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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cécile Ladjali a mis beaucoup d'elle-même dans ce roman qui semble coller à son vécu, tellement il respire la sincérité et l'émotion. Après l'avoir découverte dans illettré, j'étais content de retrouver cette autrice dans Shâb ou la nuit, une autobiographie romancée.

Dans ce livre, elle parle avec tendresse et force de l'enfance, de la parentalité puis de la maternité. L'autrice rend ici un hommage appuyé aux femmes, souligne l'hypocrisie des hommes qui prennent leur plaisir puis laissent la future mère tout assumer.
Est-il possible de faire autrement ?
Oui, sûrement, et durant le demi-siècle qui vient de s'écouler, bien des pères se sont investis auprès de celles qui donnent la vie puis auprès de leurs enfants. Les mentalités évoluent en Occident mais nous savons tout le poids des traditions et du machisme dans trop de pays du monde.
Cécile est née d'une mère iranienne, Massoumeh, abandonnée par celui qui l'a engrossée. Jeune fille au pair en Suisse, Massoumeh découvre qu'elle est enceinte de trente semaines à cause d'un déni de grossesse, et ne peut plus avorter. Accouchée par un médecin d'origine iranienne, homme hautain et méprisant, elle donne naissance à Roshan (soleil en farsi) qu'elle ne peut qu'abandonner afin qu'elle soit adoptée.
Cécile Ladjali raconte l'adoption, parle beaucoup de Jeannine et Robert, ces parents qui élèvent cette fille trop brune, qui porte un nom d'origine kabyle car Robert vivait en Algérie où il a porté l'uniforme français et accompli des actes qu'il préfère cacher. Ils l'ont prénommée Cécile, nom d'une sainte aveugle !
Shâb (étoile filante en persan) est le nom donné par l'Iran à ses missiles. Cécile Ladjali décide d'écrire son histoire parce qu'elle est déchirée entre son premier prénom, Roshan, signifiant soleil, et celui qu'elle porte, synonyme de nuit pour la personne qui ne voit pas.
J'ai lu ces pages avec beaucoup d'intérêt car l'autrice ne masque aucune difficulté et détaille tous les obstacles rencontrés. Shâb ou la nuit est un livre sur l'enfance, l'amour, la parentalité et l'émancipation par la lecture et l'instruction. J'ai souvent été ému par ces pages consacrées à Robert puis à Jeannine, ses parents qu'elle aime profondément tout en souffrant jusqu'au bout de cet abandon à la naissance.

Les dernières pages du livre sont encore plus puissantes en émotion mais surtout en réflexion et l'amour affleure constamment. J'ai adoré lire à nouveau Cécile Ladjali, grâce à Marisette que je remercie.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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J'avais débuté pour découvrir cette auteure, un texte publié en 2014: Ma bibliothèque, lire , écrire, transmettre", pour poursuivre par son dernier texte "illettré" ... puis, par hasard, j'ai eu l'occasion
d'entendre Cécile Ladjali à une émission littéraire, où elle
parlait de son milieu familial, taiseux... et le miracle pour elle de pouvoir se construire par la lecture, les mots et l'écriture...

C'est ainsi que j'ai arrêté momentanément son dernier roman pour me plonger dans ce texte autobiographique antérieur " Shâb ou la nuit", débuté en 1999, et publié 14 années plus tard...

Un écrit émouvant, bouleversant, relatant son adoption en Suisse par des parents affectueux, de bonne volonté mais terriblement taiseux...qui lui cacheront bien longtemps, trop longtemps ses origines iraniennes....
Trop typée, Cécile, se sent à part, et se retrouve dans une
intense quête d'explications....

Des lignes foisonnantes qui soulèvent un grand nombre de thèmes prégnants: la quête et la construction de son identité, de ses racines. La douleur de se sentir différente, pas à sa place, le mal-être scolaire, le racisme, l'ambivalence quant à la maternité, le pouvoir des mots et de l'écrit pour se sauver, se trouver, et trouver enfin un sens à son chemin personnel, etc.

Un récit vibrant, dense en émotions, qui s'achève sur un
dernier paragraphe, ultime hommage à son père, avec qui
elle entretenait des rapports moins aisés qu'avec sa maman...

Retrouvailles avec la mère biologique qui aideront à pacifier un chemin douloureux et inquiet...Le reste du livre, dans sa majeure partie est l'expression d'une reconnaissance
durable envers sa maman qui était plus proche d'elle,
même si des non-dits et malentendus ont freiné parfois
leur complicité... Les relations s'amélioreront , alors
que le papa est décédé, et que le premier petit - enfant
naît: un petit-fils, Camille...

L'auteure narre parallèlement son travail d'écrivain, ses
retrouvailles avec son pays originel: l'Iran !

