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Mind Mgmt tome 5 sur 5
EAN : 9781616556969
168 pages
Dark Horse (04/08/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
The mission to stop Mind Management's reformation has fallen apart, with Lyme, Dusty, Bill, and Perrier all dead or missing. After nearly losing her mind at the hands of the Eraser, Meru finds herself alone in a world of rogue mind managers. To press on, she'll need to seek out the Management's oldest living agent . . . the First Immortal, rumored to still be alive in the South American jungle. And as the true history of the Eraser is revealed at last, sides are cho... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à The Magician (épisodes 19 à 24). Il faut impérativement avoir commencé la série par le premier tome : The Manager. Il contient les épisodes 25 à 30, initialement parus en 2014/2015, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Matt Kindt qui a également effectué le lettrage. Il commence par une introduction dithyrambique d'une page de Darwyn Cooke, suivi par une page de récapitulatif, en 19 cases.

Meru Marlow se trouve à Hong Kong, en train de contempler le site de construction d'un bâtiment destiné à devenir le prochain quartier général pour l'organisation Mind MGMT que l'Effaceur est en train de reformer. Elle prend une chambre non loin, dont elle est obligée de fuir suite à une descente de police. Elle fuit à pied par le Népal, jusqu'aux bords du Gange où elle rencontre Kevin, un ancien agent, et maintenant moine bouddhiste.

Sa décision est prise : Meru Marlow doit empêcher la reformation de Mind MGMT. En suivant une indication sur le document remis par le moine, elle se rend en Grèce, dans la région d'Athènes. Elle y rencontre Kostas qui la reconnaît comme étant l'auteure du livre Préméditation. En réponse à ses questions, il lui propose de réaliser une plongée dans un lieu où plonge régulièrement Taurus, un marin obsédé par l'endroit. L'épisode 30 est consacré à l'histoire personnelle de Julianne Verve.

Après 4 tomes (soit 24 épisodes), le lecteur est immergé dans une intrigue labyrinthique en quête de révélations sur les pourquoi et les comment d'une telle situation. La fin de la série s'approchant, l'auteur fournit des pièces maîtresses du puzzle, en particulier l'histoire de la fondation de l'organisation Mind MGMT et l'histoire personnelle de son fondateur Sir Francis, ainsi que de son compagnon Leopold Loika. le lecteur est à l'affut de tout élément d'information venant répondre à ses interrogations, confirmant ses suppositions ou mettant à mal certaines de ses hypothèses. Il fait des efforts pour rétablir une chronologie cohérente, au fur et à mesure des révélations, en réévaluant la véracité des informations dont il disposait jusqu'alors. Matt Kindt a conçu un récit sous forme de thriller, sur fond de complot à l'échelle mondiale. le lecteur retire une grande satisfaction de ces révélations, qui viennent comme une récompense pour son investissement dans l'intrigue. La compréhension de cette dernière constitue une gratification immédiate, s'imposant en premier, devant les autres éléments narratifs.

Après 4 tomes, l'attente du lecteur est immense : il épluche chaque révélation pour en comprendre les implications, comme une solution à un problème complexe. Dans ce genre de construction, le scénariste éprouve de grandes difficultés à combler ces attentes qu'il a lui-même suscitées. Dans le cas de la série Mind MGMT, Matt Kindt a construit un tel suspense que le lecteur se prépare à une déception inéluctable. En fait la construction narrative est plus sophistiquée que ça. En effet, les épisodes précédents comprenaient déjà de nombreuses informations parcellaires, et chaque nouvel épisode en apportent de nouvelles complétant les précédents, ouvrant de nouvelles pistes. le lecteur obtient la récompense attendue avec les explications de Sir Francis, et l'histoire personnelle de Julianne Verve. L'auteur a l'intelligence d'entrelacer ces révélations avec l'évolution de Meru Marlow, des explications sur les motivations de certains protagonistes, et une confrontation décisive. Ainsi il ne fait pas reposer tout l'intérêt du récit sur les révélations, ce qui minimise le risque de la déception du lecteur.

