Unity, tome 4 : The United

Ce tome fait suite à Unity 3 - Armor Hunters (épisodes 8 à 11) qu'il vaut mieux avoir lu avant, même si ce n'est pas indispensable. Il comprend les épisodes 0, 12 à 14 de la série Unity, tous écrits par Matt Kindt, ainsi que l'épisode 0 de Harbinger: Faith, écrit par Joshua Dysart, le scénariste attitré de la série Harbinger, à commencer par Omega Rising.

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- Unity 0 (dessins et encrage de Cary Nord, couleurs de José Villarrubia) - Pendant la première guerre mondiale, le gouvernement anglais s'est allié au gouvernement américain pour mettre sur pied une équipe composée d'individus avec des capacités extraordinaires : Dell, Alpha, Eternal Warrior (Gilad Anni-Padda) et Breaker. Ils interviennent régulièrement sur les champs de bataille pour des missions officieuses. Au début de l'histoire, Breaker informe Gilad Anni-Padda que sa machine à calcul a trouvé comme résultat que l'équipe d'Unité Y serait bientôt dissoute. Breaker est un pacifiste qui ne participe pas aux missions. Cette fois-ci, Eternal Warrior, Dell et Alpha doivent libérer des prisonniers.

C'est la deuxième fois que Matt Kindt évoque l'existence d'une incarnation précédente de cette équipe, la première se trouvant dans le tome 2 Trapped by Webnet. le lecteur prend plaisir à découvrir rapidement de nouveaux héros, pour lesquels le scénariste s'est montré original dans leur pouvoir, parce que leur nom semble sorti d'une liste prête à l'emploi de noms génériques. Il découvre des individus avec une ou deux particularités en plus de leurs superpouvoirs et un commentaire un peu résigné rédigé par Gilad Anni-Padda apparaissant dans des cartouches de texte accompagnant chaque séquence. le scénariste enfile 2 missions successives, pas très originales mais permettant de voir cette équipe en action et entretenant un suspense suffisant.

Cary Nord réalise des dessins aux contours un peu charbonneux, traduisant bien le fait que les superhéros doivent se salir (et pas que les mains) sur les champs de bataille. Les premières apparitions des superhéros utilisant leur superpouvoir en imposent, ainsi que le sous-marin de la deuxième mission. Pour le reste, il apparaît rapidement qu'il ne s'intéresse pas beaucoup aux décors qui disparaissent dès la deuxième case de chaque scène, ni aux accessoires. José Villarrubia accomplit un beau travail d'habillage par les couleurs, assez personnel et éloigné d'un jeu sur des myriades de nuances pour ajouter du volume. Il utilise plutôt des teintes ternes pour complémenter les contours charbonneux, et contribuer à l'ambiance visuelle blafarde.

Le lecteur ressort de cet épisode un peu déçu par le manque de matière de l'intrigue, et par le manque de consistance des dessins. 2 étoiles pour un épisode zéro qui n'apporte pas grand-chose de plus que 2 éléments de continuité relative à l'équipe : le nom Unit Y, le fait qu'il s'agit d'une opération conjointe entre américains et anglais.

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- Unity 12 à 14 (dessins et encrage de Carlos Alberto Fernandez Urbano dit CAFU, mise en couleurs de Brian Reber) - Après les événements du tome précédent, en particulier la destruction de Mexico, les autorités américaines et anglaises décident que l'existence d'Unity doit être révélée au grand public, et qu'Amanda McKee (Livewire) sera la porte-parole de l'équipe. La question se pose de savoir quelle est la composition de ladite équipe, et si l'existence de Ninjak (un super espion) doit également être rendue publique. Pendant ce temps-là, il se forme un autre groupe, celui-ci étant clandestin, pour révéler au grand public une autre cachoterie des gouvernements : l'intégration de l'extraterrestre GIN-GR au sein de l'organisation qui gère Unity. Cette autre équipe se compose de Gang, Stock, The Myth et Ultimorte.

Décidément, les nouveaux superhéros fleurissent dans ce recueil, toujours avec des noms peu inspirés, mais avec une présence palpable. Arrivé au troisième tome, Matt Kindt commence à construire une structure plus solide autour de l'équipe Unity. Il gère les conséquences de la mission du tome 3, alors qu'il ne s'agissait au départ que de participer à l'événement transversal de Valiant de l'époque. C'est ainsi que le lecteur se rend compte qu'il retrouve avec plaisir l'improbable extraterrestre géant GIN-GR. Non seulement il se souvient de son histoire personnelle racontée dans un mode original dans le tome précédent, mais en plus le scénariste montre en quoi sa présence est dérangeante ou souhaitable en fonction du point de vue des 2 équipes. En plus il se paye le luxe de récidiver avec une forme narrative originale dans l'épisode 14, avec un fil narratif occupant les quatre cinquièmes supérieurs de chaque page, et un autre occupant les 20% restant en bas de page.

