Tressant les temps forts du règne de Philippe le Bel et les destins de personnages réels ou fictifs,
Aline Kiner nous entraîne avec
La nuit des Béguines dans un Moyen-Age méconnu, celui des béguines, ces femmes le plus souvent célibataires ou veuves, appartenant à une communauté religieuse laïque sous une règle monastique, mais sans former de voeux perpétuels.
Le mouvement béguinal, apparu à Liège à la fin du XIIème siècle constitue le premier type de vie religieuse féminine non cloîtrée ; il s'étend rapidement en Europe du Nord-Ouest, le long de l'axe rhénan. Les béguines vivent dans de petites maisons individuelles souvent regroupées autour d'une chapelle pour former un ensemble appelé béguinage.
Proches des ordres mendiants, leur indépendance les rend suspectes aux autorités ecclésiales et elles sont bientôt persécutées, notamment avec l'exécution de
Marguerite Porete puis condamnées par le concile de Vienne pour « fausse piété ».
Ses héroïnes, solidaires, subversives et féministes avant l'heure, animent une fresque résolument moderne.
Aline Kiner montre parfaitement la liberté et l'indépendance que les femmes ne connaîtront plus avant des siècles.
Le roman s'ouvre sur l'exécution de
Marguerite Porete, une béguine, auteure du Miroir des âmes simples, un ouvrage condamné par l'Eglise, dans lequel la mystique prône une relation directe avec Dieu, se passant ainsi des ecclésiastiques ! Des propos sacrilèges qui lui vaudront le bûcher le 1er juin 1310.
Puis l'on suit Ysabel, dame Ade et Maheut dans leur quotidien au sein du béguinage et c'est passionnant !
Aline Kiner s'est indéniablement documentée sur les béguines mais aussi sur le règne de Philippe le Bel, les Templiers, la vie à l'intérieur du cloitre mais aussi dans ce Paris du XIV siècle dans lequel on s'immerge de la première à la dernière page.
On longe les rues étroites du Marais, on entre dans les boutiques d'étoffes luxueuses des marchands lombards mais aussi des ruelles surpeuplées et bruyantes. On se promène rue de la Verrerie, rue du Temple, pour traverser le pont aux Changes, remonter la rue St-Jacques en imaginant ce Moyen-âge si mouvementé où déjà les étudiants de la Sorbonne luttaient contre l'obscurantisme et réclamaient une réforme de l'Eglise.
Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman très contemplatif, je n'ai ensuite pas boudé mon plaisir notamment grâce à la plume travaillée de l'autrice mais surtout grâce aux personnages et aux thèmes abordés : veuvage, mariage, maternité, indépendance…
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