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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire ici même, je suis un inconditionnel de Philip Kerr.
La série des Bernie Gunther repose sur une idée que peu d'auteurs de polars ont exploré. Quel rôle a joué la police sous le régime nazi ? En dehors de son rôle de police politique. de police des consciences.
Dit d'une façon différente, le régime nazi est-il parvenu à éradiquer la délinquance, lui qui a érigé en règle de conduite ce que l'on peut considérer comme une délinquance institutionnelle.
Terrain glissant s'il en est. le personnage ambiguë de Bernie Gunther y est lui parfaitement à son aise.
Il a compris que les thuriféraires du régime n'en sont pas forcément les pratiquants les plus respectueux de ses règles et de ses dogmes.
« Insinuations. Rumeurs. Ragots. Chantage. C'est une seconde nature chez des individus comme Müller et Kaltennbrunner. » (…) Il est dans leur intérêt de collecter les commérages sur tout un chacun afin de s'en servir ensuite pour consolider leur position auprès de Hitler. »
Ainsi, Goebbels (craint-il de voir dévoiler sa relation avec une actrice, Delia Dresner, dont les origines sont douteuses, cela signifie, vraisemblablement juives, et s'en remet à Bernie Gunther, car il sait qu'il ne craint rien de lui, pour élucider la situation dans laquelle elle se trouve empêtrée du fait des agissements de son père, un colonel croate.
Le voyage de Bernie en Croatie est très loin d'une promenade de santé et comme le prévient Schellenberg, responsable pour le Reich de la situation en Yougoslavie : « (…) si vous allez en Croatie, tâchez de vous tenir à l'écart des oustachis. Une bande de fumiers. Cruels. »
La Dame de Zagreb éclaire un nouveau pan de l'histoire de la seconde guerre mondiale, celui des relations entre le régime nazi et les pays des Balkans.
« Il y a beaucoup de musulmans en Yougosalvie. Himmler a fait Hadj Amin général de la SS pour lui permettre de constituer une division de la Waffen-SS islamo-bosniaque. Et Goebbels l'a autorisé à faire plusieurs émissions de radio à destination des pays arabes afin d'appeler les musulmans à tuer les Juifs. »
Des relations qui sont les fondements de la guerre des Balkans que nous avons connue dans les années 1990.

Autre qualité des romans de Philip Kerr, l'humour, le cynisme et la résignation, désespérés et parfois désespérants, de Bernie Gunther :

« Etre flic en 1942, c'était un peu comme installer des souricières dans une cage remplie de tigres. »
« Tant que le noir orgue de Barbarie de la mort la jouerait, il me faudrait apparemment danser au rythme de la lugubre et angoissante rengaine tournant inexorablement sur le cylindre, pareil à un singe en livrée, un rictus terrifiant sur le visage et une tasse en fer-blanc à la main. »
« - Je dois témoigner dans un procès.
Oh !
Un SS accusé de lâcheté.
ça ne devrait pas être long. »
«  La veste de son costume gris faisait davantage penser à un rideau devant une scène de crime qu'à quoi que ce soit confectionné par un tailleur. Il était corpulent et manifestement sous pression, mais pas autant que la chaise en acajou derrière la table qui craqua de façon inquiétante lorsqu'il s'assit. »
« J'étais déjà allé dans le bureau de Jo, (Goebbels) mais j'avais oublié à quel point il était grand. Henry Morton Stanley aurait réfléchi à deux fois avant de monter une expédition pour essayer de trouver les toilettes.  (…) il aurait été facile de rater complètement le tout petit ministre, qui occupait un minuscule coin d'un canapé de dimension planétaire. »

Osons un parallèle audacieux. Dans la façon dont Philip Kerr fait vivre son héros dans l'Allemagne nazie, on trouve des traits de caractères de Erich dans Les Camarades de Erich Maria Remarque, et d'Abel Rosenberg le personnage principal du film de Ingmar Bergman L'oeuf du serpent.

