AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B08QW81YH3
196 pages
Productions Somme Toute (19/01/2021)
4.25/5   20 notes
Résumé :
J'ai montré toutes mes pattes blanches je n'en ai plus prend la forme d'une longue lettre écrite par l'artiste et autrice Sylvie Laliberté, destinée à son frère, mort depuis peu. Elle y raconte son deuil, sa difficulté de vivre sans lui, de le savoir seul parmi les autres morts qu'il ne connait pas. Elle y raconte aussi leur enfance, cette enfance hors de la réalité, où les a traîné un père parfois délirant, en mal de vivre, à une époque où on évitait de parler des ... >Voir plus
Que lire après J'ai montré toutes mes pattes blanches je n'en ai plusVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« Mon frère t'es mort. […] T'es tellement mort ».
Je suis tellement fatiguée que tu sois mort.

La narratrice vient de perdre son frère. Elle a du mal à s'en remettre et cette mort devient une obsession tout au long du roman. Au fil des mois, elle se répète qu'il est mort, mais ne peut s'empêcher de s'adresser à lui.

Elle est également obsédée par leur passé commun. Une enfance difficile, car derrière la façade de famille de banlieue prospère, leur père souffrait de maladie mentale grave. À travers ses crises et ses hospitalisations, les enfants devaient faire comme si de rien n'était, montrer patte blanche.

Une histoire tragique, poignante, d'autant plus triste quand on apprend que c'est autobiographique...
Commenter  J’apprécie          300
C'est d'abord son récit autobiographique Quand j'étais italienne qui m'attirait, mais grâce à Masse Critique de Babelio, j'ai eu la chance de lire son tout dernier au titre révélateur : J'ai montré toutes mes pattes blanches et je n'en ai plus.
Sylvie Laliberté parle à son frère retrouvé mort dans son appartement : suicide ou mort subite, on ne le saura pas. Cette disparition fait remonter à la surface un passé qu'elle a toujours tenu secret. Un père qui n'allait pas bien. Un bel euphémisme pour dire les dysfonctionnements d'une schizophrénie mal soignée, accompagnée de brefs séjours en hôpital psychiatrique, suivis des tâtonnements médicaux nécessaires afin d'« ajuster » son père. Donc, une enfance détonante pour son frère et elle, hors de la normalité ou de ce qu'ils en voyaient à l'école et dans leur quotidien. « Tous les quatre on aura été les joyeux naufragés sur l'île désertée de la maladie mentale. »
On peut imaginer que ses confidences sont versées au jour le jour sur le papier; parfois elles ne remplissent pas la page et c'est encore plus poignant. de courtes phrases-choc laissent affleurer toute la peine et le désarroi de l'auteure face à l'absence inéluctable de son frère « C'est difficile de vivre quand on est pas certain d'exister. (…) Maintenant c'est fini; t'as fini d'essayer d'essayer. »
Même si le propos est infiniment triste, le récit de Sylvie Laliberté dégage une certaine tendresse pour sa famille disloquée. Dans sa tentative de compréhension de la dynamique familiale, se révèle une puissante force d'adaptation de chacun à vivre dans le chaos. Il le fallait. Pour donner le change, éviter de trop y penser. Mais le passé finit toujours par nous rattraper.
Une lecture qui brasse pas mal d'émotions. Inévitablement, on ne peut que penser à tous ses enfants mal aimés, mal orientés ou qui sont tombés sur des parents inaptes. « Les enfants sont des constructions. Il faut les bâtir. »
Commenter  J’apprécie          150
« On a eu un père volant qui faisait des arabesques dans le ciel. On a vu notre père voltiger au-dessus de la table de cuisine et réciter des formules magiques de mathématiques. Un père théorique qui s'envolait sous nos yeux ébahis. On a été éberlués à jamais. Interdits. » (p. 68) C'est avec son frère que la narratrice partageait le poids d'une enfance auprès d'un père qui avait des troubles importants de santé mentale, un père brillant mais grandement dysfonctionnel, et qui faisait des séjours fréquents en psychiatrie. Pilier de son enfance, ce frère vient de mourir. Elle lui écrit, dans ce qui prend la forme d'une sorte de journal de deuil, particulièrement éclairant sur le plan de la difficulté à se construire lorsque tout vacille. La page, non remplie, comportant un paragraphe, parfois même une phrase seule, ajoute du poids aux mots sur lesquels je me suis arrêtée davantage. Un bel ouvrage sur le manque et l'absence.
Commenter  J’apprécie          90
Ce livre est un témoignage vibrant d'amour et de douleur, adressé à son frère par l'auteure Sylvie Laliberté. Son frère décédé, qui était tout pour elle. Son frère avec qui elle a traversé les tourments et les souffrances, de l'enfance à l'âge adulte, causés par la maladie mentale de leur père et la nécessité absolue de faire bonne figure, de montrer patte blanche, peut importe leurs détresses et leurs solitudes d'enfants oubliés. Parce que dans les bonnes familles, le malheur ne peut pas exister. Derrière les murs des belles maisons, lorsqu'on est bien nourris et habillés, la souffrance ne peut pas exister.

