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Citations sur Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies des) Premi.. (63)

Mon Cœur est une horloge oubliée à demeure,
Qui, me sachant défunt, s'obstine à sonner l'heure !
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Oui, les phares aspergent
Les côtes en sanglots,
Mais les volets sont clos
Aux veilleuses des vierges,
Orgue au galop,
Larmes des cierges !
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Prolixe et monocorde
Le vent dolent des nuits
Rabâche ses ennuis,
Veut se pendre à la corde
Des puits ! et puis ?
Miséricorde !
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– Crucifier l’infini dans des toiles comme
Un mouchoir, et qu’on dise : « Oh ! l’Idéal s’est tu ! »
Formuler Tout ! En fugues sans fin dire l’Homme !
Etre l’âme des arts à zones que veux-tu ?
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Spleen et printemps.

Avril met aux buissons leurs robes de printemps,
Des essaims de baisers frissonnent dans les branches,
La mouche d’eau zigzague aux moires de l’étang,
Les boutons d’or ont mis leurs collerettes blanches…
- Dans mon cœur souffle encor l’hiver et ses autans.

Aux baisers du soleil partout le bourgeon crève
Et devient un calice où, se grisant de sève,
Bourdonnent et l’abeille et les frelons goulus.
Partout du renouveau l’homme joyeux s’élève…
- Seul mon cœur desséché ne refleurira plus.

Le liseron s’enroule étoilé de clochettes
Aux volets peints en vert des blanches maisonnettes
Le réséda, l’œillet et le muguet aussi
Embaument la fenêtre étroite des grisettes…
- Au jardin de mon cœur ne vient que le souci.

Et la main dans la main, par les sentiers ombreux,
Deux à deux, les amants roucoulent langoureux.
Tout aime et tout convie aux amoureuses fièvres,
Tout rit, tout est content de vivre sous les cieux
- Moi, j’erre à travers tout, le dégoût sur les lèvres

Et les couples bourgeois promènent leurs marmots
A la culotte large et fendue au derrière ;
Le soir ils s’uniront à l’heure du loto
Pour chercher le rébus du dernier numéro…
- Moi je n’ai que des soifs folles à satisfaire.

Le soir rythmant leur rêve en gais dactyles d’or,
Les poètes croient voir flotter de blanches fées
Déchirant aux buissons leurs robes de buées,
La nuit, dans la clairière aux brises étouffées…
- Moi je ne sais rimer que visions de mort.

Là-bas dorment les morts. Moi, dans la farce humaine,
J’ai fait mon rôle aussi. Je voudrais m’en aller.
Hélas ! J’attends encor l’heure lente et sereine
Où pour la grande nuit, dans un coffre de chêne,
Le Destin – ce farceur – voudra bien m’emballer.
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Seul, pur, songeur,
Me croyant hypertrophique ! comme un plongeur
Aux mouvants bosquets des savanes sous-marines,
J'avais roulé par les livres, bon misogyne.
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Elle fuyait par l’avenue
Je la suivais illuminé,
Ses yeux disaient : « J’ai deviné
Hélas ! que tu m’as reconnue ! »

Je la suivais illuminé
Yeux désolés, bouche ingénue,
Pourquoi l’avais-je reconnue,
Elle,loyal rêve mort-né ?

Yeux trop mûrs, mais bouche ingénue ;
Œillet blanc, d’azur trop veiné ;
Oh ! oui, rien qu’un rêve mort-né,
Car, défunte elle est devenue.

Gris, œillet, d’azur trop veiné,
La vie humaine continue
Sans toi, défunte devenue.
— Oh ! je rentrerai sans dîner !

Vrai, je ne l’ai jamais connue.
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Et j’écoute longtemps les cloches dans la nuit…
Je suis le paria de la famille humaine,
À qui le vent apporte en son sale réduit
La poignante rumeur d’une fête lointaine.
(Noël sceptique.)
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Ô géraniums diaphanes, guerroyeurs sortilèges,
Sacrilèges monomanes !
Emballages, dévergondages, douches ! Ô pressoirs
Des vendanges des grands soirs !
Layettes aux abois,
Thyrses au fond des bois !
Transfusions, représailles,
Relevailles, compresses et l’éternelle potion,
Angelus ! n’en pouvoir plus
De débâcles nuptiales ! de débâcles nuptiales !…

Et puis, ô mes amours,
À moi, son tous les jours
Ô ma petite mienne, ô ma quotidienne,
Dans mon petit intérieur,
C’est-à-dire plus jamais ailleurs !

Ô ma petite quotidienne !…

Et quoi encore ? Oh du génie,
Improvisations aux insomnies !