Comme je le décrivais précédemment, un récit foisonnant
de thématiques riches et variées. Un livre qui m'a
littéralement emportée... qui me fait reprendre la
lecture d'illettré" avec un regard neuf, différent, plus attentif...

Un récit d'une très grande qualité, merveilleux résultat de réconciliation d'une enfant avec la vie, avec son identité, ainsi qu' avec ses parents adoptifs ...tout cela grâce au pouvoir magique des mots et de l'écriture. Je termine sur cet extrait des plus explicites et probants !

"Les mots des livres que je continuais à écrire m'avaient permis de placer sous mes pieds un pont de corde . Suspendue au-dessus du vide, je vacillais mais ne tombais pas. Le rapport presque magique que j'entretenais avec les mots allait contre les principes fondamentaux de ma vie: le vide, l'absence, le silence. La recherche effrénée de la parole en classe, le besoin compulsif d'écrire pour raconter des histoires palliaient un manque qui, s'il n'avait pas été comblé, eût été mortel. Les dialogues qui n'avaient pas eu lieu à l'origine, j'allais les inventer. Les explications qui n'avaient pas été données, je me les suggérerais. Je n'étais pas venue aux mots par hasard. C'est eux qui m'avaient fait naître une seconde fois. Par eux, avec eux et en eux, je m'étais mise au monde. Le jour de ma première naissance, je m'étais retrouvée expulsée dans un univers étrange dont on ne m'avait pas donné les clefs. Toutes portes seraient restées fermées, s'il n'y avait pas eu l'écriture. (p. 288-289) "
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Mon exemplaire de Shâb ou la nuit de Cécile Ladjali est taché. Sur sa couverture, des traces de doigts enduits de terre. La poussière rouge sang des hauts plateaux malgaches.
C'est là-bas que j'ai lu ce livre pour la première fois, il y a dix ans. Je n'en avais pas gardé de souvenir impérissable,
du moins le pensais-je.
Pourtant lorsqu'il y a peu, j'ai entrepris de ranger ma bibliothèque, mes doigts ont à nouveau effleuré ses pages rougies et le souvenir d'une pensée d'alors a colonisé ma conscience :
Jamais je ne pourrai avoir d'enfant, je ne supporterai pas de voir mon ventre gonfler comme une outre.
Voilà ce que je pensais quand mes yeux se posaient pour la première fois sur Shâb ou la nuit. Voilà ce dont je m'étais souvenue soudain, avec une redoutable précision:
m'être dit que je ne serai jamais mère.

Dix ans plus tard — et après avoir eu la chance de voir mon ventre se déformer deux fois —, je me suis demandée ce que cela me ferait de relire Shâb ou la nuit.
Et si les mots qui avaient fait naitre en mon sein cette certitude il y a une décennie avaient perdu de leur intensité, je dois avouer avoir littéralement redécouvert ce texte aussi sincère que magnifique.

Shâb ou la nuit est un texte parfait. Si sublime qu'il en est douloureux.
C'est une oeuvre portée par une écriture simple en apparence, mais si fine, si maîtrisée, si exacte, qu'elle a transpercé mon âme de part en part et fait naître au coin de mes yeux des larmes bien vraies. Là résidait l'architecture superbe. Celle capable d'héberger les sentiments les plus ambivalents: la haine, le manque, la colère, la tristesse, la rage et le dégoût.

J'ai parfois cru ce roman écrit pour moi, il racontait des bribes de mon histoire. Je touchais du doigt le nectar de ce que Cécile Ladjali avait posé sur le papier.
Mais j'ai surtout été subjuguée par les mots que j'y découvrais, le chemin de cette autrice exceptionnelle. Et si les passages qui m'avaient infiniment touchée il y a dix ans n'étaient plus ceux sur lesquels mon âme pleurait aujourd'hui, je mesurais toute leur richesse, leur puissance et leur grandeur.
À l'aune du chemin parcouru par Cécile Ladjali, je prenais conscience de la route que j'avais laissée derrière moi, des ornières traversées, des brûlures résorbées, des blessures cicatrisées.

