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Kropotkine a écrit cet essai environ 40 ans après « l'origine des espèces » de Darwin. Depuis lors, beaucoup de théories économiques, sociales et politiques se sont emparés de sa théorie de la sélection naturelle, ou du moins de son vocabulaire, pour mettre en avant la loi du plus fort.

Kropotkine prend ici le contre-pied de ce courant : les espèces et les individus ne sont pas en guerre perpétuelle les uns contre les autres, mais au contraire, seule la capacité d'entraide et de solidarité permet à une espèce de résister aux attaques extérieures.

La première partie est centrée sur les animaux : l'auteur donne de nombreux exemples d'animaux qui se vivent ensembles pour protéger les mères pendant la période des naissances, pour chasser en groupe, pour se défendre contre des adversaires plus forts en un contre un mais totalement impuissants face à un groupe soudé.

Dans les sociétés humaines, l'entraide a toujours été de mise également : que le groupe soit la tribu, la famille, le village ou la guilde, il a toujours cherché à limiter les conflits, protéger ses membres de la misère et de la faim. Dans cette seconde partie, Kropotkine nous fournit toujours autant d'exemples : chartes de guilde, lois, serments, … L'ensemble donne une image bien plus civilisée de l'antiquité et du moyen-âge que celle qu'on s'en fait encore aujourd'hui.

Au final, l'être humain est altruiste, non pas pour respecter des règles divines, ou la loi, ou parce qu'il a une vertu supérieure à la moyenne, mais parce qu'il ne peut finalement pas faire autrement : l'entraide est "inscrite dans ses gènes" depuis des millions d'années.

Seuls les exemples de solidarité ont été étudiés dans cet essai, les comportements égoïstes ont été laissés de côté, ce qui peut donner une impression d'optimisme naïf au texte. Kropotkine en est parfaitement conscient, et explique qu'ils ont été très (ou trop) traités, et qu'il est nécessaire de rétablir la balance.

Si vous êtes sujet aux crises de misanthropie, conservez cet ouvrage sous le coude, il vous fera le plus grand bien.
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Kropotkine remet en cause, par ses nombreuses observations, la conception des darwinistes de la lutte acharnée pour les moyens d'existence, entre les animaux de la même espèce, comme principale caractéristique de la lutte pour la vie et principal facteur d'évolution. Bien au contraire, il a pu constater que l'entraide et l'appui mutuel sont pratiqués dans des proportions telles que la loi de l'aide réciproque pourrait être beaucoup plus déterminante dans la lutte pour la vie, comme l'avait d'ailleurs exprimé Darwin lui-même.
(..)
Texte fondateur incontournable !

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Dans cette traduction par Louise Guiyesse-Breal, le texte de Pierre Kropotkine est d'une extraordinaire actualité. Il évoque l'intelligence des animaux, leur sociabilité, sans se poser de questions compliquées sur leurs définitions, et ses constats sur la diminution des populations sauvages pourraient avoir été écrits aujourd'hui. L'observation est utilisée pour glisser par analogie vers les sociétés humaines anciennes puis au moyen âge, jusqu'à la société "moderne" de la fin du XIXe siècle.

La démonstration sur la sociabilité comme critère de sélection naturelle semble déjà exceptionnelle pour l'époque, alors que le capitalisme, comme d'habitude, s'était déjà emparé des thèses de Darwin pour les détourner à son avantage : les dominants survivent au dépend des dominés, chacun pour soi !
Bien sûr certains concepts de races, de sauvages datent de cette époque, mais le propos prend tout son sens quand on voit ou nous emmène le capitalisme... avec de tels idées de compétition.
Le plus étonnant reste la description historique des communautés constituées au moyen âge (communes, guildes, cités) dont la prospérité a permis des constructions telles que les cathédrales et l'analyse de cette prospérité par le système de gouvernance mis en place par ces communautés. Rien d'étonnant à ce que ce sujet soit passé sous silence dans l'histoire officielle, dans la mesure où nul chef suprême, nulle organisation étatique centralisee et verticale ne vient troubler cette prospérité, l'histoire étant celle des puissants.
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Petit manuel de survie ( 1902) indispensable pour traverser le 21e siècle !
Nous avons évoluer parce que nous avons su ( il y a longtemps de cela.....) nous entraider et non nous entre-tuer !
Guildes, coopérations, associations, communs, syndicats, tout au long de notre histoire nous avons su mutualiser, gérer, répartir en ayant l'entraide comme valeur et non la charité comme dogme.

