"sans précaution"... L'Histoire a parfois besoin d'être bousculée.
Nous sortir des lieux rebattus et des superlatifs à la gloire de ... permet d'envisager faits, idées et affects autrement que par les "cocoricos" louangeurs excessifs.
En cela, le livre de
Barbara Krajewska porte un regard réaliste et ôte la guimauve dans laquelle baignent ces salons littéraires du XVIIè dont le plus connu est celui de Madame de Rambouillet.
Nous y côtoyons tous les grands noms de l'époque (Chapelain, Voiture, Malherbe, Racan, Les Scudéry frère et soeur,
Guez de Balzac, les Condé et bien d'autres).
Nous voyons apparaître au-delà des ambitions littéraires, des soucis langagiers, du savoir-vivre mondain, de la codification de l'amour (Carte du Tendre), un monde qui dit l'idéal et vit son contraire dans un excès souvent heurtant.
Politique, hypocrisie, personnalités à double visage se partagent ce monde où l'ennui se combat non par le travail ou l'altruisme mais par l'art de la conversation, des débats littéraires jusqu'aux querelles (Querelle de "Job" et d'"Uranie", Querelle du "Cid"...), la linguistique, les rimes bonnes ou mauvaises, les jeux, la flatterie excessive, le libertinage...
L'étude poussée de la correspondance, phénomène de mode au XVIIè, a permis à l'auteur de brosser le portrait de cette société particulière et fermée.
"La culture sert à bâtir une société humaine" dit-elle.
En cela est le mérite des salons de l'avoir favorisée, tout en sachant qu'elle n'abolit pas les faiblesses humaines qui se révèlent entre les lignes dans leur réalité crue.
Les parallèles avec l'homme d'aujourd'hui sont éloquents.
Emaillant son texte de nombreuses citations d'auteurs,
Barbara Krajewska nous donne avec ce livre, une leçon d'Histoire avec ses "historiettes" et suscite notre réflexion.
Rien n'est à idéaliser.