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Citations sur Failles (18)

Lire, c'est ouvrir les portes du silence, y pénétrer à pas feutrés, le coeur battant, et miser gros sur l'inconnu. Ce qu'on apprend dans les livres de Christian Bobin, c'est la grammaire du silence. Et cette langue n'a point de fin. Et elle me console. Souvent.
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Pourquoi nous les Haïtiens ? Encore nous, toujours nous ? Comme si nous étions au monde pour mesurer les limites humaines, celles face à la souffrance, et tenir par une extraordinaire capacité à résister et à retourner les épreuves en énergie vitale, en créativité lumineuse. J'ai trouvé mes premières réponses dans la ferveur des chants qui n'ont pas manqué de se lever dans la nuit. Comme si ces voix qui montaient, tournaient résolument le dos au malheur, au désespoir.
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Le 12 janvier 2012 à 16 h 53 minutes, dans un crépuscule qui cherchait déjà ses couleurs de fin et de commencement, Port-au-Prince a été chevauchée moins de quarante secondes par un de ces dieux dont on dit qu'ils se repaissent de chair et de sang. Chevauchée sauvagement avant de s'écrouler cheveux hisurtes, yeux résulvés, jambes disloquées, sexe béant, exhibant ses entrailles de ferraille et de poussière, ses viscères et son sang. Livrée, déshabillée, nue, Port-au-Prince n'était pourtant point obscène. ce qui le fut, c'est sa mise à nu forcée. Ce qui fut obscène et le demeure, c'est le scandale de sa pauvreté.
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Dieu que ce 12 janvier nous fait mal ! Cela on ne le dira pas assez non plus. On préférera plutôt, sans nuance aucune, claironner l'incompétence et la corruption absolues de toute l'administration publique haïtienne. Ce que je ressens comme une injure à la mémoire de tous ces travailleurs et travailleuses de l'ombre, comme une seconde mort.
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J'aime particulièrement le ciel des tropiques en cette saison. Étoiles à profusion. Beauté donnée, offerte, sans effort. Sans rien en retour que ce pur plaisir. Le ciel semble descendre, se pencher dans sa bienveillance pour nous faire toucher les étoiles.
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Il y a quelque chose d'exotique à glorifier la résilience des Haïtiens. Nous autres, Haïtiens intellectuels et/ou privilégiés, nous y laissons prendre nous aussi. Quant à l'étranger, il en a fait un tel leitmotiv que c'est devenu un cliché. Vivre et non survivre nous rendra certes moins exotiques mais juste banalement vivants.
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Je m'en rends compte après coup. jamais je n'ai regardé le ciel ce soir du 12 janvier, contrairement à mes habitudes. Il m'aurait paru tellement déplacé, faux et arrogant au-dessus du malheur. Un ciel comme une robe de mauvais goût. Au clinquant trompeur.
Nous dormons tous dans les voitures. sauf P. Il refuse et me dit que s'il n'est pas mort cet après-midi-là, il ne mourra pas de sitôt.
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Autant dire que nous sommes devenus à la longue des camés, dépendants d'une cocaïne, d'un crack qui s'appelle l'aide internationale. La reconstruction, la vraie, supposerait un accompagnement de qualité venu d'ailleurs (car nous avons besoin d'aide) mais précisément pour une cure de désintoxication qui passerait par les affres du sevrage avant le long chemin vers la dignité.
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Nous somme devenus à la longue des camés, dépendants d'une cocaïne, d'un crack qui s'appelle l'aide internationale. La reconstruction, la vraie, supposerait un accompagnement de qualité venu d'ailleurs (car nous avons besoin d'aide) mais précisément par une cure de désintoxication qui passerait par les affres du sevrage avant le long chemin vers la dignité.
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Oui. Failles, un mot comme jamais entendu avant le 12 janvier 2010. Affaissée, pliée sous le poids des images, la pensée par instants m'a semblé s'enfoncer, ne plus pouvoir avancer. Moment des pensées pétrifiées, balbutiantes, blanches. blanches d'intensité contenue. Quelquefois blanches d'absence de mots.
Quels mots font le poids quand les entrailles d'une ville sont retournées, offertes aux mouches qui dansent dans la pestilence ? Quels mots font le poids face à des hommes et des femmes têtus, forcenés de vie, qui dans la poussière et les gravats de la mort s'acharnent à réinventer la vie de leurs mains ? (...) Mais comment écrire ce malheur sans qu'à l'issue de la confrontation il n'en sorte doublement victorieux et la littérature méconnaissable ? Comment écrire pour que le malheur ne menace pas le lieu d'existence même des mots ? Question qui depuis si longtemps me tenaille et gicle au mitan de la nuit du 12 janvier. Comment écrire en évitant d'exotiser le malheur, sans en faire une occasion de racolage, un fonds de commerce, un article d'exhibition de foire ? Comment être à la hauteur de ce malheur ?
Cette terre des mots, la seule qui soit nôtre, à nous écrivains, se fissure et risque de craquer elle aussi si nous n'y prenons garde. Faille énorme sous nos pieds. Le temps de l'information, de la vitesse, de l'image, ronge du dedans le seul qui vaille la peine, le seul pour lequel l'écrivain devrait se mettre en danger et non point en représentation. Comment échapper à ce piège, pieds et mains liés ?
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