Pierre Kropotkine est un géographe, anthropologue, géologue et le célèbre théoricien russe de l'anarcho-communisme, doctrine fondée sur l'autogestion, la démocratie directe et une liberté politique des individus.
Dans ce court essai intitulé l'entraide,
Kropotkine soutient que l'évolution des différentes espèces et leur perpétuation est principalement fondée sur l'entraide. Fort de ses constats lors de ses travaux d'anthropologue, l'auteur multiplie les exemples de solidarité observés chez plusieurs espèces animales ainsi que dans les sociétés humaines primitives mais également au moyen âge. En effet, le système de communes, de guildes et de cité a permis de garantir une forme d'entraide chez certains corps de métier et a contribué de manière globale au fondement des civilisations et à garantir une certaine prospérité.
Mais
Kropotkine veut surtout démontrer l'erreur de tous les philosophes politiques qui ont fondé leurs théories sur le pessimisme anthropologique de la nature humaine, et en particulier Hobbes avec sa théorie du Léviathan consistant à imposer la nécessité d'un Etat fort et régulateur qui sortirait l'homme de son état de nature qui est la guerre de tous contre tous.
Kropotkine se positionne également contre les interprétations superficielles des travaux de Darwin et les pourfendeurs du Darwinisme social. La loi du plus fort n'est pour lui qu'un mythe qui bute sur le terrain de la réalité.
Ce livre s'inscrit donc logiquement dans la pensée anarchiste de l'auteur et dans cette utopie de vivre sans Etat.
« L'absorption de toutes les fonctions par l'État favorisa nécessairement le développement d'un individualisme effréné, et borné à la fois dans ses vues. A mesure que le nombre des obligations envers l'État allait croissant, les citoyens se sentaient dispensés de leurs obligations les uns envers les autres…. Tout ce qu'un citoyen respectable doit faire aujourd'hui est de payer l'impôt et de laisser les affamés s'arranger comme ils peuvent. Aussi la théorie, selon laquelle les hommes peuvent et doivent chercher leur propre bonheur dans le mépris des besoins des autres, triomphe-t-elle aujourd'hui sur toute la ligne — en droit, en science, en religion »
On peut rétorquer à
Kropotkine son argumentaire sélectif (ce dernier ne cite pas des exemples de comportements égoïstes), son optimisme naïf mais ses propos sont un véritable antidote à la misanthropie qui peut frapper chacun de nous à l'observation de l'état du monde.