Astrid Shriqui Garain
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extrait de l'introduction de Isabelle Pivert dans l'édition de 2010 aux éditions Sextant :

"Souvent mal lue, la théorie de Darwin, appliquée aux sociétés humaines sous le nom de darwinisme social, validerait les crises capitalistes et leurs vagues d'exclusions, voire d'éliminations, comme une évolution nécessaire et saine pour la société. Contre ce camouflage d'une sélection impitoyable de l'homme par l'homme, les écrits du géographe Kropotkine puisent dans les exemples de la vie quotidienne : selon lui, les sociétés humaines, de tout temps, ont pratiqué l'entraide, sous diverses formes. Et c'est justement cette pratique, cette disposition, alliée sûrement à une prise de conscience, qui a permis aux êtres humains de surmonter les périodes difficiles, de refuser la soumission aux pouvoirs coercitifs, de prendre en main leur destin et tenter de vivre libres et dignes. Aujourd'hui encore, certains croient ou veulent faire croire que la lutte pour les moyens d'existence, la compétition pour tout et entre tous, permet de sélectionner les aptes, ceux qui savent s'adapter, et d'éliminer les autres, et que rien ne pourrait ni ne devrait s'opposer à cette prétendue sélection naturelle."

sinon le reste du livre rappelle que l'on devrait surveiller les hommes qui sont contre les sauveteurs de terrain de toutes sortes qu'il soit, sous peine de laisser des civilisations entières s'anéantir.
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La préface de Mark Fortier datée de 2001 semble prudemment vouloir avertir les lecteurs du contexte historique particulier dans lequel écrivait le prince Kropotkine, comme si les outrances de l'auteur anarchiste avaient de quoi choquer, révolter le regard moderne. Pourtant, quelques dix-neuf années plus tard, le monde a-t-il tant changé pour que l'ouvrage et les thèses défendues par Kropotkine apparaissent non seulement acceptables mais terriblement brûlantes d'actualité et salvatrices ?
L'égoïsme primordial de l'homo oeconomicus est partout encore brandi comme une vérité, la concurrence des individus sert d'excuse aux mauvaises moeurs, à l'avidité, à l'exploitation de l'homme par l'homme et à la non-action de nombre de personnes qui sentent bien que ce monde ne tourne pas rond. Or, le monde capitaliste qui triomphait et était devenu une évidence à la fin du XXe siècle (chute du mur vue comme fin des conflits idéologiques, fin de l'histoire), apparaît aujourd'hui complètement craquelé, illogique et grotesque, immoral… C'est dans cette perspective que la remise en cause de la théologie individualiste qui sous-tend ce système apparaît comme salvatrice.
La thèse de Kropotkine en tant que « retrouvaille » (nom si bienvenu de la collection) constitue ainsi une base essentielle pour l'élaboration d'une nouvelle société. La société individualiste, comme l'animal isolé, est vouée à l'échec, à la décadence et à l'extinction, ce que montrent la succession de plus en plus rapide des crises sociales, financières et des catastrophes écologiques. L'homme est bien un animal, mais un animal social. Et se vouloir individualiste, c'est aller contre sa nature. En cela, la thèse de Kropotkine – prudent par rapport à ce que pouvaient accepter son époque – de voir l'entraide seulement comme un facteur de l'évolution parmi d'autres, pourrait même être trop prudente et scientifiquement mesurée pour les pensées échaudées du XXIe siècle en matière d'écologie et de bien-être animal !
