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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque les rides commencent à nous momifier,lorsque nos pleurs s'y deversent et commencent à former notre dernier lit, nous essayons de remonter la pente, de nager à contre courant en nous réfugiant dans notre passé, nos souvenirs, y compris les plus douloureux.

C'est ce que fait Bernie Gunther, en ce jour de 1956, en achetant un billet de cinéma. il ne connait pas le nom du film, il ne sait pas de quoi parle l'histoire, mais il connait la star féminine, sa star, son étoile filante, sa passion qui alimente ses pleurs d'aujourd'hui:la dame de Zagreb.

Eté 1943.
L'armée russe reprend du terrain, Hambourg vient d'être pratiquement rayé de la carte par des raids aériens anglo américains. Goebbels, numéro deux du reich et ministre de la propagande fait feu de tout bois pour empecher le peuple allemand de sombrer dans le désespoir. Il décide, entre autre, de fairé réaliser un grand film avec l'actrice la plus populaire. Celle ci, d'origine croate et réfugiée en Suisse, accepte que si l'on retrouve son père, disparu en Serbie depuis des années. Goebbels charge Bernie gunther de le retrouver: il va redecouvrir l'amour entre les bras de la star et redécouvrir l'horreur en partant en Serbie.

Cette dixième aventure de notre commissaire allemand est moins jubilatoire, plus mélancolique, plus tendre que les autres romans.

Mais c'est toujours aussi bon à lire

Mais ce n'est que mon humble avis
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Le récit de Philip kerr est toujours aussi rythmé passionnant et flamboyant, ce 10ème tome des aventures de Bernie Gunther ne fait pas exception.

On attend un peu l'apparition de cette dame mais on n'est pas déçus. L'auteur nous fait découvrir la Suisse pays «neutre» mais où les intrigues, les espions et les jeux de pouvoirs n'ont rien à envier à un pays en guerre.

Mais surtout la «Yougoslavie» et particulièrement la Croatie et ses «Oustachis», milice pro-nazie, qui n'ont rien à envier aux SS dans la cruauté envers Serbes et Juifs. Et l'on «comprend» mieux les origines de la guerre de Yougoslavie des années 1990.

Dans ce roman à tiroirs la romance entre «la dame de Zagreb» et Bernie Gunther n'est finalement qu'un prétexte pour, comme d'habitude avec l'auteur, nous interroger sur nos contradictions, nos préjugés et nos facultés à éviter que de telles horreurs se reproduisent.

Ce roman est une nouvelle réussite, mais qui s'en étonnerait?
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Un polar à saveur historique une dose de suspens, mais aussi une intrigue qui améliore notre connaissance de l'époque de la Seconde Guerre mondiale, qui rappelle que les nazis n'avaient pas l'apanage de la folie de l'épuration ethnique et de la cruauté, car ce qui se passait alors en Croatie relevait aussi de l'horreur. Des éléments historiques qui expliquent un peu les haines et les atrocités commises à la fin du vingtième lors de l'éclatement de la Yougoslavie.

Dans les derniers tomes de l'auteur, on avait cru que la veine historique s'essoufflait, que tout avait été dit, mais Philip Kerr nous sert pourtant ici un de ces bons polars, avec en prime, Goebbels et ses généraux qui marchandent avec la Suisse.

On retrouve avec plaisir le détective vedette Bernie Gunther. Longtemps après la guerre, Bernie se remémore ses aventures et surtout ses amours. Son comportement n'est pas exempt de dilemmes moraux : qu'est-ce que la justice dans un pays qui professe l'inégalité des hommes, qu'est-ce que le meurtre dans un pays qui assassine par milliers ? Est-ce un crime alors que de vouloir survivre ?

Allemagne, Suisse, Croatie, un polar d'une guerre qui était censé être la dernière…
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Encore une fois Philip Kerr nous offre une fresque historique qui nous laisse rassasiés. Il mêle les petites à la grande histoire en navigant toujours dans les eaux troubles de l'Allemagne nazie.

Devenu une marionnette aux mains de Goebbels, Bernie Gunther découvrira la neutralité/complicité de la Suisse en tant que fournisseur d'équipement militaire et des baraquements destinés aux camps de concentration. Il se retrouve imbriqué dans une affaire dévoilant les horreurs commises en Yougoslavie qui feraient pâlir même les SS les plus coriaces. Encore une fois il risque sa vie, mais toutefois il plonge tête la première.

