AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 55 notes
5
6 avis
4
17 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Les manquants.
En termes viticoles, c'est les pieds de vigne qu'il faut remplacer dans les rangs.
Claire le sait bien, elle qui a repris une exploitation.
Mais aujourd'hui c'est un manquant particulier qu'elle vient signaler au commissariat.
Un absent de longue durée.
Thomas, son mari.
Deux ans qu'il est parti.
Et c'est aujourd'hui seulement que vous signalez sa disparition ?
Oui, parce que là, il y a urgence.
Hélène et Joan, les amies du couple ont été convoquées, elles aussi, afin d'apporter leurs témoignages.
Dans ce roman choral, Marie-Éve Lacasse nous installe de l'autre côté du bureau. À l'écoute de ces trois femmes, pour essayer de comprendre qui est Thomas.
En livrant leurs impressions, c'est elles même qu'elles dévoilent au lecteur.
Leurs destins croisés, leur amitié, leur vision de la situation.
Elles parlent, mais elles s'interrogent aussi.
Et puis, elles apprennent.
Que cachait le disparu ?
Et il y a ce monde qui change autour d'elles, les obligeant à se réfugier dans une communauté.
Perturbant.
Une certaine tension monte au fil des pages.
C'est addictif, on a envie de savoir.
Un roman bluffant qui vient de paraître.
Commenter  J’apprécie          251
Dans un monde (actuel, proche, probable si ce n'est déjà amorcé) où règnent violences policières, pénuries et rationnements dus aux catastrophes climatiques, trois femmes parlent tour à tour dans le bureau d'un commissariat de police.

Il y a Claire, la quarantaine, deux enfants. Elle vient déclarer la disparition de son mari deux ans après que celui-ci se soit évaporé sans crier gare. On comprend peu à peu que quelque chose cloche, que cette disparition est devenue comme on dit, inquiétante et qu'il y a de nouveaux éléments qui ne présagent rien de bon. Pourtant deux ans sont passés et Claire n'a rien fait, peu dit. "Tant que je n'officialisais pas sa disparition, je me disais qu'il restait un espace, un espoir. Il allait revenir", dit-elle.

Puis, il y a Hélène et Joan, les deux amies de Claire.
Hélène connaît le couple depuis la fac. Libre, rebelle, écorchée, elle a toujours vu le mariage comme une négation de soi et constaté combien Claire disparaissait au fur et à mesure de son union avec Thomas. Hélène a choisi les amours tarifées, une simple prestation de services selon elle, plus qu'un choix de vie, c'est un choix politique.
Joan a fui les États-Unis, pays qui, dit-elle, est devenu fou, où chacun est armé, où l'économie est moribonde et la vie impossible. Joan n'a pas de papiers et craint d'être arrêtée à tout instant. Elle est la biche aux abois, l'étrangère où qu'elle soit, même aux yeux de ses amis, du fait de son sang métissé.

De ce climat anxiogène, nous n'en saurons pas davantage. L'auteure distille des éléments d'informations au compte-gouttes, évoquant de façon sybilline
un mystérieux Jour de l'Oural où tout a basculé, mais suffisamment pour que l'on comprenne que Claire, Hélène et Joan sont sur le fil du rasoir, qu'elles ont dû faire front, s'allier, se retirer.
Tour à tour, elles évoquent Thomas, l'Absent, et la perception qu'elles ont de ce mari, de cet ami, mais aussi de leur amitié. Peu à peu, se dévoilent les incompréhensions entre chacune, leurs différences, leurs différends, des secrets, des mensonges.

Dans ce roman, l'absence de l'homme plane comme un élément à la fois essentiel et presque anecdotique. Dans un avenir devenu incertain, inquiétant, quelle conséquence de plus pourrait-il y avoir s'il revenait ? Et si cette absence était un mal pour un bien ? Serait-elle plus supportable si elle était expliquée ? A moins que de terribles choses se soient passées et que Claire, comme Hélène et Joan, y soient confrontées ?

Installée en France, pays où elle a choisi de vivre loin des États-Unis (Canada), Marie-Eve Lacasse écrit aussi sur la sociologie du monde vigneron et agricole d'un point de vue politique. Ce n'est donc pas par hasard que le personnage de Claire fuit le monde professoral, la folie urbaine, pour devenir vigneronne. le parcours littéraire et biographique de l'auteure transparaît donc au travers de ce roman dont le titre à tiroirs prend tout son sens, les manquants désignant les pieds morts des vignes. "Les vignes que m'avaient laissé mes parents étaient si malades qu'il a fallu assainir les choses, à commencer par le sol, pollué par des décennies de phytosanitaires. J'ai décidé de ne pas remplacer les manquants, c'est-à-dire les pieds qui étaient morts, qu'on avait arrachés et qui laissaient des espaces vides, parmi les vivants. Il y avait des trous ici et là. Parfois, je plantais un poirier, mais la plupart mouraient. Comme si on ne pouvait pas remplacer ceux qui partaient", raconte Claire.

Marie-Eve Lacasse réussit là un sobre mais fiévreux roman, étrange, intime et captivant, politique aussi.

Merci aux éditions du Seuil et à la Masse Critique privilégiée de Babelio qui m'a permis de découvrir cette auteure. Peggy dans les phares m'attend désormais dans ma PAL.




