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LXIII
LES SOLEILS DE MAI


D’un souffle virginal le plus aimé des mois
Emplit l’air ; le lilas aux troncs moussus des bois
    Suspend sa grappe parfumée ;
Les oiseaux sont joyeux et chantent le soleil ;
Tout sourit ; du printemps, tout fête le réveil :
    Toi seule es triste, ô bien-aimée !

« Pourquoi ces yeux rêveurs et ce regard penché ?
De quel secret ennui ton cœur est-il touché ?
    Qu’as-tu ma grande et pâle Amie,
Qu’as-tu ? Vois ce beau ciel sourire et resplendir !
Oh ! souris-moi ! Je sens mon cœur s’épanouir
    Avec la terre épanouie.

« Sur le cours bleu des eaux, au flanc noir de la tour,
Regarde ! l’hirondelle est déjà de retour.
    Ailes et feuilles sont décloses.
C’est la saison des fleurs, c’est la saison des vers.
C’est le temps où dans l’âme et dans les rameaux verts
    Fleurissent l’amour et les roses.

« Soyons jeunes ! fêtons le beau printemps vainqueur !
Quand on est triste, Amie, il fait nuit dans le cœur ;
    La joie est le soleil de l’âme !
Oublions ce que l’homme et la vie ont d’amer !
Je veux aimer pour vivre et vivre pour aimer,
    Pour vous aimer, ma noble Dame !

« Loin de nous les soucis, belle aux cheveux bruns !
Enivrons-nous de brise, et d’air et de parfums,
    Enivrons-nous de jeunes sèves !
Sur leurs tiges cueillons les promesses des fleurs !
    Assez tôt reviendront l’hiver et ses rigueurs
Flétrir nos roses et nos rêves ! »

Et, tandis qu’il parlait, muette à ses côtés,
Marchait la grande Amie aux regards veloutés ;
    Son front baigné de rêverie
S’éclairait à sa voix d’un doux rayonnement ;
Et, lumière de l’âme, un sourire charmant
    Flottait sur sa lèvre fleurie.

p.243-244
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XLIII
JOURS DE MAI


Ami, l’onde est plus douce, et le vent à nos voiles
Porte les frais parfums de la verte saison.
Le sol berce les fleurs, l’eau berce les étoiles ;
Voyez jouer la vague et fleurir le gazon.

L’hiver au ciel de neige, aux jours gris et moroses,
Descend, triste vieillard, dans le sombre tombeau ;
Et la brise a baigné son aile au sein des roses,
Et la terre s’éveille au soleil riche et beau.

Aux rayons printaniers laissons notre âme éclore ;
L’aube aux yeux bleus sourit et les rameaux sont verts :
C’est l’heure où, pour fêter la saison jeune encore,
L’arbre donne des fleurs et la Muse des vers.

C’est le mois des parfums, aux riantes corbeilles,
C’est Mai qui vous invite à prendre votre essor.
Éveillons-nous, ami ! poétiques abeilles,
Cueillons le miel sacré dans les calices d’or.

Partons ensemble, allons chercher de frais asiles
Dans les pays charmants de l’Idéalité.
Pour les esprits songeurs il est de molles îles
Dans l’océan d’azur par la Muse habité.

Venez, nous trouverons des jours sereins et calmes,
Un ciel plein de lumière et des champs pleins d’oiseaux ;
Nous irons nous asseoir aux pieds des larges palmes
Qui bercent lentement leurs ombres sur les eaux.

Il vous faut obéir à la voix qui dit : « Marche ! »
À nos amis railleurs adressez vos adieux.
Pareil au blanc ramier qui revola vers l’arche,
Si l’orage est dans l’air vous reviendrez vers eux.

Laissons-les dire, et nous, écoutons la nature,
Et la Muse, et l’amour, qui nous parlent tout bas.
L’art et l’amour sont vrais, le reste est imposture !
Aimons-nous, aimons ceux qui ne nous aiment pas !

Une épine est toujours sous la fleur que l’on cueille,
Et le cœur plus que l’onde est perfide et mouvant.
Si l’amitié, c’est l’arbre, oh ! l’ami, c’est la feuille
Qui tombe avant l’hiver, et vole au gré du vent.

Pour nous, restons unis ! Sous la foudre ou la bise
Luttons à deux ! trompons l’onde aux flux inconstants ;
Et, toujours emportés dans une même brise,
Que l’hiver nous retrouve amis, comme au printemps.

Printemps ! soleils bénis ! jeunesse de l’année !
Vous verdissez les bois par la neige glacés ;
Rendez-nous — fleur de l’âme et que l’âge a fanée —
La verte illusion de nos beaux jours passés !

Des espoirs effeuillés rajeunissez les sèves,
Vous qui partout versez la vie et ses verdeurs,
Et faites sur nos fronts, faites fleurir ces rêves
Dont l’arôme enivra l’enfance de nos cœurs.