Cynique, parfois drôle et piquant, avec ce qu'il faut de méchanceté clairvoyante, c'est toujours un amas d'informations nouvelles qui déferlent sur cette période noire de l'histoire allemande.
C'est toujours un Bernie Gunther désenchanté mais plein d'espoir, cabossé mais toujours d'attaque, grisonnant mais toujours impertinent.

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Polar historique abordant le thème des exactions perpétrées en Yougoslavie lors de la seconde guerre mondiale; âmes sensibles s'abstenir, sinon faire comme Bernie Gunther, ironiser pour ne pas pleurer. mais aussi la "pseudo" neutralité de la Suisse dans le commerce de produits destinées aux camps allemands .
un regret, que le thème cinématographique allemand de cette époque soit que peu abordé alors qu'il paraissait être un des principaux sujets.
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Le résumé ne correspond pas tout à fait à l'intrigue que j'ai pu découvrir. Quand Bernie rencontre l'actrice sublime Dalia, elle est étendue nue dans le jardin d'une superbe propriété berlinoise. Et le petit coeur de Bernie s'enflamme aussitôt en sachant que tomber amoureux d'elle pourrait lui coûter plus qu'un refus, Geobbels étant lui-même sur les rangs. Et si Bernie s'est rendu chez Dalia c'est pour être chargé d'une mission pour le moins incroyable : se rendre en Croatie pour remettre en mains propres une lettre de Dalia à son père. Ce n'est qu'après son périple en Croatie qu'il se rend en Suisse, toujours selon les ordres de Goebbels pour ramener Dalia (partie en suisse) en Allemagne. Mais la Suisse n'est pas l'endroit tranquille espéré par Bernie car il lui faut résoudre un meurtre tout en échappant à des gens mal intentionnés.
Pas facile de suivre les aventures de Bernie dans ce tome. J'ai trouvé que le début était longuet avec cette conférence sur le crime au cours de laquelle notre personnage fait la connaissance de nazis pas sympathiques et de suisses peu neutres. Je ne voyais pas trop où était « La Dame de Zagreb » quand enfin il rencontre Dalia, ce qui le catapulte en Croatie : c'est le passage que j'ai préféré d'ailleurs et qui m'a rappelé l'excellent roman de Luke MCCallin « La maison pâle » (je vous le recommande en passant). Les événements vécus par Bernie font froid dans le dos, il y a une intensité qui disparaît dès lors qu'il revient en Allemagne et qu'il se rend en Suisse. le rythme retombe et j'avoue que l'histoire du meurtre et de sa résolution m'ont semblé tirée par les cheveux. En conclusion, une aventure en demi-teinte qui ne m'a pas vraiment convaincue.
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Bernie Gunther, ex-inspecteur de la police criminelle de Berlin, a été forcé par les nazis à intégrer la tristement célèbre Waffen SS. Fort heureusement pour lui, son chef qui l'apprécie malgré sa profonde aversion du régime en place accepte de le détacher auprès du Bureau des crimes de guerre de la Wehrmacht.

Nous sommes à Berlin en été 1943 et nous suivons d'abord Bernie Gunther dans les arcanes du pouvoir national-socialiste. Dans ce milieu, la pénurie n'existe pas encore et les bombardements de la RAF ne ciblent pour l'instant que les quartiers ouvriers et les industries. Entre gentlemen, on se ménage...

Un beau jour, alors qu'il enquête à titre privé sur des accords commerciaux secrets entre le conglomérat suisse du bois et un groupe de dignitaires SS, Joseph Goebbels célèbre ministre de la Propagande du Reich l'invite dans son luxueux bureau. Après moult circonvolutions, il finit par lui expliquer les raisons de sa convocation : convaincre la sublime actrice helvético-croate Dalia Dressner de quitter son cocon zurichois pour remonter à Berlin tourner un film antisémite.

Commence alors une épopée qui obligera ce brillant antihéros à se confronter d'abord aux services secrets américains - omniprésents en Suisse - avant de salir son impeccable uniforme dans l'état oustachi de Croatie, et plus particulièrement dans le sinistre camp de concentration de Jasenovac (prononcer « yassènovatse »).