Commenter  J’apprécie          205
Thomas a disparu. Un policier va entendre le témoignage de sa femme Claire et de ses deux amies proches Joan et Hélène.
Une bien étrange histoire. Je n'ai pas cru un seul instant qu'un policier prenne autant de temps à écouter les tours et détours de nos trois personnages féminins surtout pour que le récit se termine aussi banalement. On se croirait dans le bureau d'un psychologue.
L'intrigue n'est pas très passionnante, mais parfois les réflexions sur notre monde actuel le sont. Un roman entre le No Future, le féminisme, l'écologie. Une vision très pessimiste de l'avenir, bien dans l'air du temps.
Finalement, sans la disparition de Thomas, le roman aurait été aussi bon, sinon meilleur et j'aurai apprécié un plus long développement sur la Commune. Un curieux roman, bien écrit mais que j'ai trouvé monotone.
Commenter  J’apprécie          90
D'abord un manquant dans le vocabulaire viticole, c'est un cep de vigne mort ou déficient qui laisse un trou. Dans ce roman, Thomas a disparu mais je n'ai pas eu l'impression qu'il manquait.

Thomas a disparu un jour laissant Claire et leurs 2 enfants sans explications. Deux ans après, alors que Claire n'a jamais signalé cette disparition officiellement, elle est convoquée avec Joan et Hélène, deux amies du couple. La police qui enquête sur le meurtre de Marie S. (survenu 2 mois avant la disparition de Thomas) est remontée jusqu'à la piste de Thomas.

Les trois femmes se livrent chacune leur tour sur leurs liens avec Thomas : l'une unie à lui par le mariage, l'autre par une amitié trouble et la dernière par une relation pas si simple. Mais qui était-il vraiment ?

L'écriture est fluide et agréable mais le texte manque de rythme et de piquant, j'ai trouvé l'ensemble répétitif, long et monotone, presque ennuyeux. Il m'a manqué quelque chose pour être happée.

Le sort de Thomas ne m'a pas vraiment intéressée, sa disparition anecdotique est plutôt l'occasion de parler de la vie des trois amies dont les vies auraient pu faire un roman passionnant : Claire a repris le vignoble de ses parents et s'est découvert une véritable passion, Hélène actrice inconnue vend ses charmes pour vivre, Joan exilée américaine sans papier joue à cache cache avec les services d'immigration. Au moment du roman, elles ont créé une communauté sur le modèle de la Commune de Tolbiac nous indique l'auteure dans l'épilogue. Mais ma curiosité n'a pas du tout été piquée ! Malgré cet avis mitigé, j'ai envie de découvrir les autres romans de cette autrice que je ne connaissais pas.
Commenter  J’apprécie          70
Thomas est parti. Cela fait déjà deux ans. On ne sait pas où. On ne sait ni pourquoi, ni avec qui. On ne sait rien. Il s'est volatilisé. Que doit faire Claire, la femme avec qui il est marié depuis 20 ans, la mère de leurs deux enfants ? Alerter la police ou non. Faire avec. Inventer un récit. L'oublier jusqu'à ce qu'il revienne en rêve.

Quelques années plus tôt Claire avait abandonné l'enseignement pour reprendre les vignes de ses parents et donner un sens à sa vie, Thomas était un informaticien déprimé par son récent licenciement. C'était un être renfermé, secret, impénétrable et tourmenté qui, ces derniers mois, avait pris l'habitude de souvent s'absenter.

Et puis un jour, deux ans après la disparition de Thomas, Claire et ses deux amies, Hélène et Joan, sont convoquées au commissariat. Il y a quelque chose de louche autour de la disparition de Thomas...

Amis depuis leurs années de fac, les trois femmes et Thomas ont vécu ensemble des insurrections étudiantes, soudés par la politique avant que leur choix de vie ne les éloignent. Claire s'est mariée avec Thomas et a adopté une vie rangée en banlieue, Hélène a mené une vie de débrouille et de galère alors que Joan, américaine sans papiers, a continué à vivre dans la peur permanente de l'expulsion.

Les trois femmes sont auditionnées séparément, le récit est constitué de leurs voix successives, sans que celles des enquêteurs ne soient jamais entendues. Leurs dépositions dessinent peu à peu les contours de la personnalité de Thomas et de son infinie complexité.
Au fil des pages on comprend pourquoi Claire n'a pas signalé la disparition de son mari, pourquoi elle s'est installée à "La Commune" avec ses deux amies de fac à une époque, située dans un avenir proche, dominée par la peur permanente de la guerre, du dérèglement climatique, des pluies toxiques, des pénuries, des famines et des catastrophes, une période historiquement de grande angoisse. On découvre pourquoi la police convoque les trois femmes deux ans après la disparition de Thomas, le puzzle se reconstitue progressivement.
Un roman sur l'absence, le manque, l'abandon, l'attente. Un roman sur la torture que représente un "deuil vivant", sur l'ambivalence des sentiments de Claire à la fois libérée du regard jugeant de son mari "ce regard tout le temps posé, c'est épuisant, c'est dur ", mais malheureuse de son départ.
La plume est vive, la narration et la construction sont très efficaces, le sujet captivant, le début est enthousiasmant mais le roman ne tient pas ses promesses sur la durée, il finit par accumuler des invraisemblances et se termine de façon très étrange me laissant complètement sur ma faim. Un roman qui m'a finalement semblé inabouti.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
Commenter  J’apprécie          40
J'ai eu beaucoup d'enthousiasme lors des premières pages : le sujet, la narration et les personnages m'ont beaucoup plu instantanément. Malheureusement, le soufflet est retombé assez vite. Il m'a manqué parfois du contexte, de la rugosité et du style pour me tenir en haleine sur toute la durée du récit. J'ai eu l'impression de ne jamais savoir où tendre les yeux entre la disparition de Thomas et les aventures de ces 3 femmes et je me suis au final retrouvé au milieu de ces 2 sujets, assez inintéressé et perdu par les choix de l'autrice.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (145) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}