Et puis ? L’observer dans le monde,
Et songer dans les coins :
« Oh, qu’elle est loin ! Oh, qu’elle est belle !
« Oh ! qui est-elle ? À qui est-elle ?
« Oh, quelle inconnue ! Oh, lui parler ! Oh, l’emmener ! »
(Et, en effet, à la fin du bal,
Elle me suivrait d’un air tout simplement fatal.)

Et puis, l’éviter des semaines
Après lui avoir fait de la peine,
Et lui donner des rendez-vous,
Et nous refaire un chez nous.

Et puis, la perdre des mois et des mois,
À ne plus reconnaître sa voix !…

Oui, le Temps salit tout,
Mais, hélas ! sans en venir à bout.

Hélas ! hélas ! et plus la faculté d’errer,
Hypocondrie et pluie,

Et seul sous les vieux cieux,
De me faire le fou,
Le fou sans feux ni lieux
(Le pauvre, pauvre fou sans amours !)
Pour, alors, tomber bien bas
À me purifier la chair,
Et exulter au petit jour
En me fuyant en chemin de fer,
Belles-Lettres, ô Beaux-Arts,
Ainsi qu’un Ange à part !

J’aurai passé ma vie le long des quais
À faillir m’embarquer
Dans de bien funestes histoires,
Tout cela pour l’amour
De mon cœur fou de la gloire d’amour.

Oh, qu’ils sont pittoresques les trains manqués !…
Oh, qu’ils sont « À bientôt ! à bientôt ! »
Les bateaux
Du bout de la jetée !…

De ta jetée bien charpentée
Contre la mer,
Comme ma chair
Contre l’amour.
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LÉGENDE

Armorial d’anémie !
Psautier d’automne !
Offertoire de tout mon ciboire de bonheur et de génie
À cette hostie si féminine,
Et si petite toux sèche maligne,
Qu’on voit aux jours déserts, en inconnue,
Sertie en de cendreuses toilettes qui sentent déjà l’hiver,
Se fuir le long des cris surhumains de la Mer.

Grandes amours, oh ! qu’est-ce encor ?…

En tout cas, des lèvres sans façon,
Des lèvres déflorées,
Et quoique mortes aux chansons,
Apres encore à la curée.
Mais les yeux d’une âme qui s’est bel et bien cloîtrée.

Enfin, voici qu’elle m’honore de ses confidences.
J’en souffre plus qu’elle ne pense.

— « Mais, chère perdue, comment votre esprit éclairé
« Et le stylet d’acier de vos yeux infaillibles,
« N’ont-ils pas su percer à jour la mise en frais
« De cet économique et passager bellâtre ? »

— « Il vint le premier ; j’étais seule près de l’âtre ;
« Son cheval attaché à la grille
« Hennissait en désespéré… »

— « C’est touchant (pauvre fille)
« Et puis après ?
« Oh ! regardez, là-bas, cet épilogue sous couleur de couchant ;
« Et puis, vrai,
« Remarquez que dès l’automne, l’automne !
« Les casinos,
« Qu’on abandonne
« Remisent leur piano ;
« Hier, l’orchestre attaqua
« Sa dernière polka,
« Hier, la dernière fanfare
« Sanglotait vers les gares… »

(Oh ! comme elle est maigrie !
Que va-t-elle devenir ?

Durcissez, durcissez,
Vous, caillots de souvenir !)

— « Allons, les poteaux télégraphiques
« Dans les grisailles de l’exil
« Vous serviront de pleureuses de funérailles ;
« Moi, c’est la saison qui veut que je m’en aille,
« Voici l’hiver qui vient.
« Ainsi soit-il.
« Ah ! soignez-vous ! Portez-vous bien.

« Assez ! assez !
« C’est toi qui as commencé !
« Tais-toi ! Vos moindres clins d’yeux sont des parjures
« Laisse ! Avec vous autres rien ne dure.
« Va, je te l’assure,
« Si je t’aimais, ce serait par gageure.

« Tais-toi ! tais-toi !
« On n’aime qu’une fois ! »

Ah ! voici que l’on compte enfin avec Moi !

Ah ! ce n’est plus l’automne, alors,
Ce n’est plus l’exil,


C’est la douceur des légendes, de l'âge d’or,
Des légendes des Antigones,
Douceur qui fait qu’on se demande :
« Quand donc cela se passait-il ? »

C’est des légendes, c’est des gammes perlées,
Qu’on m’a tout enfant enseignées,
Oh ! rien, vous dis-je, des estampes,
Les bêtes de la terre et les oiseaux du ciel
Enguirlandant les majuscules d’un Missel,
Il n’y a pas là tant de quoi saigner ?

Saigner ? moi pétri du plus pur limon de Cybèle !
Moi qui lui eusse été dans tout l’art des Adams
Des Édens aussi hyperboliquement fidèle
Que l’est le Soleil chaque soir envers l’Occident !…
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