Voilà un roman d'anticipation, écrit en 1993 et dont l'intrigue se déroule à Londres en 2013. L'auteur y décrit les dérives sécuritaires d'un pays membre de l'Europe fédérale qui a pour monnaie le dollar européen et où le crime – une tradition britannique – constitue une préoccupation publique très importante. Au point qu'un programme de prévention génétique des pulsions criminelles a été conçu afin de proposer des soins aux individus dépistés comme criminels sexuels potentiels. Ces hommes sont affublés d'un nom de code tiré de la littérature ou de la pensée philosophique. Une occasion de découvrir qui furent Lumbroso,
Bertrand Russel ou, justement,
Ludwig Wittgenstein.
Un de ces individus, plus ingénieux et pervers que les autres, est parvenu à s'infiltrer dans le système informatique et a décidé de supprimer tous les autres hommes classés par ce programme et dont pourtant l'identité est préservée. Ainsi, très logiquement, il « purge » la société de ces criminels qui, obligatoirement, coûteront cher à la société. Il les tue par six balles dans la tête, en plein jour, à l'aide d'un pistolet à gaz – une idée reprise par l'auteur de « No country for Old Men », Cormac McCarty, publié en 2007 …
On a cependant du mal à se replacer en 1993, lors de la parution de ce livre très influencé par
George Orwell, car les idées anticipatrices de l'auteur ne sont pas très originales considérées du point de vue d'aujourd'hui. A part, sans doute, le fait que le quartier de Canary Warf n'est pas encore devenu un camp retranché bardé de fils de fer barbelés et sillonné de policiers aux aguets et que la peine suprême en cas de meurtre est une plongée dans un coma punitif – à temps et réversible ou définitif - une sanction dont le coût pour les finances publiques est estimé à dix fois moins que l'emprisonnement à vie.
L'inspecteur principal « Jake » Isadora Jacowicz mène l'enquête. C'est une belle femme de 37 ans, qui a une dent – c'est peu dire – contre les hommes. le meurtrier, qui a rapidement douze victimes à son actif, s'est coulé dans la personnalité du pseudonyme qui lui a été attribué : Ludwig Wittgestein, philosophe d'origine autrichienne qui fut l'un des fleurons de l'université de Cambridge. Mais après tout, n'est-ce pas sa réincarnation ?
Un polar savant, qui vous oblige à replonger régulièrement dans l'encyclopédie pour apprendre quelles thèses les différents penseurs ont défendues. Bon pour la culture générale, mais beaucoup moins spirituel que les aventures de Bernie Günther.
Ce qui est drôle, c'est de lire ce livre justement alors que la police traque un tueur fou dans les rues de la capitale …
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