En toute logique, Meru Marlow continue de s'affirmer puisqu'elle doit se montrer à la hauteur pour pouvoir contrer Julianne Verve (c'est la logique du récit). Il ne s'agit pas d'une évolution qui sort de nulle part juste à temps pour qu'elle soit prête pour le dernier tome, mais de la montée en puissance qui accompagne ses (re)découvertes sur son passé. En plus de cette réappropriation de son histoire personnelle, elle bénéficie d'une explication de la nature de ses pouvoirs. le lecteur en avait déjà eu un aperçu dans le tome précédent, mais cette explication est formulée de manière à souligner l'implication de cette capacité à remettre en question les compétences des agents. La capacité de Meru Marlow neutralise la valeur de celles des autres. Ainsi présentée, elle semble vouloir dire que le savoir-faire exceptionnel des autres agents n'est qu'une imposture, qu'il ne s'agit que d'individus faisant illusion, sans compétence réelle, imposant leur volonté par leur attitude intimidante, plutôt que par de réels talents.

En filigrane, le lecteur peut y voir une critique étrange sur des individus aux grandes capacités intellectuelles, sur leur impact très relatif sur le monde réel, et sur une forme d'autosatisfaction consubstantielle de leur don. Finalement ces individus dotés de capacités psychiques s'en sont soit servies pour eux-mêmes (Dusty et ses chansons, confortablement installé dans son palais personnel), soit les ont mises au service d'une organisation (leur ayant appris à s'en servir, et les ayant formés) sans questionner ses objectifs, comme s'ils se déchargeaient de leur responsabilité personnelle. La série Mind MGMT peut donc se lire comme une métaphore de l'engagement citoyen d'individus créatifs dans la société, ou d'intellectuels dans les affaires du monde. Matt Kindt s'avère très malin en faisant exprimer le pouvoir de Marlow comme étant une remise en question, mais encore plus comme une façon de voir la vérité, opposant ainsi un absolu au caractère relatif et fini de l'être humain.

Comme les tomes précédents, le récit ne se limite pas à une aventure sur fond d'espionnage, au portrait d'une femme reprenant l'initiative dans sa propre vie, à un une narration ludique et participative invitant le lecteur à anticiper, à réfléchir par lui-même. Il s'agit également d'une aventure picturale d'une forme particulière. Matt Kindt continue de réaliser des pages, sur la base de dessins proches de l'esquisse (comme s'il restait des traits de construction), avec un savant dosage du niveau de la densité d'information visuelle (d'un plan séquence sur un visage le temps d'une page, à un bar plein de gens, tous différents, soit un niveau de détails élevé). L'artiste réalise lui-même sa mise en couleurs sur la base d'aquarelles qui habillent chaque dessin, avec une ambiance lumineuse, un renfort des volumes, et des informations visuelles complémentaires. Arrivé au cinquième tome, le lecteur est acclimaté à cette approche graphique très personnelle, et a appris à en apprécier les spécificités, les forces.

À nouveau, le créateur pioche dans les vastes possibilités de la narration graphique pour enrichir son récit. Rien que dans l'épisode 25, il y a une scène d'affrontement physique muette sur 4 pages, avec un dessin en double page très construit (malgré l'apparence immédiate de l'aquarelle) où le lecteur met un peu de temps à remarquer un coup de poing discret dans les bijoux de famille d'un des policiers. Dans une autre séquence, Kindt réutilise un découpage de page en 2 colonnes, mettant ainsi en vis-à-vis 2 actions : le voyage de Meru dans la colonne de gauche, ses souvenirs de Mind MGMT dans la colonne de droite (parés d'une couleur grise pour montrer qu'il s'agit du passé). le lecteur découvre également un dessin pleine page faisant penser à une illustration de livre de contes pour enfants (il s'agit effectivement d'une légende racontée par le moine Kevin). Enfin l'évocation des bords du Gange repose sur des vues classiques de l'endroit (assimilées par l'inconscient collectif) pour un effet convaincant.

