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3,99

sur 980 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que dire après tout cela ?
Qu'écrire ?
J'ai entendu dire qu'un critique littéraire était un écrivain raté.
En lisant ce livre magistral, de cette critique célèbre, je me dis que cette réflexion est bien imbécile, et même abjecte.
Car Madame de Lamberterie, est sans nul doute un grand écrivain.
Je l'ai probablement connue, nous habitions le même quartier, le chic XVI e arrondissement de Paris, elle boulevard Beauséjour, moi rue Vital, petite rue qui part de la place de Passy. Nous avons fréquenté les mêmes établissements scolaires, La Providence et plus tard, L'institut de la Tour. Mon premier amour a fait ses études à Franklin, le même lycée privé que son frère.
Vous allez me dire, et alors ?
Et alors, je me sens bien proche de cette grande dame toute desséchée de souffrance inouïe, poisseuse, inimaginable pour quelqu'un qui n'a pas perdu un Amour de sa vie.
Ce livre est un hurlement, un cri sans fin de douleur et de perte.
Elle aimait son frère comme une folle, ce petit frère qui s'est suicidé le 14 octobre 2015.
Un suicide, double peine comme elle dit.
Car il n'y a rien de plus violent qu'un suicide pour les proches.
J'aurai voulu tout citer dans ce livre magnifique, tout écrire, tout retranscrire, tout hurler tant sa prose est si belle, si juste.
Cat elle hurle sa souffrance, elle la porte comme un enfant mort-né, elle est admirable de courage et de désespoir.
Oui, j'ai dû la croiser au détour d'une rue, lui aussi, Alex, j'ai pu le connaître, tout le monde se connaît dans ce milieu dit "privilégié". Mais dans le deuil, dans la perte, il n'y a pas de privilégié, tout le monde souffre à la même enseigne.
J'ai pleuré, bien sûr, j'ai pleuré ce gâchis, cette maladie psychique, cet acharnement à mourir, cette certitude du suicide. J'ai pleuré la douleur de cette soeur orpheline.
Très touchée également par la crainte de l'auteure, ayant trois fils, qu'il y ait une sorte de malédiction qui toucherait tous les hommes de sa famille, se traduisant par un suicide.
Cela m'a fait penser à Charlotte Salomon dont toutes les femmes d'une même famille se sont défénestrées.
Et puis, à la fin, la fulgurance ; "Ta mort nous a rendu vivants".
Magistral je vous dis.


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"Avec toutes mes sympathies", un livre qui n'aurait jamais dû exister car Alex n'aurait pas dû disparaître, pas à 45 ans nous dit Olivia de Lamberterie en parlant de son frère.

Un livre magnifique pour que la mort vive, qu'Alex soit toujours présent. C'est un très bel hommage à son frère, une déclaration d'amour pour ce frère qui à jamais fait partie de sa vie.

Olivia de Lamberterie est critique littéraire pour Télématin, le Masque et La Plume mais est également "rédacteur en chef" pour "Elle". Elle n'avait pas l'intention de franchir la ligne entre la critique et l'écriture car elle n'avait rien à dire.

Cependant son frère avant de partir lui a demandé d'écrire, et après sa mort, elle a retrouvé un message sur Facebook d'Alex lui demandant d'écrire son propre livre.

Ce livre, Olivia le portait en elle car elle voulait rendre à son frère, l'image de l'homme flamboyant qu'il était, sa joie, leur bonheur, lui pour qui "vivre l'a tué", celui qui a décidé le 14 octobre 2015 de franchir le parapet de sécurité du pont Jacques Cartier à Montréal.

Ce récit, c'est pour tromper la mort, garder la joie qu'elle l'a écrit. Elle nous fait découvrir sa vie, sa famille, son enfance. Une famille d'un certain milieu social où l'on exprimait peu ou pas ses sentiments, une certaine rigueur, une distance (le vouvoiement), pudeur et réserve étant de mise.

