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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Brassé, secoué, rincé, lessivé,… Punaise ! La virée sur le « tail » de Den Keith, quel pied !

Dennis Keith, 58 ans, 115 kg est une ancienne gloire du surf australien. Il vit avec sa mère dans un lotissement pour vieux, la tête brûlée par les excès de drogues dans les années 70. Une jeune journaliste s'intéresse au personnage et approche le monstre sacré pour écrire sa biographie.

Ainsi, en parallèle de sa vie de quasi reclus, nous suivons l'ascension du jeune surdoué qu'il fut. Dès son plus jeune âge, il est attiré par le surf et en compagnie de son « frère » Rod, il mettra tout en oeuvre pour être constamment sur l'eau, jusqu'à devenir champion du monde.

Roman magnifique, à l'écriture très particulière, proche de l'oralité, pleine de poésie (mention spéciale pour la traduction) ; phrases courtes, hachées, comprimées … tout cela pour composer le portrait inoubliable, d'un type hors du commun, qui deviendra plus que l'ombre de lui-même, schizophrène et paranoïaque.

Dennis Keith est le jumeau romanesque de Michael Peterson, un australien fantasque, roi de la glisse durant les seventies qui est décédé il y a quelques semaines le 29/03/2012.

Dernier bon point, la jeune maison d'édition « Asphalte » a joint sur le rabat de la quatrième de couverture une playlist composée spécialement pour elle par l'auteur. Idée qui colle bien au bouquin.
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Du surf, je ne connaissais que les Beach Boys, "Point break" et "Les seigneurs de Dogtown". Ben ouais, mais nan. Tout ça, c'est du pipeau à côté de ce roman.
Soit Dennis Keith, aka DK, dit DeeKay, 58 ans, 115 kg, ses aviateurs sur le nez, ses grosses jambes (ses poteaux sans genoux), qui vit avec M'man dans un village de retraités sur la côte du Queensland, Australie. Et qui se fait interviewer par une Foutue Bi-Ographe. Pasque DK est une légende. Un mythe, un héros. le Grand Homme. le meilleur surfeur de tous les temps. Pur génie naturel. Insaisissable. Mais faut pas lui parler de la fille dans la fibre de verre. Nada.

Shangrila (avec un tiret et un "s" final) était pour moi un chouette groupe de pop-rock américain des 60's. Il s'avère que c'est aussi un lieu imaginaire où le temps est suspendu (dixit Wikipédi@), inventé par James Hilton dans son roman "Les horizons perdus". Ici, c'est le nom de la maison d'enfance de DK sur la Gold Coast, l'Eden des surfeurs avant que le surf devienne un truc commercial pollué par des mannequins pour maillot de bain. du moins est-ce la vision de DK, né de l'océan, dieu vivant du surf, champion marginal et homme d'affaires à 18 ans, en plein flower power. Et Shangrila devient son Rosebud. Adios bye bye.
Ce roman a un parfum de nostalgie rageuse. Il exalte la plénitude d'un monde sans règles, d'une époque innocente où tout était simple et possible. Mais il dégouline de niaque aussi, car DK est un tueur. Il ne supporte pas que l'on gâche les vagues, ni l'esprit du surf sauvage, même si "le surf était déjà pourri en 1960, alors imaginez en 73" ; un puriste obsessionnel et entier, qui parle de sa pratique avec un naturel et une passion qui le rendent terriblement proche et captivant. Et qui avoue sa propension à passer à côté de sa vie : "How could this so great turn so shitty ?" comme chantaient les Pixies. DK est un rebelle, un loser, et pourtant le meilleur. Zéro compromis.
J'ai adoré ce roman, sa célébration de la liberté et d'un style de vie inimaginable aujourd'hui, et sa valorisation d'une forme d'arrogance crâne qui fait un bien fou. Mais surtout, j'ai été épatée et impressionnée par le travail de Malcolm Knox sur le phrasé de DK. En se racontant, DK utilise de façon aléatoire le je, le tu, le il, et ça reste lisible et cohérent. L'auteur nous fait accéder à l'esprit angoissé de son champion sans jamais nous perdre, même en dépit des termes techniques propres au surf qui ponctuent le récit, tant celui-ci est vivant et crée des connexions "d'âme à âme" entre le lecteur et le narrateur. Ben ouais.