Kropotkine choisit contre-intuitivement pour soutenir sa thèse d'observer les phases souvent dénigrées, vues comme humainement moins morales, de l'Histoire : les sauvages, les barbares et le Moyen-Âge. La désignation seule de ces objets d'étude est déjà habituellement péjorative. Aux peuplades sauvages, on rattache souvent des moeurs inacceptables (cannibalisme, inceste, infanticide…). Les barbares sont considérées comme sanguinaires, ne connaissant que la loi du plus fort. Quant à l'âge obscur, parenthèse de régression entre l'antiquité brillante et la Renaissance, l'art y serait à nouveau enfantin et asservi à la religion, la société culminerait dans l'inégalité et la pyramidalité féodale, le servage et la pauvreté extrême des paysans, la saleté infâme des rues des villes, les guerres incessantes…
C'est donc volontairement qu'il ne traite pas les Grecs et Romains (et leur société démocratique ou encore les Spartiates communistes…). Il opère une relecture de l'histoire, une contre-histoire, montre comme dans ces phases effacées de l'histoire mais pourtant les plus longues, triomphait au contraire l'entraide humaine. Mais que ces phases de l'histoire, cette histoire stationnaire d'un mode de vie collectif s'oppose à l'histoire des événements, à l'histoire des « Grands ». Comme les historiens et écrivains, comme des journalistes modernes, cherchent le brillant et l'approbation des grands, les rois et seigneurs ont combattu les cités médiévales et les communautés de village. On retrouve ici la manière dont le pape, d'après Dario Fo avait lancé une croisade pour aider les seigneur chassés par les communautés villageoises du nord de l'Italie (cf. le Prologue à Boniface VIII dans le Mystère bouffe, 1969).
On regrettera que les fonctionnements des tribus, des communautés villageoises, des confédérations, des cités et des guildes ne soient pas plus systématiquement détaillés. Il ne s'agit pas de proposer ces organisations comme modèles. Sans vouloir idéaliser ces sociétés, Kropotkine relève simplement – comme il le fait avec les animaux – les traits significatifs relevant de cette entraide fondamentale qui caractérise d'après lui l'humanité. Autant de traits, de faits sociaux, d'exemples d'organisations, d'idées qui pourraient aider à bâtir une société nouvelle. le fonctionnement plus détaillé de ces organisations pourra ainsi être recherché par le lecteur désireux.
L'essai de Kropotkine n'a pas seulement une portée anthropologique, philosophique et politique, mais il a aussi une portée écologique. Son premier article rétablit des vérités sur le monde animal, mais il évoque largement l'entraide et la complémentarité des différentes espèces. Non seulement l'homme devrait vivre en mettant en avant la solidarité (la fraternité avant les autres valeurs ?), mais il doit également considérer les autres espèces et donc la nature comme des frères avec lesquels il constitue une société d'entraide. Car s'il doit protection à la nature, il est aussi protégé et dépendant d'elle et de la survie des autres espèces. Une vision de l'homme pris dans un environnement d'interdépendances qui font sa force et non sa faiblesse, qui garantissent un espace de libertés et non la restreignent, qui en mettant les individus et formes de vie à leur juste place, leur garantissent un égal droit à la vie et non une égalité absolue inaccessible fondée sur le rattrapage des « moins égaux » du niveau atteint par les « meilleurs ».
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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L'un des pères de l'anarchisme nous livre là un livre presque "spirituel" : en s'opposant aux ambassadeurs du "darwinisme social", c'est-à-dire ceux qui posent comme prémisse que la lutte est l'équation perpétuelle des individus, Kropotkine, en se basant sur Darwin aussi bien que des preuves empiriques dans le monde de la faune et celui des hommes, prouve que, au contraire, c'est l'entre-aide qui est la récurrence dans nos rapports à l'Autre ; les hommes, qu'ils aient été en famille, clan, communauté rurale, guilde urbaine, ... n'ont jamais arrêté de s'aider les uns les autres, de fructifier un esprit de solidarité aux dépends des fluctuations économiques ambiantes.