Elle nous fait découvrir cet amour inconditionnel, le lien très fort qui l'unit à jamais à son frère, cela même si des kilomètres les séparaient.

Elle nous pose question sur ce mal de vivre, sur le diagnostic assez tardif "dysthimie", nommé tardivement, mal soigné, sur les moyens inhumains des services psychiatriques qui abrutissent plutôt que de soigner.

Elle s'interroge sur l'aspect génétique de la question, leur famille étant lourdement touchée, mais tout ceci n'est jamais noir, jamais pathos. le ton peut être léger, l'humour étant bien présent provoquant le rire à certains passages.

L'auteure nous parle aussi beaucoup de l'amour des mots, des livres. Les références sont nombreuses et c'est un pur moment de bonheur de lire cette plume.

Pour son mari, ses enfants, sa famille elle crée de la gaieté dans son quotidien non pas pour "faire son deuil", expression horrible mais pour que la mort vive et que les liens soient toujours présents, faire vivre Alex à travers eux.

La tristesse, le manque, la perte, le mal de vivre sont abordés mais c'est lumineux. L'écriture est prenante, émouvante, élégante, emplie de pudeur et d'amour. La sincérité et l'honnêteté de cette plume vraie m'a beaucoup touchée.

Un très beau récit que je vous conseille vivement.

Ma note : ♥♥♥♥♥
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Terriblement émouvant, le portrait aimant et flamboyant d'un frère trop tôt disparu. La plume est gracieuse, affûtée, et le propos universel : une belle lecture que j'ai terminé la gorge serrée.
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Lorsqu'à Lyon, pour la présentation de la rentrée littéraire des Editions Stock, Olivia de Lamberterie a évoqué son livre, des frissons m'ont traversée de la tête aux pieds. Elle parlait de ce frère décédé - cet immense amour fracassé un soir d'octobre 2015 – sereine, digne, le ton posé, souriante et extrêmement émouvante.  Olivia, je la connaissais des médias et d'un très bref échange lors de la soirée du Grand Prix des Blogueurs. Là, à Lyon, je la découvrais un peu davantage, ses mots livrés au micro, au milieu du restaurant puis sur la terrasse. Olivia a partagé son émotion et  évoqué l'écriture de ce livre, son frère, son chagrin, ses enfants, mais aussi l'optimisme et la vie. J'ai découvert une belle personne. Une vraie. Et ce fut un immense bonheur.

La lecture de ce livre s'est donc posée comme une évidence. Un besoin. Une continuité. Et non comme une quelconque incitation promotionnelle autour d'une personnalité. Olivia devenait une femme, comme toutes, avec ses peines et ses chagrins, ses obligations, sa mélancolie et ses doutes. Une femme ordinaire. Une amie qui nous raconterait son existence attablée à nos côtés autour d'un café ou d'un verre de vin.

J'ai pris plaisir à lire ses mots. Son enfance, son histoire ; les éléments qui ont fait ce qu'elle est. J'ai aimé son frère, ses soeurs, ses parents et grands-parents. J'ai aimé son tact et sa pudeur. Aucun pathos, aucune plainte. Seulement le fil d'une vie qui s'écoule. Des infortunes, des allégresses.

Olivia de Lamberterie affronte la mort, la désacralise, s'en empare et vit avec. le texte pose les faits : l'impuissance, la culpabilité, la douleur, l'absence. L'absence. Ne plus sentir son frère, ne plus recevoir ses mails, lui répondre, lui parler. Ne plus le voir. L'entendre encore, le chercher, l'attendre. Apprendre à vivre sans lui. Autrement.
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Très beau récit qui mérite largement son prix Renaudot de l'essai 2018. D'abord il y a ce titre qui évoque Françoise Sagan "Avec toutes mes sympathies". En fait il s'agit de l'expression traduite de l'anglais qui veut dire « mes condoléances ». Car Olivia de Lamberterie écrit pour parler du suicide de son frère.
C'est un livre cadeau qui est rassurant par ce qu'il dit. Je ne suis pas surprise car j'adore Olivia de Lamberterie et sa capacité à voir juste et comprendre les autres. C'est comme ça, il y a des gens que vous ne connaissez pas mais qui sont un peu vos copains ou vos copines.