D'abord un peu septique, j'ai fini par apprécier ce polar fort bien documenté. Il est évident que Philip Kerr s'est renseigné à fond sur le contexte sociologico-politique des années 1940. Bien que l'état d'esprit fanfaron et effronté de Gunther ne soit pas forcément réaliste si on connaît un minimum la mentalité allemande et fortiori celle des condés de ce pays, on passe un excellent moment en suivant les méandres d'un récit bien rythmé.

Sans s'en apercevoir, on en apprend beaucoup sur les luttes intestines opposant les divers services d'espionnage allemands de l'époque : Abwehr, Waffen SS, Sicherheitsdienst (SD)… Loin de l'image d'un bloc noir et sans aspérités, on constate que les hautes sphères du Troisième Reich constituaient un panier de crabes où l'on ne fait confiance à personne. Un peu comme dans tous les systèmes totalitaires serait-on tenté de dire...

À travers des portraits bien sentis, notamment celui d'Arthur Nebe, chef de l'Einsatzgruppe B qui a massacré 45'000 civils en Biélorussie, le romancier britannique réussit avec brio à décortiquer les mécanismes élaborés par ces cadres nazis pour retrouver un semblant de bonne conscience après avoir commis avec zèle les pires abominations à l'arrière du front russe :

« — Tout oublier demande du temps, Arthur (Nebe). Surtout à Berlin. Croyez-moi, j'ai essayé. J'ai le terrible pressentiment que ça va me prendre le reste de ma vie pour en oublier autant.
Nebe hocha la tête.
— Vous avez tort, vous savez. Il est facile de passer à autre chose si on le veut vraiment.
— Et comment faites-vous ?
— En ayant une certaine vision du monde: la vie ne relève que du hasard. Si on ne m'avait pas envoyé à Minsk, à la tête du Groupe B, cela aurait été quelqu'un d'autre. Ce salopard d'Erich Naumann, probablement. L'espèce de porc qui m'a succédé. Mais parfois, j'ai le sentiment de n'être jamais allé réellement là-bas. du moins, pas mon vrai moi. J'en garde fort peu de souvenirs. Oui, fort peu. » Tout est dit et si vous avez envie de creuser la question, je ne peux que vous recommander « Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal » d'Hannah Arendt.

Pour conclure, une belle découverte. Je ne vais pas tarder à lire le premier opus des aventures de Gunther : Métropolis, qui se déroule à Berlin en 1928.
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Philip Kerr s'est laissé persuader de continuer, ne serait-ce qu'une fois, la série des Bernie Gunther dont il disait avoir fait le tour. Délaissant les exactions nazies, il s'attache ici au personnage de Goebbels en sa qualité de directeur des studios de Babelsberg. Il nous conte l'histoire d'une des stars de l'époque, Dalia Dresner (personnage imaginaire) protégée de Goebbels et dont il aimerait faire sa maitresse. Celui-ci donne pour mission à Gunther de retrouver le père de Dalia, reclus dans un monastère de Banja Luka, pour l'inviter à rejoindre sa fille à Berlin. Celle-ci ayant promis de tourner le film que lui propose Goebbels à la condition qu'il retrouve son père.

Les studios de Babelsberg ont connu leur âge d'or dans les années 20 et 30. Pourvus d'une technologie de pointe, de grands films y ont été tournés comme le Golem de Paul Wagener, Nosferatu le vampire de Murnau ou Métropolis de Fritz Lang. Jean Gabin et Raimu y ont même tourné respectivement Gueule d'amour et L'Etrange Monsieur Victor. Considérés comme le rival d'Hollywood, ils seront hélas réquisitionnés par les nazis à leur arrivée au pouvoir, précipitant le départ de Billy Wilder, de Fritz Lang et d'autres pour les Etats-Unis. Goebbels y fondera une école de réalisation afin de former des réalisateurs répondant à l'idéal national socialiste.