Cet ouvrage est, réellement, une démonstration de "écologie humaniste" qui a émaillé les relations des animaux et hommes entre eux, depuis la nuit des temps, et nie la "métaphysique" belliqueuse de ceux qui voudraient que la violence ait été le monocle exclusif par lequel l'humanité a observé le "différent".
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Afin de démontrer que l'entraide est un facteur essentiel de la survie des sociétés humaines et pour contredire le discours dominant prônant l'individualisme et la concurrence entre tous, Pierre Kropotkine (1842-1921) recense les différents regroupements de personnes existant.
(...)

Cet ouvrage ne nous aura que mis en appétit de sa version intégrale.


Article complet en suivant le lien.
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Dans notre vie quotidienne, à travers nos rencontres, les événements qui nous entourent de plus ou moins loin, nous sommes tellement conditionné à vivre avec une vision permanente de "la guerre de tous contre tous" (vision malheureusement défendable) que la lecture de ce livre m'a fait tout simplement du bien. Je n'irai pas jusqu'à dire que l'entraide surpasse l'adaptation individuelle dans les critères d'évolution des espèces mais cette notion est trop souvent balayée.
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Au cours de ses voyages en Sibérie, Pierre Kropotkine a pu observer de nombreuses situations d'entraide chez toutes sortes d'animaux confrontés aux rigueurs d'un climat extrême qui ne leur permettrait pas de survivre sans elle. Il se demande s'il n'en est pas de même chez les humains et également si l'entraide n'a pas été déterminante dans le processus d'évolution de nos sociétés. Ces impitoyables luttes pour la vie, constatées chez les animaux, ou même ces luttes de chaque « sauvage » contre tous les autres puis de chaque être « civilisé » contre tous les autres ne sont-elles pas compensées, transcendées par une solidarité et une entraide généralisée ? le monde moderne ne reposerait-il que sur le « chacun pour soi et l'Etat pour tous » ? À l'occasion de migrations, de défense naturelle ou de chasse, très rares sont les espèces qui ne la pratiquent pas. L'auteur poursuit son étude avec les peuplades primitives de la Préhistoire et d'endroits reculés de la planète. Bien avant la famille mono-nucléaire, la tribu, la bande furent les toutes premières formes de vie sociale la pratiquant systématiquement pour survivre. Puis il étudie toutes les périodes historiques jusqu'à nos jours pour voir comment ce phénomène a évolué…
« L'entraide, un facteur d'évolution » est un essai sociologique et historique passionnant, paru d'abord sous forme d'une suite d'articles dans un journal britannique « 19th Century ». Très bien écrit et parfaitement documenté (nombreuses notes et appendices en fin d'ouvrage), il n'a pas pris une ride en dépit de son grand âge (1906). L'étude s'achève avant la révolution bolchévique sur le constat que le monde moderne (enfin celui de l'époque) a réduit comme peau de chagrin la solidarité et l'entraide, même s'il en trouve encore quelques traces avec les syndicats ouvriers ou les associations diverses et variées (type loi 1901). Principe de base de toute société humaine, l'entraide qui était vitale et systématique chez les tribus primitives a donné naissance aux communautés villageoises et aux villes libres qui ne dépendaient que d'elles-mêmes, organisaient leurs échanges, leur commerce, leur justice et disposaient même de terres en propriété collective. Il constate le début de la fin vers les XIVe et XVe siècle quand les paysans, un peu négligés par les bourgeois des villes, pensèrent trouver aide et protection auprès de seigneurs ou de prélats qui profitèrent de la situation pour commencer à s'enrichir en privatisant d'importantes portions du territoire. La Révolution de 1789 acheva le processus en interdisant les guildes, les corporations et toute forme de regroupement en dehors d'elle-même (Loi le Chapelier). Toutes les Jacqueries, révoltes, mouvements populaires et même la Réforme protestante ne furent que des tentatives pour revenir au principe de solidarité d'antan. le lecteur termine sa lecture en se demandant ce que le prince Kropotkine, idéaliste et grand inspirateur de l'anarchisme, pourrait dire aujourd'hui de notre société atomisée, où le citoyen ne connait pas son voisin de palier mais attend tout de l'Etat-Providence.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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