C'est donc un drôle de livre, à la fois cool et puissant, fascinant et tragique. Une garantie de dépaysement et de retrouvailles avec une part de soi-même. Chef d'oeuvre. Ouais, merci beaucoup Malcolm Knox. Et merci.
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Après L'heure des gentlemen, le dernier et assez décevant roman de Don Winslow paru en France, on continue à se diriger vers l'été avec du surf. Mais on joue là dans une autre catégorie. Oubliez les dialogues de Patrick Swayze et Keanu Reeves sur le karma, la vague métaphysique et autres réflexions ésotériques sur le surf, car Malcolm Knox vient pour casser le mythe du surfer ultracool défenseur des dauphins qui passe son temps à voyager d'une vague à l'autre et qui ramasse les déchets sur la plage pour protéger sa mère la Terre.

« L'autre truc que t'as appris : à l'eau, c'était la guerre.
[…]
À prendre des vagues déjà prises. À se donner des coups de pied dans les planches. Rod a poncé le rail des siennes, histoire de bien faire saigner quand il donnait une beigne à un autre surfeur à la cheville. Il est devenu tellement bon à ce p'tit jeu qu'il était capable d'aller à l'avant de sa planche et de donner un coup avec l'arrière, et aussi la dérive et tout le bazar, à quelqu'un qui était derrière lui sur la vague. Si y'avait eu des points à grappiller pour utilisation de la planche comme d'une arme, Rodney Keith Keith serait devenu champion du monde ».

C'est là la vision du surf que nous livre DK, Dennis Keith, héros de ce roman que l'on découvre à 58 ans, pesant 115 kilos, et vivant avec sa vieille maman dans un pavillon pour retraité. Dennis Keith qui, tout les matins, enfourche son vieux vélo, son chopper de gamin, pour aller manger une glace. Dennis Keith, paranoïaque, schizophrène, égocentrique, mutique. Dennis Keith, légende du surf australien, premier champion du monde, qu'une jeune journaliste pour une revue de surf vient de retrouver pour essayer de lui faire raconter sa vie.
La vie de DK va donc se dérouler sous nos yeux, des années 1960 aux années 1980. L'ascension d'un gamin de la Gold Coast adopté par une femme seule et pauvre qui, avec son frère, révolutionne le surf, poussé par une seule envie : déchirer, détruire les vagues, surtout quand d'autres veulent les prendre. L'histoire d'un homme chez qui la compétition permanente, les drogues, l'égocentrisme, vont réveiller les folies et rendre encore pire la chute jusqu'à la déchéance, jusqu'au drame.

Si le surf est au centre de la vie de Dennis Keith, s'il en est même pendant longtemps le seul moteur, Shangrila n'est pas qu'un roman sur le surf. Certes, on l'a dit, il vient briser l'image mythique du soul surfer, on n'est ni dans Point Break, ni dans Endless Summer et encore moins dans une chanson des Beach Boys, mais il est surtout l'autoportrait magnifique d'un homme qui se voudrait héros quand il sait n'être rien ni personne.
Trouvé sur une plage, jamais déclaré aux services de l'enfance, DK n'existe pas administrativement et apparaît littéralement comme un fantôme, surgissant sur le line up quand personne ne l'y attend, disparaissant derrière ses Ray Ban aviateur, finissant reclus et niant être lui-même.
Cette négation de l'identité aggravé par le souvenir d'une enfance extrêmement pauvre trouve un pendant dans l'affirmation par DK de son désir de reconnaissance à travers son seul talent, cette capacité géniale à prendre une vague et à la déchirer, morceau par morceau, avec son surf. Mais, dépassé par la légende qu'il se construit par le biais de son comportement erratique et de son caractère qui associe une timidité proche de l'autisme à une ambition démesurée, Dennis Keith ne peut que se préparer un destin tragique.
Accompagné d'une mère courageuse mais qui ne sait pas partager son amour entre l'enfant trouvé et adoré, Dennis, et l'enfant biologique et ignoré, et donc de ce frère mourant de jalousie qu'est Rodney, DK s'enferme à l'intérieur de lui-même. Sauf que, pour lui, il n'est rien. Rien de ce que voient les autres en lui. Et qu'il demeure l'enfant effrayé trouvé dans un trou au bord de la plage et qui passera sa vie à courir après la sensation fugace d'accomplissement éprouvée lors de ses premiers surfs adolescents.