Philip Kerr nous a habitués à ne pas suivre d'ordre chronologique dans les aventures de Gunther. Son roman précédent, Les Ombres de Katyn (que je n'ai pas lu) se déroulait en 1943. Celui-ci se situe après Prague fatale, pour ce qui concerne la deuxième partie consacrée à Dalia Dresner et après Katyn pour la première partie. Oui, il faut suivre mais les inconditionnels de l'auteur et de son personnage récurrent savent jongler avec l'Histoire, les flashbacks et les anticipations.

Dans ce roman, Bernie Gunther accepte de se lancer dans un voyage qui deviendra vite une odyssée sombre et sanglante. Il se rend en Yougoslavie, pays en plein chaos où la barbarie est perpétrée juste pour le plaisir. Les atrocités commises par les uns et les autres le bouleversent, lui qui, pourtant, croyait avoir touché le fond avec Heydrich. Serbes, Bosniaques, Slovènes et Croates se massacrent à qui mieux mieux, torturent et ruinent le pays. On croirait lire des pages concernant la guerre civile en ex-Yougoslavie dans les années 90. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le mari de Dalia est le Dr Obrenovic et si son père se fait appeler Colonel Dragan. Dragan Obrenovic étant un tortionnaire serbe impliqué dans le génocide de Srebrenica en 1995 condamné à 17 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Tout cela nous montre que l'Histoire bégaie et que les hommes n'apprennent rien de leurs erreurs.

Bernie fera également un séjour en Suisse où il n'était encore jamais allé. Philip Kerr en profite pour nous parler de l'opération Tannenbaum, projet que fomentait Hitler pour envahir la Suisse, malgré sa neutralité.
Débutant en 1956 à Marseille, le récit nous plonge dans les souvenirs de Gunther en 1942 et 1943 pour se terminer en 1956 sur la Côte d'Azur. La conclusion de cette histoire est cynique à souhait. On n'en attendait pas moins.


Philip Kerr nous offre un roman noir de qualité même si l'on ne voit pas de suite où il veut nous entrainer. Avec cette dixième aventure de Bernie Gunther, il se renouvelle une fois de plus, ne nous donnant pas l'impression de se répéter. le solide fond historique est tout l'intérêt du livre où il parvient une fois encore à mêler avec succès fiction et Histoire donnant aux propos de Bernie une valeur éducative édifiante..

La magie de Philip Kerr réside dans la façon dont il aborde les questions éthiques fondamentales. Les quolibets intelligents de Bernie, son cynisme et son regard lucide sur lui-même et sur l'époque apportent aux romans un peu de fraicheur à la narration de ces pages terribles et monstrueuses de notre Histoire. Il est d'ailleurs toujours bon de rappeler combien les hommes sont capables de haine et d'atrocités.

En prologue, Philip Kerr cite les personnages du récit qui ont réellement existé et ce qu'ils sont devenus. On apprend ainsi que Dalia Dresner lui a été inspirée par Hedy Lamarr, qui était effectivement scientifique et coinventa une technologie devenue une composante clé de tous les systèmes modernes de données sans fil.
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Une fois de plus, et pour notre plus grand intérêt, Philip Kerr nous sert une aventure de Bernie Gunther, et prend son temps pour nous faire pénétrer dans les arcanes du pouvoir nazi, nous promener dans le sinistre Berlin de 1942, où les habitants, dénués de tout, errent comme des âmes en peine, et au bord du lac de Wannsee, où se pavanent les huiles du régime, dans la célèbre villa Minoux, celle-là même qui accueillit en janvier la très célèbre conférence statuant sur le sort des juifs d'Europe.
Cette fois, c'est d'une autre conférence qu'il est question, à laquelle Bernie Gunther doit participer, ce qui va l'entraîner, là où il n'aurait certainement pas souhaité se rendre ... mais qui va lui permettre, grâce à Joseph Goebbels, qui " dans son propre costume d'été blanc, ressemblait à s'y méprendre à un infirmier dans un asile d'aliénés, ce qui n'était peut-être pas très loin de la vérité", de rencontrer la magnifique Dame de Zagreb, j'ai nommé Dalia Dresner, la célèbre actrice, joyau de la UFA, la société de production cinématographique alors sous contrôle du bras droit de Hitler.

