Mind MGMT - Rapport d'opérations, tome 2 : Espionnage mental et son incidence collective

Désormais dissoute suite au danger qu'elle représentait pour l'humanité, le Mind Management, agence gouvernementale composée de membres recrutés et entraînés pour leurs pouvoirs psychiques extraordinaires, a cessé d'exister. Mais si certains membres sont soulagés, d'autres sont désemparés, alors, quand deux groupes d'ex-agents se forment de nouveau, l'affrontement est inévitable. Il s'en suit un combat sans merci que se livrent entre eux les ex-agents du "Mind MGMT", d'autant que beaucoup de zones d'ombres subsistent autour de ces retraités pouvant faire et défaire des régimes politiques, voire des sociétés entières.
"Mind MGMT" est une saga d'espionnage aux enjeux stratégiques et individuels, opérant vers le fantastique, en choisissant de donner aux personnages des pouvoirs psychiques surhumains. Matt Kindt parvient néanmoins à maintenir l'équilibre sur la longueur, en construisant un univers dense et complexe, cohérent malgré les surprises et révélations disséminés avec parcimonie maintenant en même temps le suspens.
Ce second tome va nous apprendre énormément de choses, certaines questions émergent avec plus de force tout en faisant progresser l'intrigue, nourrit de flashbacks et d'interludes permettant de mieux situer les personnages, leur passé, leur évolution.
Mais si le récit ne bénéficie plus de l'effet de surprise, certains passages reste d'une grande puissance narrative et les sacrifices pour une cause invisible et incertaine des ex-agents du "Mind MGMT" est toujours aussi perturbante.
Le graphisme à défaut de réalisme, joue habilement du format et des traits de crayons et mise sur le dynamisme pour évoquer les émotions qui nous attache encore plus émotionnellement à ses personnages. Les couleurs de Matt Kindt à l'aquarelle participent énormément aux ambiances qui tendent parfois vers l'onirisme. On peut toutefois reprocher une chose sur les visages féminins qui ont tendance à ce ressembler plus ou moins tous.
Le troisième tome s'annonce dantesque et sera déterminant sur le jugement porté à la globalité de ce thriller d'espionnage car les motivations des différentes factions et de ces ex-agents ne sont pas encore très claires, et de nombreuses questions restent encore en suspente.

L'ambiance étant posée dans le précédent tome, l'effet "wahoo" s'est quelque peu estompé. le rythme lent et circonvolutionné qui faisait le charme du premier tome a un peu plus de mal a fonctionner sur celui-ci.

Passer d'un opus "découvertes et révélations wtf" à un opus "recrutement d'agents" (plus de routine et moins de panache) a rendu, cette fois-ci, le jeu de la recherche d'indices et d'histoires à la marge ( et retournement de livre en tout sens) plus rébarbatif que récréatif.

Si la guerre est déclarée entre les factions dévoilées précédemment , l'action se fait plus présente sans parvenir à créer du rythme.

L'évolution des personnages est aussi un peu soudaine. S'il était facile d'accompagner ou de s'identifier à Meru dans le premier tome (qui appréhendait cet univers avec le même regard d'innocence et d'incrédulité que celui du lecteur), son aguerrissement express dans le second créé une distance plus complexe à éprouver.

Il n'y a globalement plus de personnage sur lequel se reposer pour appréhender l'histoire. Si ce trouble est recherché pour brouiller toutes intentions manichéennes, le sentiment de confusion n'en reste pas moins prégnant.

J'imagine que tout ce travail préparatoire va trouver son sens et un intérêt certain dans le troisième et dernier tome, genre de calme avant la tempête proverbiale, parce que là, j'ai eu une légère impression de remplissage cher aux épisodes fillers des séries, qui, s'ils développent l'univers et prolonge le plaisir, n'apporte rien de fondamentale à l'intrigue.

Bon, ça reste de la bombe de balle, faut pas déconner. Mais quand on te donne tout dès le début, on devient exigeant sur la suite.

Encore plus alambiqué que le premier tome, ce second opus souffre parfois d'un petit côté tout much. La narration est tellement complexe qu'on peut facilement s'y perdre. La première partie du tome souffre par ailleurs d'un léger manque de rythme, lié aussi sans doute à sa totale déconnexion de la fin du précédent tome alors qu'on aurait sans doute aimé se replonger rapidement dans l'histoire. le choix d'une trame secondaire dont on ne voit le lien avec la trame principale que tardivement est à ce titre très perturbant. Une fois passée ce stade, on retrouve nos héros alors que graphiquement, certaines planches prennent de l'épaisseur et qu'on découvre quelques vrais morceaux de bravoure.