Aujourd'hui les mots me manquent,
je peine à exprimer l'essence de ma pensée.
Je sais que Shâb ou la nuit a constitué un jalon. À l'heure où mon deuxième roman, Ventre(s) (cela ne s'invente pas), s'apprête à être publié, j'ai l'intime conviction que le texte de Cécile Ladjali était présent à chacun des pas qui m'a menée à ce jour — même si je n'en prends conscience qu'aujourd'hui. Il était là, tapi dans les herbes hautes, blotti dans un giron que j'ignorais encore, près à surgir le moment opportun.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Il y a des bébés qui naissent dans des ventres et d'autres dans des grandes maisons... Ainsi commence ce roman... Un roman autobiographique à portée universelle, un roman dans lequel l'autrice dit tout son amour pour ses parents tout en interrogeant sa propre maternité. Un livre dont les mots permettent de comprendre les silences... un texte bouleversant d'amour
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Née à Lausanne en 1971, de mère iranienne, Cécile Ladjali est agrégée de lettres modernes. Elle vit à Paris, où elle enseigne la littérature dans le secondaire ainsi qu'à la Sorbonne nouvelle.
Ce livre est la quête d'une identité à travers les mots, l'écriture, son autobiographie. le titre, Shâb, est le mot persan qui signifie la nuit. La nuit dans ce roman, c'est le secret…
Le secret qu'elle devine tout au long de sa vie. On lui a toujours dit qu'elle était née dans une grande maison en Suisse. Qu'il y avait des enfants qui naissaient dans les ventres et d'autres dans les grandes maisons…

Un très beau roman sur l'adoption, sur les origines, sur les conséquences des non-dits. (Ses parents, un couple franco-algérien voulant la protéger.)
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« Shâb ou la nuit » de Cécile Ladiali est un livre autobiographique qui raconte l'histoire d'une jeune fille iranienne adoptée et choyée par ses parents adoptifs. Elle est brune à la peau mate. Elle aura un parcours scolaire assez difficile puisqu'elle sera placée dans un internat d'oû elle sera ensuite renvoyée. Elle partira à la recherche de sa mère biologique après la mort de ses parents.

Je trouve que ce livre est très beau pour plusieurs points. Il est écrit d'une manière très sensible et on peut sentir une part d'intimité dans les mots, ce qui est touchant quand on sait qu'il est autobiographique. Il raconte une histoire assez difficile et douloureuse qui est celle de l'adoption et nous permet de changer de vision sur ce sujet. Ce n'est jamais facile d'être adopté, car on est toujours dans la recherche de sa véritable identité. On ne sait pas qui on est et où l'on va. Suivre à travers ce livre l'histoire d'une enfant adoptée est juste magique. le fait que tout le roman tourne autour d'une jeune fille qui veut répondre à des questions, nous permet de nous ancrer dans sa vie et de nous sentir proches du personnage principal. Ceci est très judicieux de la part de l'auteur puisqu'on arrive à mieux ressentir le message qui a voulu être passé. Je ressens ce texte comme une sorte d'hommage pour ses parents adoptifs. Je ne saurais expliquer ce que j'ai ressenti à la lecture du livre : je me suis senti extrêmement proche de la narratrice, j'ai eu l'impression de me retrouver dans certains passage. J'ai envie de relire ce livre et pas qu'une fois, par ce que c'est une leçon de vie. Belle histoire d'adoption, très touchante et très bien écrite, vous allez adopter le livre !

Si je devais retenir une phrase, une citation de ce roman je choisirais la première du livre car elle représente beaucoup dans l'histoire des enfants adoptés : « Très tôt on m'expliqua que j'étais née dans une grande maison en Suisse. » Cette phrase n'a pas été écrite en premièr par hasard car c'est pour la plupart des gens adoptés le premier mensonge qu'on leur fait pour les préserver. On ment sur la base de ce que l'on est vraiment, sur ses origines, et la phrase a bien trouvé sa place en tant que première du roman.

Prix du Roman Métiss en 2013.

C.V
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Sublime autofiction sur le thème de l'adoption.
L'écriture est parfaite, la langue est belle, le livre est émouvant sans tomber dans le pathos et on arrive à revivre le parcours difficile de son auteur qui est passé par une multitudes de stades pour arriver à pardonner et à se pacifier avec son histoire.
Livre sur le non-dit, la vérité, différente pour chacun, les façons plus ou moins habiles de parler avec son enfant adoptif, avec la femme qui nous a abandonné, avec ses parents adoptifs...
Le parcours de l'auteur vers l'écriture n'a rien eu de logique ni de facile, elle explore alors les liens de l'inné et de l'acquis en surmontant les préjugés.
Ses parents adoptifs vivent en France, elle est née à Lausanne de parents iraniens, joli métissage mais ingrédients difficiles pour une quête identitaire.
Un livre magnifique sur une histoire de vie pas si simple sans tomber dans les écueils de la facilité.
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Un très beau récit autobiographique sur le thème de l'adoption. L'histoire est belle, émouvante, sans tomber dans le pathos. Elle noua raconte son enfance choyée puis ses difficultés d'adolescente et de mère.
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Drôle et émouvant!
Prix du Roman Métis des Lycéens 2013 pour cette autobiographie originale parfois acerbe, toujours sincère, qui raconte la quête identitaire d'une enfant adoptée.
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