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EAN : 9791026248927
Librinova (31/12/2019)
4.83/5   3 notes
Résumé :
Dix nouvelles, un recueil sur le temps qui passe, les aventures d'hier et d'aujourd'hui. Ruptures et passions soudaines, rock'n'roll et contrées lointaines, verre moitié vide ou moitié plein, Secouer puis verser.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je lis avec curiosité les romans et les nouvelles de Patrick Kurtkowiak depuis quelque temps. En effet, j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire à propos de ses autres livres : il écrit en faisant passer les messages venus du corps avant ceux de leur interprétation, sans les passer par un filtre de censure, donc en laissant libres toutes les réflexions intérieures sur la sexualité des personnages, contrairement à moi. Cette distance m'intéresse et m'interroge.

Mais dans le recueil Secouer puis verser, son écriture a changé.

Bien sûr, il reste, mêlées à la narration, des généralités sur la vie sexuelle des personnages : j'imagine que c'est parce que pour l'auteur, c'est un baromètre puissant du couple et que cela lui permet de caractériser les couples qui vont bien et ceux qui ne dureront pas. Pourquoi pas. Mais il ne s'agit plus de s'arrêter aux détails et de les insérer systématiquement dans la narration : c'est plutôt une caractéristique parmi d'autres, qui est donnée une fois ou deux parmi d'autres caractéristiques de la vie et du couple. Elle n'est plus dominante.

Quelles sont les conséquences, pour l'écriture, de pareille évolution ? Il me semble que si le corps est moins important, alors cela laisse la place à deux choses.

D'abord, si la clé des relations entre les êtres n'est plus à chercher uniquement dans leur vie sexuelle, c'est qu'elle est aussi ailleurs, dans tout ce qui n'est pas déterminé de manière immédiate par le corps : les relations parents-enfants, les relations amicales, la nostalgie, deviennent déterminantes. La nouvelle « Amicalement vôtre » est à cet égard intéressante, un peu comme si elle était à la frontière entre les deux mondes : son thème central est celui de l'amitié, mais cette amitié est gâché par la sexualité. Dans la dernière du recueil, « Rade nostalgie », c'est carrément l'inverse : amitié et parentalité rendent dérisoires les motivations sexuelles du héros.

Et ensuite, les émotions deviennent beaucoup plus cruciales. Non pas qu'elles étaient absentes de ce qu'écrivait l'auteur auparavant. Mais il était beaucoup question de rivalité, d'amours tarifées, de rapports de force ou de manipulation, qui cristallisaient les rapports entre les personnages et finissaient par résumer leurs rapports et leurs sentiments. Dans Secouer puis verser, les émotions guident les décisions des personnages et conditionnent le dénouement de chaque nouvelle : c'est particulièrement visible dans « La Complainte du Vieux Beau ». Au début, ce personnage est résumé d'un « vieillir vaut mieux que mourir mais quelle tristesse de voir le temps passer ». Au fil de la nouvelle, le personnage « se [découvre] une âme de père envers un fils qu'il n'avait jamais eu, le transfigurant ». Avec une conséquence inattendue en conclusion...

C'est peut-être ce mot qui résume le mieux le processus à l'oeuvre dans ce recueil : une transfiguration des personnages qui fait écho à celle que je décèle dans l'écriture de l'auteur. Au final, j'ai passé un très bon moment à la lecture de ces nouvelles qui, grâce à l'importance donnée aux émotions des personnages, peuvent s'affirmer comme de vraies nouvelles à chute.
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Secouez puis versez est un recueil de dix nouvelles signées par Patrick Kurtkowiak. On y retrouve son univers inspiré par les voyages, l'observation et l'écoute de ses semblables, son humour décalé et son trait de plume direct. Ainsi la première nouvelle qui s'offre au lecteur « La Fille du Monastère » est née d'une anecdote authentique : celle d'une jeune femme qui décide subitement de faire une retraite. L'imagination de l'auteur fait le reste et trousse une intrigue habile. « La Complainte du Vieux Beau » est ma préférée. Centrée sur l'exaspérante personnalité du Vieux Beau, elle exprime des émotions véritables : la douleur de vieillir, la souffrance de la solitude, la prise de conscience, soudain, de la vacuité du paraître. La trame s'inscrit dans une réalité actuelle : la prison, la peur du terrorisme subtilement suggérée, et finit par un cocktail de tolérance, de fraternité bienvenu. « Les Vacances de la Championne » et « Rade Nostalgie » évoquent le terrible sujet de l'exploitation des enfants. La truculente « Notoriété » démarre sur des chapeaux de roues, on croit l'affaire vite pliée : le personnage principal assume tellement bien sa vénalité qu'on est presque acquis à sa cause. Las ! En quelques phrases, tout repart vers une autre direction, vers un dénouement inattendu. C'est bien le propre des nouvelles réussies, comme le fait de pouvoir les lire séparément en prenant son temps. Secouez, versez, et consommez. Sans modération.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Josette, un moment…Mais non, il lui aurait fallu renoncer au camping-car pour une maison avec piscine dans laquelle il ferait des longueurs, la femme le voulait. Il sentait d’ici l’odeur du chlore dans ses narines, percevait le brouhaha des invités, le week-end…Une maison avec piscine plutôt qu’un camping-car et son vélo, non, mais ! Et puis Josette avait un frère qui tapait vite l’incruste, on l’invitait prendre un verre et il amenait sa brosse à dents…
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Je veux bien t’épouser, mais ce sera pour la vie, menaçait-elle dès le début de leur liaison. Madame ne se privait pourtant pas de conter fleurette aux messieurs bien mis, sans toutefois passer à l’acte : flirter n’est pas tromper, prétendait-elle. Il n’en savait rien au final mais lui-même avait mis le doigt dans le pot de miel, se prenant la bite dans le tapis avant qu’elle n’apprenne ses liaisons hors union.
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Il mordait à l’hameçon, le garçon, et Rachel se sentit rassurée. Ils formeraient désormais un vrai couple, professionnels du « métier » autant que dans l’intimité et c’est ensemble qu’ils chevaucheraient Dame Notoriété. Elle se persuada que Carl était le gonze qu’il lui fallait, peut-être pas l’homme de sa vie, cela n’existait pas, mais celui qui l’accompagnerait dans son ascension vers les sommets.
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