Rentrée littéraire / Dans la catégorie Se lit d'une traite mais….
Voilà, on va vous raconter la vie de
Liv Maria Christensen, une femme libre, nomade, complexe. Expatriée brutalement à ses 17 ans à Berlin, elle y fera la connaissance de l'amour impossible, qui disparaîtra brutalement, comme ses parents, comme elle… C'est le livre des disparitions brutales. Je cherche encore un fil rouge à ma chronique et donc à ce roman.
Je demeure partagée. L'objet livre est une petite bombe, condensé fictionnel d'ingrédients efficaces. Mais l'intrigue et le propos ne sont pas à la hauteur de la plume.
Julia Kerninon a de l'or entre les doigts, la narration est d'une fluidité incomparables, c'est moderne, c'est vif, c'est ambitieux sans être élitiste, c'est vraiment, incontestablement, une écrivaine à lire. Dans ce roman, j'ai trouvé un gros manque de cohérence. Il y a des mystères non élucidés, des sujets de société lancés sans être débattus. En refermant ce livre, au lieu de me poser les questions existentielles qu'aurait pu susciter ma lecture —Qu'est-ce qu'être une femme libre, La vraie liberté réside-t-elle toujours dans la fuite ?—je me posais des questions liées à mon incompréhension du texte —Mais bon sang, quel était le secret de la mère, pourquoi a-t-elle envoyé sa fille à Berlin, et pourquoi évoquer le viol, y'a-t-il un intérêt avec le reste du roman ? sans parler de la rencontre que fait l'héroïne en plein milieu du livre, absolument abracadabrantesque, comme aurait dit Chichi.
Ce texte ressemble à un teasing de film spectaculaire, feu d'artifice et musique à fond : Tintintin, Et voici Mesdames et Messieurs, l'incroyable
Liv Maria… que vous aurez oubliée dans trente minutes.
Mon exigence est sans doute à la hauteur du talent de l'auteure, elle est capable de portraits psychologiques d'une finesse infinie, alors je m'interroge sur le formatage, les coupes éventuelles. Que l'on se rassure, le lectorat en sortira satisfait, il y a des rebondissements, des fulgurances et des envolées sublimes, mais qu'est-ce que ce livre aura apporté, non pas à la littérature —car qui peut prétendre y apporter quelque chose— mais à son auteure ?