Il s'agit là d'un genre nouveau, la nouvelle historique, qui trouve sa source dans des personnages et des événements ayant réellement existé.
Deux récits, deux femmes mariées à un homme qu'elles n'aiment pas ou plus, qui succombent aux attraits de l'adultère. Et cela se finit mal. Il semble que pour Mme de la Fayette l'amour soit un sentiment extrêmement négatif qu'il faut éviter car il mène à la dégradation morale et au malheur - les femmes en particulier mais pas seulement.
La princesse de Montpensier nous montre d'abord un visage "clair" : fille unique, riche héritière, qui souhaite obéir à ses parents et se conformer à l'image idéale de la femme dans cette société. Mais un second visage apparaît, plus passionné, qui vient mettre en cause cette première apparence et l'amène à créer sa propre position dans le jeu social. le genre de la nouvelle historique permet à Mme de la Fayette d'explorer cette découverte d'une nouvelle identité. Mais l'amour est systématiquement associé à l'inquiétude, au malheur, au désespoir, au conflit et à la manipulation. Aucun personnage n'y échappe et certainement pas la princesse.
Selon
Aristote, la tragédie doit inspirer la terreur et la pitié.
La Comtesse de Tende est tragique dans son déroulement et on y trouve suffisamment d'agitations, d'inquiétude et de malheurs pour justifier l'adjectif. Cependant on cherche vainement trace de pitié. L'accent est mis sur l'écrasement d'un être fragile par une souffrance protéiforme. Mme de Tende est présentée comme une personne sans volonté, responsable de son malheur par une série de démissions - la dernière étant sa volonté de suicide. Ce récit assez janséniste sert à faire recevoir de plein fouet une leçon de morale et non point à provoquer une catharsis libératrice comme dans la tragédie classique.
Deux brefs récits dans une langue au beau rythme mais un peu désespérant dans leur objet. On peut être plus optimiste sur l'amour - j'espère !