Dans cet essai très intime,
Marie Kock nous fait une proposition : repenser, au prisme du célibat, les normes de la « bonne vie », celles que l'on se doit de suivre pour être validée par la société.
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Être célibataire à 40 ans aujourd'hui, c'est inspirer de la pitié, de l'agacement parfois, c'est encore potentiellement être soupçonnée d'avarice ou d'égoïsme. L'autrice convoque de nombreuses figures issues de la culture populaire qui participent à construire et renforcer cette perception négative. La
vieille fille, c'est l'aigrie, la mal-baisée, la chaperonne.
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Mais
Marie Kock nous dit qu'être
vieille fille, c'est aussi avoir un autre regard sur le monde. de sa position marginale, la
vieille fille observe les défaillances, les douleurs que peut engendrer l'injonction du couple à tout prix, et les sacrifices qu'il peut représenter. Elle voit aussi le potentiel libérateur de n'être responsable que de soi-même, de ne pas avoir à se surveiller et surveiller l'autre, et de nourrir d'autres relations.
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La proposition qui nous est faite ici, c'est de réfléchir aux injonctions au couple, mais plus largement aux injonctions à la performance, à la consommation, au succès. Parfois le discours autour du célibat prône le fait de réussir sa vie autrement que par le couple, de faire de grandes choses, de transmettre autrement qu'en ayant des enfants, d'être aimée par tout un tas de gens.
Marie Kock va à rebours de ces réflexions, en revendiquant, de façon assez osée, un droit à l'oisiveté et à l'inutilité. C'est un des thèmes abordés qui m'a le plus interpellée, remettant au centre la question de la productivité de nos vies, quels que soient les sens que l'on peut mettre derrière ce terme.
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Marie Kock fait aussi un travail réflexif intéressant (et hyper émouvant) sur les raisons qui l'ont poussée à écrire ce livre, révélant toute la complexité de ce sujet, qui interroge à la fois nos besoins de sécurité affective et la puissance des constructions sociales qui rend difficilement souhaitables d'autres modèles.
J'ai trouvé cette lecture intense et j'ai eu envie de m'en souvenir. J'ai noté plein de choses dans mon carnet, je n'ai pas toujours été d'accord mais j'ai trouvé ça hyper riche. J'ai aussi eu envie de croiser cette lecture avec deux autres lectures récentes : « le choix d'être mère », de
Renée Greusard, sur les tabous qui entourent la maternité et «
vieille peau », de
Fiona Schmidt, sur la perception de la vieillesse, les discriminations liées à l'âge et les doubles standards genrés. J'ai trouvé ça marrant de lire ces trois livres dans le même timing un peu par hasard, et ça m'a fait penser à «
Sorcières », de
Mona Chollet, car chacun d'entre eux correspond à un chapitre de l'essai : le célibat, la maternité ou non-maternité, et la vieillesse. Ils interrogent chacun à leur manière différentes étapes sociales et intimes de notre vie, dans une perspective féministe. Ils sont aussi écrits un peu avec le même style : par des journalistes qui s'appuient sur leur expérience personnelle pour identifier des problématiques sociétales. Je trouve ça hyper intéressant par plein d'aspects : identification, simplicité du discours et donc accessibilité, ou encore lien avec la culture populaire. Mais je trouve ça aussi parfois un peu crispant ou frustrant, parce que j'ai l'impression que certaines idées sont énoncées comme des vérités, sans sources solides, et les exemples qui sont utilisés pour illustrer certaines idées restent des exemples qui sont presque présentés comme des preuves. Je ne sais pas trop quoi en penser, mais je note ça là pour y revenir plus tard !
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