Il faut attendre le tiers du livre pour faire la connaissance de la dame de Zagreb, dont Bernie Gunther va instantanément tomber amoureux, mais en attendant cette rencontre le lecteur est enchanté de retrouver Bernie, ayant toujours la dégaine de celui qui se promène avec détachement dans la vie, toujours aussi cynique, avec son humour ravageur, sa façon désinvolte de traiter avec les nazis, qu'il déteste, mais néanmoins très soucieux de préserver sa peau.

Cependant, pour les beaux yeux de sa belle, il n'hésitera pas à affronter les Oustachis, une horde d'abominables meurtriers, maîtres de la Croatie en cette sinistre année 1943 , dans une Yougoslavie à feu et à sang, et les services de renseignements de tout poil, dans une Suisse paradis d'espions, où assassinats et enlèvements sont monnaie courante....
Du coup, le lecteur, effaré, se demande ce qui est le moins dangereux !!!

Philip Kerr prend son temps pour planter ce décor où faux-semblants et traîtrise prennent tout leur sens, où le coeur de Bernie s'enflamme, où le lecteur, grâce au talent de l'auteur, et à ses recherches historiques approfondies, se retrouve confronté à des épisodes du conflit mondial moins connus, - avec, par exemple, la "visite" du camp d'extermination de Jasenovac, où serbes, juifs et roms sont monstrueusement assassinés par les oustachis croates au nom de la pureté ethnique - mêlant avec art réalité et fiction, un épisode où transparaît plus encore que d'habitude l'humanité désenchantée, et la profonde tristesse de son héros, dans cette Allemagne en décomposition, à la veille de l'effondrement du 3ème Reich.

Encore une réussite de Philip Kerr, et sa disparition prématurée, hélas, n'en est que plus poignante.
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Lu par étapes ,acheté lors du décès de l' auteur ,je pensais qu'il s 'agissait de son ultime opus .

Comment rendre un flic engagé sous le régime nazi sympathique (non pas le régime mais le flic) Gageure s'il en est....

A l inverse du foisonnant récit de J Littell en 2006 "Les Bienveillantes " , Ph Kerr ne cesse d'insister, si l on n'avait pas compris , sur une donnée majeure : le fait que son héros Bernie* exècre la bande de voyous qui a pris les commandes de l'Allemagne en 1933
*bien que revêtant l uniforme SS.
Ici en pleine guerre (juste avant Stalingrad) se distille l'idée que Berlin va, c'est inéluctable, connaître l'arrivée des soviétiques ,pressentiment qui parcourt même les officiers supérieurs dont les confidences (ou paroles glanées fortuitement ) laissent peu de doute ,la plupart ayant combattu à l'Est.

L'intrigue nous conduit en Yougoslavie*
( état multiculturel récent issu de la première guerre mondiale) précisément en Croatie où les affrontements ethniquo-religieux font rage .
Dans cet enfer -guerre civile-dont on a peu à peu les clefs ** notre policier se faufile jusqu'au terme de sa mission (très privée).
Horreur et stupéfaction jalonnent ces pages (le coeur du bouquin ) et c'est un peu plus au fait de cet imbroglio que l on se trouve éclairé en ce XXI ième siècle sur**
l éclatement de la Yougoslavie dans la dernière décennie du XXème siècle .

Si une fois refermé ne subsistaient que ces éléments,
l'objectif de l'auteur serait en partie atteint .
Aussi c est ce qui m'a semblé important par delà la complexité de l intrigue romanesque initiale.

*Volontairement je laisse de côté l épisode Helvétique qui confirme la collusion d'intérêts entre notables ,banquiers et polices des deux pays (Allemagne et Suisse) car cela m a semblé plus relever de l'anecdote que d'une information majeure.

Au final la lecture de "La Dame de Zagreb " éclaire ces conflits des Balkans d'utiles éléments sur l'état de l Europe contemporaine.
nb:En référence au roman de J Ch Rufin "CHECKPOINT" situé dans la période contemporaine, je dirais que Ph KERR nous permet de prendre de la hauteur dans une mise en perspective précieuse .
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"Je ne suis pas un nazi. Je suis un Allemand. Ce n'est pas la même chose. Un Allemand est un homme qui arrive à surmonter ses pires préjugés. Un nazi, quelqu'un qui les change en lois" On m'a viré de la Kripo en 1934, et comme il faut bien vivre, je me suis retrouvé déguisé en privé dans l'établissement le plus select de Berlin :

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