Quand il n'est pas possible de s'échapper d'une réalité qui bascule dans le chaos et la peur au rythme du père, alternant entre la folie et le génie inaccessible, quand il n'y a jamais de place pour l'enfant, le soi, la sécurité et la normalité, quand personne ne veut vraiment voir derrière la façade et les apparences, il reste toujours et seulement la main de son frère à prendre pour ne pas se perdre.

Mais quand la mort rompt ce lien, ce lien pour vivre et survivre, que reste-t-il ?
Sylvie Laliberté raconte cette perte avec des mots simples, parfois presque ceux d'une enfant, mais le style frappe directement au coeur. « Je n'ai jamais vécu une chose si nouvelle que toi mort et moi vivante. Je ne sais pas comment faire. »

Un texte magnifique à découvrir. À lire (et relire pour moi). Une auteure coup de coeur dans mon univers littéraire.
Commenter  J’apprécie          22
Une mer de répétitions ! Celles-ci peuvent être la marque d'un manque de vocabulaire ou un effet de style. J'opte pour la deuxième explication. Ici, la narratrice n'a que deux sujets pour ses fragments : la mort de son frère ( à qui elle écrit ) et la maladie psychiatrique de son père qui a fait d'eux des enfants brisés. C'est bien la répétition qui donne le ton au récit et l'effet qu'elle fait sur le lecteur est multiple et prenant. Elle est tour à tour tentative d'appropriation du réel ou d'une délivrance qui ne viendra que par la parole dite et redite, constatation obsédante, désir confus de vivre dans la normalité ou encore poésie de l'absence. Et je ne saurais tout dire de ce qu'elle peut être encore, mais c'est par elle que l'émotion affleure et le lecteur ( que vous serez peut-être ) saura reconnaître son pouvoir à même ses ressentis. Si on se lasse un peu de savoir les mêmes choses, il n'en demeure pas moins que certains fragments nous happent par leur justesse et leur originalité. Ce sont souvent les plus courts.
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (1)
LaPresse
02 février 2021
Dans ce nouveau livre, son quatrième, l’autrice et artiste Sylvie Laliberté lève le voile sur ce qui grouille derrière l’apparente vie tranquille et rangée d’une famille de la classe moyenne.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
On ne fait rien pour les gens qui ne vont pas bien. Ni pour leurs enfants flous qui n’ont qu’à poireauter et à être terrifiés le temps d’une enfance. Après tout, chacun ses problèmes. Et dans la classe moyenne : chacun ses problèmes, chacun ses enfants, chacun ses parents. Point. Et chacun sa voiture, chacun sa toiture, chacun sa pelouse, chacun son jardin. Chacun. Chacun. Chacun. (p. 32)
Commenter  J’apprécie          60
Alors les normaux ne savent pas qu’ils sont normaux, ils vivent; ils font des choses ou choisissent de ne rien faire. Toutes leurs actions sont directes; les normaux ont un accès privilégié à la réalité.