Elle dit que l'écriture de ce récit était inévitable, comme si son frère lui en avait passé la commande. La dernière fois qu'elle l'a vu à l'hôpital il lui a demandé d'écrire ce livre. Elle y pensait comme une chose qui pourrait l'aider, ainsi que toute sa famille, à mettre des mots sur la difficulté à vivre de ce frère adoré.
Dans ce texte elle va alterner les derniers moments qu'elle a passé avec lui et l'annonce de son suicide le 14 octobre 2015, le jour où son frère a enjambé la rambarde du pont Jacques-Cartier de Montréal. Alex de Lamberterie était un homme brillant, séduisant, intègre, drôle qui avait tout pour être heureux mais dont l'existence était trop lourde à porter. Cette maladie s'appelle la dysthymie.
Olivia de Lamberterie aurait aimé sauver son frère. Pourtant ce livre n'est pas triste c'est ce qui fait la force et la lucidité de son auteure.

Je ne suis pas lectrice du Elle mais je l'écoute régulièrement sur France Inter au Masque et la plume le dimanche soir.
Alors que nous sommes issus de milieux opposés je la rejoins sur un grand nombre de choses y compris futiles. Elle parle de ses premières lectures avec Oui-Oui et comme moi c'est une dormeuse qui a du mal à se lever le matin et à se coucher le soir. Grâce à Olivia de Lamberterie jai découvert pourquoi je n'aimais pas faire la sieste. Comme elle le dit si bien, elle n'aime pas se lever donc le faire une deuxième fois dans la journée lui est trop difficile. Ça n'a pas beaucoup d'importance mais je suis quand même fière parce que j'apprécie la personne. Je bois littéralement ses paroles et cette ode à la vie.

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Trouver les mots après le suicide d'un proche, ici un frère, guérir de la blessure laissée, le vide et la colère, voici ce qu'a réussi à faire l'auteure. Il faut beaucoup de courage pour affronter ses démons et encore plus pour arriver à en guérir, il faut avant tout accepter la fatalité d'après la façon dont elle a réussi à passer ce cap, sinon les bons souvenirs resteront dans l'ombre du suicide, cachant et gâchant tous ces moments de joie passé ensemble.
Je ne critiquerais pas le contenu, c'est trop personnel pour ça, ce n'est pas un roman, c'est l'histoire des vies, du vécu personnel. En revanche je peux le faire sur l'écriture, je l'ai trouvée bonne et le fait que ce ne soit pas construit de façon confuse aide beaucoup à suivre le fil de la narration d'Olivia de Lamberterie. Il y a des belles tournures de phrases, des vraies réflexions sur son vécu et j'ai trouvé ça très touchant. Ca m'aide un peu plus chaque jour de lire ce genre de livre, ayant moi aussi connu le suicide d'une proche.
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Comment survivre à son frère lorsque celui-ci a décidé de tourner le dos à sa propre vie? Il n'y a pas de réponse exacte à cette question, il n'y a qu'une réponse juste : celle qu'Olivia de Lamberterie nous livre dans son premier roman. Pour survivre à son frère tout en lui rendant hommage, elle retrace dans ce livre leur vie à tous les deux, de leur enfance parisienne aux derniers moments québecquois. Sous la plume de sa soeur, Alex reprend vie tandis qu'Olivia apprend la vie sans lui. A la douleur de l'absence, succède petit à petit la force de l'acceptation de ce choix, une décision incroyablement difficile, mais nécessaire pour continuer à aller de l'avant.

