Dans
Dernier chapitre,
Gérard Lambert-Ullmann raconte l'histoire de sa petite librairie à St Nazaire : sa création avec peu de moyens financiers malgré les objections de tous ceux qui lui disaient qu'il n'y avait pas de place pour une librairie dans cette ville, la bataille qu'il a menée pour défendre les auteurs qu'il aimait, organiser des événements et des rencontres et essayer de partager l'amour de la lecture avec tous et enfin la fermeture inéluctable au bout de quinze, quand la réalité économique est devenue trop difficile pour qu'il puisse continuer plus longtemps.
Organisé sous forme de petits paragraphes comme autant de souvenirs et d'anecdotes, c'est un récit toujours plaisant à lire, qu'il faut découvrir à petites touches pour ne pas être lassé par le manque de continuité dans le propos. L'auteur mêle anecdotes amusantes sur des scènes de vie - ces passants qui osent à peine entrer dans la librairie (tant de livres... ça fait peur...), ceux qui demandent des titres improbables et ne comprennent pas qu'ils ne soient pas en stock, ceux qui le jugent trop élitiste car ils ne trouvent pas le dernier best seller et ceux qui le jugent incompétent car il n'a pas l'ouvrage pointu qu'ils recherchent -, réflexions sur le rôle des librairies et la manière d'amener à la lecture ceux qui n'en sont pas familiers et enfin pensées souvent plus désabusées et critiques sur sa bataille pour faire découvrir aussi des auteurs tout aussi talentueux mais ne bénéficiant pas de campagnes médiatiques suffisantes pour se faire connaître.
Le tout forme un livre assez inclassable (on a parfois plus l'impression de lire des miscellanées qu'un récit chronologique construit) mais toujours attachant et dans lequel on ressent la forte personnalité de l'auteur, ses convictions, sa franchise et la belle idée qu'il se fait du métier de libraire. Un beau témoignage à découvrir pour tous ceux qui aiment les livres et regrettent que cette passion ne soit pas plus unanimement partagée !