour de la mort du duc sont très enthousiasmants. Mais ensuite, le récit est pris dans de grandes longueurs. On aura pu se passer d'au moins 200 pages qui font patiner l'histoire, parfois sans aucun intérêt pour le déroulement de l'intrigue (toute la partie avec les Marcheurs de Nuit...) Pour les personnages là encore, Kay arrive à camper des individus contrastés, pour lesquels on a de l'affection et dont les intérêts nous tiennent à coeur. Les meilleurs étant sans le moindre doute Bradin d'Ygrath et la fascinante Dianora dans le seishan. Hélas, les chapitres avec ces personnalités complexes sont minoritaires par rapport à ceux du prince Alessan qui cherche à se venger. C'est assez dommage car les chapitres avec les descendants de Tigane sont moins emballants, plus classiques, et un peu ennuyants. Les personnages m'ont semblé plus lisse et même s'il s'agissait des héros j'ai été moins touché par eux. Quant au développement final, c'est assez décevant après tant de chapitres à nous monter en épingle le dénouement.... L'histoire d'amour de Dianora m'a touché, son déchirement aussi mais la résolution de l'intrigue principale m'a laissé très insatisfaite : tout ça pour ça ? certaines choses son assez incohérente aussi, une planification de 20 ans qui repose sur le hasard de rencontrer le bon personnage au bon moment ? Enfin le ton de l'épilogue m'a semblé un peu trop léger//. Bref, sympathique lecture mais assez frustrante pour ma part.
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Comment annihiler totalement une civilisation, une population ? Raser, massacrer, piller sont efficaces. Mais la culture, la littérature, la musique ? Changer les toponymes, interdire la diffusion des oeuvres, ça peut fonctionner.
Mais il restera toujours la mémoire... Alors le vainqueur de la belle et orgueilleuse Tigane, province de haute culture, a trouvé le moyen : rendre ce nom inaudible aux autres peuples de la Péninsule, jusqu'à l'extinction du dernier habitant de la province maudite.
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