L'intrigue est déjà intéressante pour le fil narratif relatif à GIN-GR, mais en plus Matt Kindt aborde la question de la pérennité de l'équipe et la manière dont elle va s'inscrire dans la continuité de l'univers partagé Valiant. Après les destructions massives à Mexico (le lecteur sourit en voyant que Kindt sacrifie au besoin de rétablir cette ville pour que l'univers partagé Valiant ne soit pas trop éloigné de la réalité), les gouvernements ne peuvent plus cacher l'existence de cette équipe d'individus dotés de capacités extraordinaires. Cela rappelle aussi qu'il n'y a pas tant de superhéros et supercriminels sur cette Terre. Il se pose la question de savoir comment communiquer. le scénariste montre pourquoi Livewire est choisie pour cette tâche, et qu'il n'est pas possible de rendre publique l'existence de Ninjak qui perdrait beaucoup à voir sa qualité d'espion étalée sur la place publique. Kindt prend également un malin plaisir à jouer avec l'inexpérience de Zephyr (Faith Herbert), comparée aux guerriers endurcis que sont Eternal Warrior et Ninjak, et même Livewire.

Carlos Alberto Fernandez Urbano dessine ces 3 épisodes avec un bon niveau de réalisme qui se prête bien à ancrer ces missions dans un contexte réel et concret. Il utilise des traits de contour pas trop appuyé, en prenant soin d'ajouter quelques traits à l'intérieur des formes pour rendre compte des textures. Il intègre un bon niveau de détails pour donner de la consistance aussi bien aux personnages, qu'aux décors ou aux tenues vestimentaires, avec une petite baisse pour les arrière-plans dans le troisième épisode. La mise en couleurs de Brian Reber utilise également une approche naturaliste, avec l'ajout de zone de gris pour rendre compte des ombres portées, ce qui ajoute des petites touches de noirceur, propres à rendre les dessins plus consistants. Les scènes d'action sont spectaculaires, tout en ne devenant vraiment plus grandes que natures uniquement que lorsque les individus dotés de superpouvoirs se retrouvent entre eux, pour ne pas être trop en décalage avec le monde réel et les pauvres humains normaux le reste du temps.

Cette aventure en 3 épisodes capte l'attention du lecteur pour les conséquences de l'aventure précédente, la construction du cadre dans lequel l'équipe Unity peut exister, ainsi que la présence inénarrable de Faith Herbert au milieu de ces individus aguerris. Les dessins racontent l'histoire avec clarté et panache, sans la transformer en un spectacle inoubliable. 4 étoiles pour un récit divertissant avec de nombreuses qualités, dans lequel seuls 2 personnages parviennent vraiment à exister.

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- Harbinger: Faith 0 (dessins de Robert Gill, mise en couleurs de José Villarrubia) - Faith Herbert (Zephyr) est devenue orpheline jeune, et a été élevée par sa grand-mère. Pour supporter son chagrin, elle s'est adonnée à la lecture comics. Elle a été recrutée par la Fondation Harada, pour être déclenchée en tant que psiot. Elle a reçu l'aide Peter Stanchek et fait partie des Renégats (voir la série Harbinger, à commencer par Omega rising). Elle s'est liée d'amitié avec John Torquelson (Torque), un autre psiot. Que s'est-il passé pour qu'ils se séparent et que Zephyr soit recrutée dans Unity ?

Dans le recueil, cet épisode est intercalé entre les numéros 12 et 13 pour expliquer d'où sort cette nouvelle recrue. le lecteur qui ne s'est pas plongé dans la série Harbinger de Joshua Dysart se prive d'une excellente lecture ; néanmoins il découvre ici un résumé didactique de l'histoire personnelle de Faith Herbert. En outre, il bénéficie d'une présentation d'une jeune femme au caractère bien affirmé et aux valeurs morales bien ancrées, dépourvues de cynisme, mais aussi de naïveté. Joshua Dysart maîtrise son personnage et sait transcrire son caractère avec une sensibilité juste. le conflit de valeurs entre elle et John Torquelson est une évidence, sans que son conjoint ne passe pour une ordure dévoyée. le scénariste sait faire passer toute l'entrain et la joie de vivre de Faith Herbert, sans oublier les épreuves qu'elle a traversées, dans un portrait sensible et crédible. Il n'oublie pas de glisser quelques traits d'humour telle la taille des mains de Torque quand il joue à la console.

Robert Gill réalise des dessins descriptifs avec un niveau de détail élevé, sans oublier de représenter les décors en arrière-plan. Il s'applique sur le détail des aménagements intérieurs et des tenues vestimentaires. Les façades d'immeuble sont parfois un peu trop simplifiées dans leur représentation. Il s'amuse beaucoup à dessiner le visage de Faith les yeux grands ouverts, ce qui finit par ne plus être qu'un tic graphique trop présent. Par contre il ne triche pas sur sa silhouette en surpoids.

Cet épisode permet de (re)découvrir le personnage de Faith Herbert et de passer un bon moment en compagnie de cette jeune femme très agréable, tout en prenant partie dans un conflit de valeurs. 5 étoiles.