A lire.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Le personnage de Bernie Gunther continue de me séduire. Antinazi convaincu, il réussit à louvoyer entre les hauts responsables du parti, la gestapo, ses anciens collègues sans complètement renier ses croyances tout en devant quand même accepter des compromissions inévitables. Son sens de l'humour caustique, sa perspicacité à bien lire les intentions de ses employeurs autant que des suspects, son front de boeuf légendaire ainsi que son sens aigu de l'autodérision en font un flic à la dégaine inimitable. le contexte historique dans lequel il évolue est riche d'enseignements: ici le rôle stratégique de la Suisse pendant la guerre m'était complètement inconnu. le génie de Kerr est d'avoir su inventer un héros aussi suave que retors, l'avoir placé dans un moment charnière de l'Histoire, le faire oeuvrer sur des intrigues réalistes dans un contexte historique bien documenté. Les dialogues sont particulièrement soignés, reflétant parfaitement l'audace mesurée et l'arrogance assumée de Bernie. Ses piques font sourire, allègent le contexte oppressant. J'achève cette série, malheureusement.
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La dame de Zagreb, c'est l'actrice Dalia Dresner. Pour lui rendre service, Goebbels envoie Bernie Gunther en Croatie, où il va rencontrer les terribles oustachis et se trouver mêlé à plusieurs histoires très compliquées qui vont finir par se rejoindre.
Comme toujours chez Philip Kerr, l'intrigue ressemble à du billard à six bandes, mais elle est extrêmement bien construite, et particulièrement réussie je trouve.
Le contexte historique est également finement décrit et analysé, que ce soit au niveau de l'Allemagne nazie, mais aussi (plus original) au niveau de la Croatie.
Cela peut paraître bizarre de dire que j'ai pris un grand plaisir à retrouver Bernie Gunther vu l'époque à laquelle se déroule le livre et les personnages qu'il cotoie, mais pourtant c'est tout à fait ce que j'ai ressenti, j'ai eu l'impression de retrouver un vieil ami. Je l'ai trouvé plus caustique, plus ironique que jamais, avec toujours du recul et un regard acéré sur les situations, mais je l'ai aussi trouvé plus tendre et j'ai globalement beaucoup aimé ce roman.


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Les lecteurs, dont je suis, qui ont savouré les aventures de Bernie Gunther dans la sombre Allemagne des années 30 et 40, dans la « trilogie berlinoise » ou « l'hôtel adlon » retrouveront dans cette « Dame de Zagreb » tous les ingrédients qui ont assuré la recette.

Bernie Gunther, ce policier qui essaie de survivre au coeur du léviathan nazi, dans ces services qui vomissent et gérent la terreur, en relation avec ces hommes tristement célèbres qui ont signé de leur sceau sanglant leur rôle dans le grand livre de l'histoire.
Pour Gunther il faut survivre physiquement mais surtout survivre spirituellement, en résistant pour ne pas commettre l'irréparable où la pente de ses missions peut naturellement l'entrainer.
Mais heureusement, miraculeusement il y a du Cyrano dans ce Gunther, du panache et du romantisme désespérés.
Un zest aussi de Nestor Burma avec cet humour décalé.

Dans cet opus, le héros, à la demande de Goebbels, doit se rapprocher de la divine actrice Dalia Dresner afin de travailler à la convaincre d'accepter un nouveau rôle dans un film à finalité de propagande. A cette fin, il doit partir à la recherche du père de l'actrice en territoire croate en proie à toutes les horreurs de la guerre.

Un récit bien construit où les péripéties, rebondissements et relations humaines s'emboitent comme dans des poupées russes. Les bons sentiments et actes d'héroïsme qui ne cessent d'exposer les protagonistes aux périls les plus dangereux, ont raison des petites et grandes manipulations.

Un dernier mot pour mentionner que cet épisode n'est pas sans affinités avec la « Dame de Berlin » de Franck et Vautrin. le héros, Blèmia Borowicz, " Boro " pour les intimes, talentueux photographe qui ne cesse de s'agiter pour mettre en échec fascistes et nazis de tout poil est amoureux de sa cousine Maryika Vremler, actrice encensée du régime nazi, Boro et Günther ne sont pas sans points communs, chacun dans leurs spécialités et univers, presque des frères jumeaux.

Un très bon moment de lecture
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Dixième opus de la série et première critique pour moi ! Je les ai pratiquement tous lu et je ne sais même plus pourquoi je n'ai jamais écrit d'avis sur cette série que j'affectionne beaucoup.
C'est vrai que je n'écris pas la critique de toutes mes lectures alors que je m'étais justement inscrite sur Babelio pour avoir une trace de chacune étant donné qu'en bon poisson rouge que je suis j'oublie vite jusqu'au thème du livre, sans parler des personnages ! J'espère que je ne suis pas seule dans ce cas ???
Bref, tout ça pour dire que je voulais rendre justice à Philip Kerr, bien qu'il n'attende pas après moi (surtout là où il est) en faisant un peu de promotion pour son personnage emblématique de Bernie.