Je veux y croire encor ! D’une image importune
Le présent ne doit point nous poursuivre toujours.
Fions-nous à la Muse ! et laissons la Fortune,
Astre capricieux, rayonner sur nos jours.

Plus de tristesse ! Allons au sein des belles choses
Chercher la poésie, enfant des pays verts ;
Chantons le gai printemps, ses vierges et ses roses,
Oublions ! — Assez tôt reviendront les hivers.

Ouvrons aux vents du sort nos voiles et nos ailes,
Vers l’avenir tentons un essor courageux !
Les cygnes vont par couple : unissons nos nacelles
Pour affronter la vie et les flots orageux.
Mai 1840.

pp.148-150
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LXXVI

LES SOLEILS DE SEPTEMBRE


Sous ces rayons cléments des soleils de septembre
Le ciel est doux, mais pâle, et la terre jaunit.
Dans les forêts la feuille a la couleur de l’ambre ;
L’oiseau ne chante plus sur le bord de son nid.

Du toit des laboureurs ont fui les hirondelles ;
La faucille a passé sur l’épi d’or des blés ;
On n’entend plus dans l’air des frémissements d’ailes :
Le merle siffle seul au fond des bois troublés.

La mousse est sans parfum, les herbes sans mollesse ;
Le jonc sur les étangs se penche soucieux ;
Le soleil, qui pâlit, d’une tiède tristesse
Emplit au loin la plaine et les monts et les cieux.

Les jours s’abrègent ; l’eau qui court dans la vallée
N’a plus ces joyeux bruits qui réjouissaient l’air :
Il semble que la terre, et frileuse et voilée,
Dans ses premiers frissons sente arriver l’hiver.

Ô changeantes saisons ! ô lois inexorables !
De quel deuil la nature, hélas ! va se couvrir !
Soleils des mois heureux, printemps irréparables,
Adieu ! ruisseaux et fleurs vont se taire et mourir.

Mais console-toi, terre ! ô Nature ! ô Cybèle !
L’hiver est un sommeil et n’est point le trépas :
Les printemps reviendront te faire verte et belle ;
L’homme vieillit et meurt, toi, tu ne vieillis pas !

Tu rendras aux ruisseaux, muets par la froidure,
Sous les arceaux feuillus leurs murmures chanteurs ;
Aux oiseaux tu rendras leurs nids dans la verdure ;
Aux lilas du vallon tu rendras ses senteurs.

Ah ! des germes captifs quand tu fondras les chaînes,
Quand, de la sève à flots épanchant la liqueur,
Tu feras refleurir les roses et les chênes,
Ô Nature ! avec eux fais refleurir mon cœur !

Rends à mon sein tari les poétiques sèves,
Verse en moi les chaleurs dont l’âme se nourrit,
Fais éclore à mon front les gerbes de mes rêves,
Couvre mes rameaux nus des fleurs de mon esprit.

Sans l’ivresse des chants, ma haute et chère ivresse,
Sans le bonheur d’aimer, que m’importent les jours !
Ô soleils ! ô printemps ! je ne veux la jeunesse
Que pour toujours chanter, que pour aimer toujours !
                                       1848.

p.277-278
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VIII


Ma poésie, ainsi qu’un jeune arbuste en fleurs,
Se couronne parfois d’éclatantes couleurs.
Quand son front, effleuré des ailes de l’aurore,
Sent frissonner sa feuille et ses bourgeons éclore ;
Quand tout son être ému, touché par le soleil,
Sent monter et courir la sève du réveil,
Soudain comme un bouton son feuillage se brise
En grappes de parfums, et s’ouvre sous la brise ;
Et, secouant dans l’air des nuages d’odeurs,
Sa tête, où de la nuit tremblent encor les pleurs,
Laisse aller au zéphyr, comme une molle ondée,
Strophe éclose et senteur, la fleur d’or et l’idée.
Et de sa chaude écorce où tout vibre à la fois,
Et de sa verte cime aux frémissantes voix,
Et de sa feuille humide, et de ses grappes mûres,
S’épandent dans les airs d’ineffables murmures ;
Et de l’arbre-poète, aux rameaux inspirés,
Les fruits disent : « Aimez ! » et les fleurs : « Espérez ! »

p.35
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LXII
AU POÈTE AUGUSTE DESPLACES


QUAND l’insecte a rongé brin à brin, feuille à feuille,
La plante dont la fleur l’abrite et le recueille,
Défaillant, mais fidèle à l’arbuste tari,
Il ne va point ailleurs chercher sa nourriture ;
Sans sève, de la faim subissant la torture,
Il tombe et meurt avec la fleur qui l’a nourri.

Poète, ainsi fidèle à la tige choisie,
Nourri des sucs de l’art et de la poésie,
Oh ! ne quittez jamais votre sacré rameau !
Fuyant la plante grasse au front lourd et morose,
Ne vous suspendez point aux feuilles de la prose :
Mourez plutôt, mourez sur l’arbre saint du beau !

p.242
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