Justesse. C'est ce mot qui me vient à l'esprit tandis que j'essaie d'en trouver d'autres pour décrire cette lecture. Ce livre sonne juste par sa sincérité, par la simplicité avec laquelle Olivia ouvre son coeur, dévoile ses failles, admet ses souffrances. Aucune mise en scène, aucune dramatisation, aucune pitié, seulement la juste vérité d'une vie comme tant d'autres, terminée dans un fracas inhabituel. C'est la lumière de l'être aimé qu'Olivia de Lamberterie nous restitue ici, loin des récits larmoyants qui d'habitude nous parlent du suicide. Oui, c'est triste, mais pas seulement, voilà ce qu'elle essaie de nous dire.

A travers des phrases pleines de références littéraires disparates, Olivia de Lamberterie rend hommage à son frère en utilisant ce qu'elle manie le mieux : les mots. Même si ceux-ci sont impuissants à la consoler dans ces moments incroyablement difficiles, ils la portent à chaque phrase vers le point final de ce récit très personnel. Il faut beaucoup de courage pour écrire sur les siens, encore plus pour décrire ceux qui ne sont plus, d'autant plus quand il s'agit de relater des moments difficiles. Elle réussit l'exercice haut la main avec un livre sensible et vrai, où la mort, même omniprésente, n'a pas sa place.
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Comment est-ce qu'on fait pour vivre avec nos morts en bonne compagnie ? Telle est la question que se pose Olivia de Lamberterie à la suite du suicide de son frère Alex adoré.
Certes il est question de mort dans ce récit intime, mais pas seulement. Il est également et peut-être même surtout question de vie parce qu'Alex était un être flamboyant. Malheureusement, la mélancolie a pris le dessus à un moment donné ; le poussant à commettre ce geste irréparable.
Olivia de Lamberterie se livre à nous. Elle évoque notamment ses parents, sa fratrie, sa vie de femme et de mère de trois garçons, son métier de critique littéraires. Je l'écouterai de manière différente, comme plus familière, au Masque et la Plume. J'ai trouvé que c'était puissant et touchant, voire même soutenant. Je trouve en effet tellement important de parler de la mort et des morts. « Ta mort nous a rendus vivants » écrit l'autrice. Coup de coeur pour ce livre lu en partie lors d'une journée entière d'examens à l'hôpital.
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Je connais l'auteure pour ses critiques au Masque et la plume, en lisant son récit j'entendais l'intonation de sa voix qui m'a suivi au fil des pages.
Un vibrant hommage à son frère, un besoin de comprendre l'incompréhensible, de mettre des mots sur la souffrance et la douleur de ceux "qui restent".
Le récit est court mais très intense, il en ressort tellement de positif également.

Bravo à Olivia de Lamberterie d'avoir trouvé les mots justes.
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Vous commencez à savoir que j'aime bien lire des témoignages (mais bien écrit hein !), alors je ne pouvais pas passer à côté de "Avec toutes mes sympathies", d'Olivia de Lamberterie, prix Renaudot essais 2018.
Cette journaliste, critique littéraire au magazine Elle, se livre sur le suicide de son frère adoré, dont elle était très proche. Elle essaye de nous faire découvrir et aimer l'être solaire qu'il était pour elle, notamment à travers leur enfance dans une famille bourgeoise aimante du XVIème arrondissement. On comprend aussi assez vite que derrière tout cet amour il y a des fêlures et une certaine fragilité, mais l'auteur préfère n'en retenir que la joie et l'espoir. Jusqu'à ce jour d'octobre 2015 où Alexandre se jette du haut d'un pont à Montréal...
Et c'est là que le livre est très fort. Plutôt que de s'incliner et de rentrer comme on le lui demande dans sa phase de deuil, Olivia se rebiffe : non elle ne veut pas reprendre sa vie d'avant et faire comme si rien de cela n'était arrivé, elle veut au contraire bien garder avec elle la présence de ce frère chéri, et fait pour cela des choses qui pourraient paraître insensées. Elle est heureusement bien entourée et accompagnée, et ce livre écrit pourtant sur un sujet terrible se referme avec un sentiment d'apaisement. Bref, j'ai beaucoup aimé.
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