Bernhard Gunther de son vrai nom est un flic de la Kriminal Polizei de Berlin, contraint de démissionner après l'arrivée au pouvoir d'Hitler à cause de ses convictions sociales-démocrates puis réintégré de force dans les services de renseignements SS pendant la guerre, ce qui lui vaudra bien des déboires après 1945…
Les aventures de Bernie couvrent une période assez longue, depuis la République de Weimar jusqu'à la fin des années 50 et sont toutes parues dans le désordre, ce qui complique bien la vie des lecteurs comme moi qui lisent un tome de temps à autre ! Mais rien ne vous empêche de lire de manière chronologique bien entendu.

Dans ce tome-ci, l'histoire se passe au début de l'année 1943 après que l'armée allemande a perdu la bataille de Stalingrad et que ça commence à sentir le roussi pour les forces de l'Axe. Réintégré au sein du SD (Sicherheitsdienst, service de renseignement et de sécurité de la SS) Bernie est chargé par Goebbels, ministre de la propagande, de retrouver le père d'une célèbre actrice allemande d'origine croate, cette dernière laissant entendre qu'elle ne tournera pas de nouveau film dans les studios régentés par le ministère tant que sa demande concernant son père ne sera pas honorée.
Notre inspecteur préféré, répondant autant à l'ordre de Goebbels qu'au caprice de la belle actrice pour laquelle il se damnerait volontiers, s'envole rapidement pour la Yougoslavie en quête du père perdu.

Comme toujours dans les aventures de Bernie, l'histoire est prétexte à faire découvrir des pans plus ou moins méconnus de l'histoire du nazisme (selon votre degré d'expertise !) tout en mêlant fiction et réalité. Autant dire que je lis les romans de Kerr prête à dégainer mon téléphone pour lancer une recherche Wikipédia à tout moment !

J'ai bien aimé l'intrigue, qui va nous balader de l'ex-Yougoslavie à la Suisse et nous en apprendre un peu plus sur les Oustachis ou encore sur le syndicat suisse du bois et ses manigances pour que ne soit pas révélé le fait que la Suisse a fourni en partie le bois nécessaire à la construction des baraquements des camps de concentration ! On sent l'intense travail de recherche de l'auteur pour nourrir la base historique de son roman, c'est tout à fait appréciable.

J'ai aussi, comme toujours, adoré Bernie. Personnage au charme fou, avec un grand sens de l'autodérision, à la fois mystérieux et un peu ambigu. Même s'il a de fortes convictions antinazi son but reste de sauver sa peau coute que coute. On aimerait qu'il passe du côté de la résistance mais il ne franchit pas le pas, tout en évitant consciencieusement de se mettre dans des situations qui froisseraient un peu trop ses idées. Nous assistons donc à un superbe numéro de danse acrobatique dans les limbes de l'enfer.
Je pense que ce que j'ai le plus apprécié dans cette série est l'absence totale de manichéisme. Bernie est un spectateur cynique et malheureux de cette période plus que trouble de l'histoire contemporaine et Philip Kerr résiste à la tentation de l'auréoler d'actes de bravoure pour en faire un observateur désabusé du système. C'est presque un acte de torture que de faire s'extirper notre inspecteur des toutes les situations pour qu'il plonge encore plus dans l'horreur à sa prochaine mission mais c'est le prix de son témoignage sur l'époque… qui n'épargne personne.

En bref, entre le contexte historique bien rendu, les intrigues policières fouillées, le personnage principal plein de profondeur et un ton décapant je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans les aventures de cet inspecteur de la Kripo.
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Dixième tome, cette fois si le récit se partage entre Allemagne, Yougoslavie et Suisse.
Les évènements ayant eu lieu en Yougoslavie sont intéressants, moins connus, et l'on y retrouve tous les ingrédients d'une catastrophe à venir.
J'ai aussi beaucoup apprécié le volet suisse de l'histoire, la neutralité, la peur de l'invasion, et la forte concentration d'agents secrets, d'espions…
Un opus réussi, place à la suite avec Les pièges de l'exil
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Après Katyn, Bernie revient en Allemagne espérant, pour une fois, qu'on le laisserait tranquille. c'était sans compter sur la hiérarchie du IIIème Reich qui semble ressentir beaucoup d'intérêt pour notre anti-héros. En effet, quand vous n'envisagez aucune évolution, ni aucune carrière politique, Bernie Gunther semble être une bouffée d'air frais pour nos "tueurs".
C'est ainsi que Bernie se retrouve à cotoyer l'une des nombreuses maîtresses de notre ministre de la Propagande. Encore une fois, il se retrouvera empêtré dans une histoire incroyable qui l'emmènera à l'étranger et sera témoin de choses qu'il ne veut plus voir après Katyn.