Les normaux sont les privilégiés de la réalité. Nous, on était les pauvres, les sous-alimentés de la réalité.

(Somme toute, p.121)
Commenter  J’apprécie          40
T'es mon enfance, t'es ma preuve de nous deux. T'es mes appels téléphoniques préférés. T'es ma vérité. On se disait la vérité. J'ai pensé te mettre ici. Je te mettrai sur chaque page. Puis à la dernière page, tu iras où tu voudras. Et moi je n'irai pas avec toi. Le plus difficile sera de ne pas te suivre. Je ne devrai pas te suivre. Je vais mettre un mur entre toi et moi: un mur de mots.
p.19
Commenter  J’apprécie          20
Notre mère n’avait trouvé comme solution que d’endurer notre père, nous entraînant toi et moi dans ce non-sens.

Dans l’adversité les enfants peuvent prendre la responsabilité du bonheur de la famille sur leurs épaules. Les enfants débordent de bonne volonté. Les enfants peuvent faire des choses qui ne sont pas de leur âge. De plus : les enfants savent avoir l’air heureux, si cela peut aider. Et le pire, c’est qu’ils pensent, les enfants, que d’avoir l’air heureux peut attirer le bonheur. Mais pour toi et moi ça n’a pas marché. (p. 53)
Commenter  J’apprécie          10
Évidemment, notre père qui n'allait pas bien ne voulait pas ne pas aller bien. Ce n'était pas son choix. Et ce sera la plus grande cruauté imaginée par les humains: rendre responsables les gens qui ne vont pas bien de ne pas aller bien. Notre père souffrait. Souffrance inépuisable, infinie et terrifiante.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Sylvie Laliberté (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvie Laliberté
À l'occasion du mois de la BD, le Salon du livre de Montréal et le Festival BD de Montréal proposaient une discussion avec Patrick Senécal et Catherine Lepage le 10 mai 2021, à 21 h, sur Instagram.
PATRICK SENÉCAL
Livres suggérés:
Aliss, Patrick Senécal et Jeik Dion, publié chez ALIRE Blast, Manu Larcenet, Éditions DARGAUD Pour réussir un poulet, Fabien Cloutier et Paul Bordeleau, Éditions LA PASTEQUE Ténèbre, Paul Kawczak, Éditions LA PEUPLADE La désidérata, Marie Hélène Poitras, éditions Alto L'exorciste, William Peter Blatty Éditions ROBERT LAFFONT Flots, Patrick Senécal, Éditions ALIRE
CATHERINE LEPAGE
Livres suggérés:
Bouées, Catherine Lepage, Éditions La Pastèque Le tragique destin de Pépito, Catherine Lepage et Pierre Lapointe, Comme des Géants 12 mois sans intérêt, Catherine Lepage, Éditions Mécanique Générale Fines tranches d'angoisses, Catherine Lepage, Éditions Somme toute Zoothérapie, Catherine Lepage, Éditions Somme toute Mélody, Sylvie Rancourt, Éditions Ego Comme X Melody: Story of a Nude Dancer, Sylvie Rancourt, Drawn and Quarterly J'ai montré toutes mes pattes blanches je n'en ai plus, Sylvie Laliberté, Éditions Somme toute Je ne tiens qu'à un fil mais c'est un très bon fil, Sylvie Laliberté, Éditions Somme toute Maquillée, Daphné B., Éditions Marchand de feuilles Royal, Jean-Philippe Baril Guérard, Éditions DE TA MERE Le plongeur, Stéphane Larue, le Quartanier Là où je me terre, Caroline Dawson, Éditions Remue Ménage
Filmographie:
Le mal du siècle, Catherine Lepage, ONF Parenthèse, ONF
+ Lire la suite
autres livres classés : autobiographieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (48) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1718 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}