Tout du long de ces 6 épisodes, le lecteur va donc pouvoir apprécier la riche grammaire de narration visuelle du créateur. Kindt s'amuse à intégrer une série de romans de type lecture jeunesse, avec des facsimilés de couverture faisant par exemple penser à la série Nancy Drew (mais écrits par les jumelles Perrier dans le cadre de la présente série). L'épisode 26 s'ouvre avec une superbe séquence muette permettant d'observer les faits et gestes de Sir Francis. Il comprend également une page de facsimilé de bandes dessinés des grands explorateurs pour les aventures de Sir Francis en Afrique. Dans l'épisode 27, Sir Francis accompagne le vol d'Enola Gay pour une séquence visuellement terrifiante. Dans l'épisode 28, le lecteur sourit devant une page où les capacités de Meru Marlow sont représentées de manière superhéroïque, avec un décalage savoureux par rapport au reste de la série.

Dans l'épisode 29, l'auteur consacre 6 pages d'affrontement à la fois sur le plan physique et sur le plan psychique, 2 personnes se battant à coup de souvenirs. Kindt a trouvé une solution graphique intelligente pour montrer comment les 2 adversaires se servent des souvenirs. Pour le dernier épisode du tome, il utilise une imagerie de science-fiction des années 1950 avec un papier verdâtre, pour donner une indication sur l'état d'esprit du personnage alors qu'il vivait cette partie de sa vie. Il fait preuve d'une inventivité renouvelée également pour les couvertures. Pour celle du numéro 26, il réalise une réalise une bande dessinée en 7 cases. Pour celle du 30, il représente la tête de Julianne Verve à partir de pelures de gomme, créant ainsi un jeu de mot visuel. En effet, le surnom du personnage et l'effaceur (en anglais Eraser, ce qui signifie également gomme).

À l'opposé d'une utilisation démonstrative et artificielle, ces différentes techniques graphiques sont en phase avec le récit et viennent l'enrichir et le porter. L'explosion de la première bombe atomique perd tout caractère spectaculaire, pour n'exprimer que la démesure de cet engin de mort par rapport à l'échelle d'un simple être humain. Dans ce même épisode 27, Sir Francis évoque un champ d'exécution à Manille pendant la seconde guerre mondiale. À l'opposé de dessins descriptifs et cliniques, la page montre l'impression ressentie par Sir Francis, se retrouvant devant un champ d'herbes teintées par ce sang. L'image relève de l'impressionnisme, pour un effet macabre empreint de poésie, plus terrifiant encore qu'un charnier.

Les compétences de narrateurs de Kindt s'expriment également lorsqu'il n'hésite pas à inverser la chronologie d'une séquence partant la fin et remontant le temps au fil des cases (page 119). Les qualités littéraires de la série s'expriment de bien des manières encore. Matt Kindt joue également sur différents types de symboles. Il intègre régulièrement des événements historiques réels pour attester de l'influence des actions des agents de Mind MGMT sur la marche du monde. le lecteur assiste à l'explosion de Little Man sur Hiroshima, mais aussi à l'explosion qui a détruit le dirigeable Hindenburg, ou encore à des bombardements de Londres pendant la seconde guerre mondiale, les manifestations en Grèce suite aux mesures d'austérité. Leopold Lojka a récupéré le parapluie du l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche (1863-1914). Dans le contexte d'un récit d'espionnage, faire de ce parapluie un leitmotiv évoque également le coup du parapluie bulgare, le 7 septembre 1978, utilisé dans l'affaire du meurtre de l'écrivain et dissident bulgare Georgi Markov (tué le 11 septembre 1978) par le Komitet za Darzhavna Sigurnost.