Je suis tombée récemment sur une interview de Philipp Kerr aux termes de laquelle j'ai l'impression qu'un nouveau roman avec Bernie serait en préparation.

Affaire à suivre :-)
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Etant une fan de Bernie Gunther, j'ai apprécié comme toujours ce dernier opus.

Dans celui-ci, nous avons l'occasion d'en savoir un peu plus sur la vie privée de Bernie Günther, et notamment comment il a rencontré sa femme, et pourquoi il l'a épousée.

Dalia Dresner n'a pas existé, mais Philip Kerr s'est en partie inspiré pour ce personnage d'une actrice réelle, Hedy Lamarr, qui était également scientifique, a mis au point un système de codage des transmissions qui est encore utilisé de nos jours avec les téléphones portables!

Comme toujours le contexte historique est bien maîtrisé et plutôt original.
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Toujours un plaisir de retrouver Bernie. Et un plaisir que je savoure en sachant qu'il n'y aura pas de suite après le 14ème tome.

Bernie est toujours aussi caustique, irrévérencieux, ironique, farouchement antinazi bien que membre des SS… et cette fois il est amoureux de la même femme que Goebbels… Femme qu'il a rencontrée alors que Goebbels lui avait donné pour mission de la convaincre de jouer dans un film, ce qui va l'entrainer en Croatie , en Yougoslavie, dans des endroits reculés où la guerre fait rage … la guerre mais aussi les exterminations de masse et où la violence raciale est à son comble. Certes le centre de l'action va se dérouler en Allemagne – à Berlin et environs – mais notre ami Bernie n'en finit pas de voyager. Bienvenue en Suisse également, « pays neutre aux mains sales », où l'on croise des espions, où tout n'est pas lisse. Neutralité et coopération semble faire bon ménage…
Et comme toujours on y croise les acteurs de l'Histoire … Ici Allen Dulles par exemple (voir la série des livres de Mark Zellweger commentée sur le blog) et comme toujours la grande Histoire se mêle aux aventures de Bernie, pour mon plus grand bonheur.
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Ce roman nous ramène à la "période allemande" de Bernie Gunther. Il vient de revenir de Smolensk où il a mis à jour le massacre de Katyn.
En raison de son national-socialisme trop peu enthousiasme et de son passé de policier compétent, il est obligé d'accepter une mission particulière que lui confie le "Doktor" Joseph Goebbels : aider Dalia Dresner, une actrice dont il est amoureux, à retrouver son croate de père.

On retrouve tous les ingrédients traditionnels de cette série à savoir, le détective désabusé partagé entre comportement suicidaire et volonté de survivre à l'engeance nazie et les faits historiques plus ou moins arrangés, qui nourrissent le récit. Avec un humour constant pour supporter cette plongée au coeur des ténèbres.

Outre une trame cohérente et un style plus enlevé que parfois ("Les ombres de Katyn" ou "Un requiem allemand"), "La Dame de Zagreb" met en lumière deux épisodes mal connues de la WW2 : la préparation militaire de la Suisse craignant l'envahissement et surtout, l'effroyable régime Oustachi d'Ante Pavelic et son cortège d'atrocités (démontrant si besoin était, que les allemands n'avaient pas le monopole de la barbarie et que l'intégrisme religieux n'a rien à envier au nationalisme borné). Un petit tour sur le web consacré au camp de Jasenovac, Petar Brzica et son Srbosjek vous convaincront certainement que la réalité a dépassé la fiction.

Seule réserve peut-être, la description de Walter Schellenberg chargé de négocier secrètement une paix avec les Alliés, parait un peu trop optimiste.

PS. Dans un autre registre, j'ai découvert que l'Abitur n'était pas un abus de Schnaps, mais l'équivalent du baccalauréat. Je mourrai moins bête.
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"Je ne suis pas un nazi. Je suis un Allemand. Ce n'est pas la même chose. Un Allemand est un homme qui arrive à surmonter ses pires préjugés. Un nazi, quelqu'un qui les change en lois" On m'a viré de la Kripo en 1934, et comme il faut bien vivre, je me suis retrouvé déguisé en privé dans l'établissement le plus select de Berlin :

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