« le surf était déjà pourri en 1960, alors imaginez en 73. En ruine. le seul surf pur qui restait, le surf innocent, le surf de l'âge d'or, il se trouvait en toi, à l'époque où t'étais trop jeune pour connaitre toutes ces conneries. L'âge d'or du surf, c'est quand t'as douze ans et que les journées durent cinquante heures d'affilée et que tous les jours tu surfes des vagues énormes sur une mer de rêve, et qu'y'a personne à l'eau et que tu prends cent vagues parfaites par session. C'est quand tu vois un autre gosse avec une planche sous le bras et que tu l'arrêtes pour lui demander à quel break il va, et que vous vous mettez à parler et du coup vous partez ensemble pour surfer ce break-là. le truc, c'est que l'âge d'or ça arrivera toujours qu'à un gamin de douze ans, pasqu'après il se réveille et le surf est devenu ce truc commercial, l'eau est blindée de monde et voilà c'est tout foutu et il lui reste plus qu'à soupirer jusqu'à la fin de sa vie.
Et quand il voit un autre gars avec une planche sous le bras, maintenant, il espère juste qu'il va se faire écraser par une voiture avant d'atteindre la plage.
L'âge d'or, mon oeil ».

Si l'écriture de Malcolm Knox apparaît déstabilisante au cours des premières pages, la mécanique se met rapidement en place et l'on a tôt fait de se laisser porter par se style faussement décontracté et empli d'une grande tension latente. À l'image de son héros.
Knox arrive donc à nous servir un roman féroce non pas sur la fin de l'innocence, mais sur l'absence d'innocence. C'est réussit et c'est même souvent magnifique. Que l'on aime le surf ou pas, que l'on connaisse le surf où que l'on soit totalement ignorant en la matière, il serait dommage de passer à côté de ce qui est avant tout un beau roman sur l'ambition, la fragilité du succès et la solitude.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Itinéraire guerrier halluciné d'un enfant du surf glissant du psychédélique au monétisé.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/04/10/note-de-lecture-shangrila-malcolm-knox/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Histoire d'un ange déchu du surf, star mondiale des années 70, ravagé par la maladie mentale et les drogues, aujourd'hui obèse et reclus avec sa mère dans un ghetto de vieux.

Une narration déroutante qui s'avère plaisante une fois apprivoisée, les 509 pages du roman, on les passe dans la tête du héros et c'est aussi bien rangé qu'une chambre d'ado là dedans, de son existence millimétrée, rompue par ses escapades nocturnes dans l'océan en compagnie de sa planche, dont il dit lui même qu'elle se demande ce qu'elle a bien pu faire pour mériter ça, à sa rencontre avec une journaliste, une de plus mais celle là s'accrochera comme une tique sur un chien, qui l'approche pour écrire sa biographie.

L'exercice est loin d'être facile, faut dire que le bonhomme a prononcé en 58 ans de vie moins de mots que je ne viens d'en écrire. S'il ne lui livre pas grand os à ronger, sa présence, ses questions, ravivent ses souvenirs (rappelez vous, on est dans sa tête).

De sa découverte du surf avec son frère Rod, de ces vagues qu'il sera le seul à tenter et dompter, de son titre de Champion du Monde, de son grand amour assassiné, de son grand amour qui tentera de l'assassiner: cette poudre blanche qui coule à flots des tuyaux des seventies, avec une prédilection pour les rock stars, les hippies et fait moins connu, pour les surfeurs. À l'instar du sex, drug and rock'n'roll, les années 70 furent celles du sex, drug and surf.

Les connaisseurs ne manqueront pas de faire le parallèle avec Michael PETERSON, selon Alain GARDINIER, le héros EST Michael PETERSON. Nul doute quoi qu'il en soit que KNOX s'en soit inspiré : mêmes lieux, mêmes dates, même génie, mêmes excès, même maladie psychiatrique.

Nul besoin d'aimer le surf, nul besoin d'y connaître quoi que ce soit pour apprécier ce roman,, s'attacher à ce héros qui délaisse l'auto-apitoiement au profit d'un regard caustique sur lui même, nous tirant même quelques éclats de rire.

Un très bon moment de lecture.

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Shangrila est une incursion dans le cerveau malade de Dennis Keith, star déchue du surf australien devenu obèse et impotent. Déroutant au début par sa forme qui, dans une langue très "parlée", emprunte les sentiers tortueux de la mémoire de DK, personnalité schizophrène, mégalomane et paranoïaque, le livre est une description quasi documentaire de l'essor du surf des années 60 à 80. DK, enfant trouvé exceptionnellement doué pour ce sport, retrace son enfance sauvage dans sa famille adoptive déglinguée, les bandes rivales, les compétitions, la célébrité, la défonce, les débuts de l'exploitation commerciale et la déchéance. Inspiré de la vie de Mickaël Peterson et d'évènement sportifs réels, le roman est vraiment au plus près de son sujet et destiné aux passionnés de surf comme aux néophytes.
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