Au moment de sa naissance, aux petites heures du matin, le coq a chanté longuement. On n’a pas relevé, mais chacun sait qu’à l’aurore tous les coqs qui se respectent chantent une chanson ou deux pour se faire la voix.
C’est une autre histoire d’amour. Une histoire arrivée vrai comme on en raconte chez les enfants, avec des princesses, des pommes et des baisers à réveiller les morts, parce que l’amour, à seize ans, il n’y a rien de plus vrai. Souvent, ça fait mal. C’est comme les autres blessures, c’est parce que ça fait mal qu’on sait que c’est vrai
La courbe des reins. Aujourd’hui, c’est comme ça qu’on dit dans les romans dits érotiques qui n’ont que quelques mots choisis pour les distinguer de la littérature pornographique. À l’époque, moi, j’aurais dit « le début des fesses » parce que, avec mes dix-sept ans d’ignorance, les fesses, ça commençait dans le dos.
L’extase ce doit être ça, cet embrasement du cœur qui met le feu partout dans le corps et ce frétillement de l’esprit, comme si les idées avaient des jambes pour danser. C’est comme si j’avais besoin de mourir pour que ce moment de perfection dure à jamais. Je n’ai plus rien à envier aux saintes bergères de Fatima.
Les poules, on n’en tue pas tous les jours, c’est d’abord pour les œufs. Bien sûr, on finit par les tuer toutes, mais on choisit le moment et la poule. Toutes nos poules sont brunes même si, en réalité, elles sont rousses, mais dans les poulaillers, c’est comme ça qu’on dit : des poules brunes.
Festival Mots et Merveilles 22 avril 2010 - Première partie : Guy Lalancette