L'auteur parsème son récit de conventions propres au récit d'espionnage : la base secrète sous-marine, les messages cachés (ici sur-imprimé) dans des petites annonces, la maison de repos pour agents secrets à la retraite, les voyages de par le monde (de Berlin à Hong Kong, en passant par la Grèce), des romans à clef, le guide opérationnel de Mind MGMT qui court à nouveau dans les marges de gauche des pages. Comme précédemment, ces conventions sont asservies aux besoins narratifs. Ce tomme étant celui des révélations, le lecteur apprend la véritable nature de ce guide opérationnel (il apprend aussi la signification du deuxième étage). Il a remarqué par lui-même que dans ces épisodes, il est plus enrichissant de lire chaque consigne concomitamment à la lecture de la page sur laquelle il apparaît. Il constate que les actions de Meru Marlow respectent ou au contraire prennent le contrepied de ces consignes. Dans le chapitre 26, le tracé d'une consigne quitte la marge de gauche pour s'intégrer à la page correspondante, non plus à la verticale, mais à l'horizontale. Ce dispositif narratif (les consignes du guide opérationnel) est expliqué dans le cadre du fonctionnement de Mind MGMT (qui l'a créé, comment il fonctionne), mais il devient également un indicateur supplémentaire du degré d'autonomie acquis par Meru Marlow, nourrissant ainsi le thème de fond sur son indépendance.

Matt Kindt contraste la prise d'indépendance de Meru Marlow, avec le thème du destin. Il y a bien sûr ces livres écrits par les soeurs Perrier qui incitent les lecteurs à accomplir certains actes. Il y a la formation délivrée par l'organisation Mind MGMT qui formate les élèves (comme des cours dans une école ou une université). Outre ce savoir formalisé, le personnage de Tan (une diseuse de bonne aventure) introduit la notion de destin, de futur déjà écrit. Ce thème est encore renforcé par le conte du Mont Meru (avec les divinités Gayu et Garuda) qui agit comme une métaphore de la situation de Meru. Il s'agit également d'une nouvelle histoire dans l'histoire pour donner une dimension mythologique au récit. Cette dimension est présente sur les couvertures des épisodes 28 et 29 où Meru est représentée comme une guerrière mythique, visuels déjà présents dans des épisodes antérieurs. le lecteur hésite alors entre la liberté de l'individu, et les grands mouvements cycliques. le dernier épisode consacré à Julianne Verve le fait hésiter entre ces pôles. Son histoire est transformée en récit de genre (science-fiction des années 1950) dont elle est l'héroïne, mais elle ne triomphe pas à la fin.

La révélation ne peut jamais être à la hauteur de l'attente. le lecteur attend une explication totale, venant éclairer les mystères, donnant du sens à ce qui était incompris, apportant une explication sur ce qu'il ne comprend pas, une révélation donnant du sens à sa lecture, à son entendement. Matt Kindt évite la déception du lecteur en emmenant l'intrigue plus loin qu'un simple mécanisme de révélation, en continuant le questionnement sous une forme des plus ludiques, requérant toujours la participation du lecteur à qui il appartient d'être acteur de sa compréhension. Il peut même choisir son niveau de lecture, essayer de les embrasser tous, ou se concentrer sur un ou deux. Il peut aussi bien s'interroger sur les mécanismes de propagation d'une idée (le mème de la chanson de Dusty), sur la pertinence des sciences dites molles (qu'un personnage qualifie de pseudosciences), sur la façon dont les individus pervertissent une organisation pour l'asservir à leur propre ambition (les manipulations de Julianne Verve), les récurrences de thématiques dans l'oeuvre d'un auteur (la présence de Philip K. Verve, personnage déjà présent dans Revolver de Matt Kindt), la manière dont les théories scientifiques expliquent la vie quotidienne (la mention des inégalités de Bell, les explications sur le laser), l'importance des schémas narratifs dans la condition humaine (le conte du Mont Meru). La narration dépasse l'attente du lecteur.
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La conclusion de la saga épique de l'immortel B., créée par Keanu Reeves, co-scénarisée par Matt Kindt (Folklords, Grass Kings) et dessinée par Ron Garney (Wolverine, Captain America), bientôt adaptée sur Netflix. Dans cet ultime tome de la trilogie, les anciens mystères sur les origines de notre anti-héros et son destin final sont dévoilés ! Alors que la fureur de B. se déchaîne, une nouvelle découverte promet d'apporter les réponses qu'il cherche depuis des siècles. Mais alors que l'équipe voyage pour enfin comprendre les mystères de la naissance de B., va-t-il atteindre son objectif, ou tous ses efforts auront-ils été vains ?
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