13 MARS-7 MAI 1954 : CAMP RETRANCHE DE
DIEN-BIEN-PHU
La dernière défaite militaire française...
Elle marque la fin du conflit indochinois qui de 1945 à 1954 vit les Français échouer dans leurs efforts de reconquête de cette portion du Sud-Est asiatique comprenant le Tonkin, l'Annam, la Cochinchine, le Cambodge et le Laos...
Cette guerre oubliée tua environ 75 000 soldats français, tous engagés volontaires pour le Corps Expéditionnaire d'Extrême-Orient (CEFEO) et 300 000 bo-doïs nord-vietnamiens.
Matrice du conflit algérien, elle se divise grossièrement en : Une période "guérilla contre postes" où petit à petit, notamment au Tonkin, les communistes affrontent les troupes françaises dispersées en point d'appuis statiques...Ces affrontements durent de 1945 à 1949...Ce serait aujourd'hui qualifié de "guerre asymétrique".
Une période de mutation où à côté de la guerre tactique à petite échelle apparaît la naissance de l'armée nord-vietnamienne commandée par le général Giap...Celle-ci s'explique par la la mise en place du régime maoïste en Chine en 1949 et l'approvisionnement en conseillers et matériels qui s'ensuivit. ..Le conflit colonial se double alors d'une entrée dans la guerre froide où la France participe directement à l'endiguement de l'expansionnisme rouge.
Une période charnière où pour la première fois l'Armée Française est défaite à de Cao-Bang en 1949. le général de Lattre, envoyé en urgence, stoppe la panique, réinstalle la confiance, remet les troupes en état de se battre. Ceci étant, la France perd progressivement pied au Tonkin. le repli se produit malgré la bataille de Na-San,(1952) qui met un coup d'arrêt temporaire aux intentions nord-vietnamiennes.
Afin de reproduire le coup de Na-San, l'Etat-Major français, sous les ordres du général Navarre, décide de recréer une base aéro-terrestre en pays thaï, à proximité du Laos, afin d'attirer comme des essaims des guêpes les forces de l'ANV et de les détruire autour de la cuvette de Dien-Bien-Phû. Ce qui devait être le tombeau de puissantes divisions (302,308,316) fût celui de la Légion Etrangère, des Parachutistes Coloniaux ou non, et de l'Infanterie Coloniale. S'ensuivit pour les prisonniers une Marche de la Mort qui n'a rien à envier à celles que subirent les prisonniers anglo-saxons lors des défaites de 1941-1942 face au Japon ou les concentrationnaires regroupés par les SS et transférés d'un camp à un autre lors de l'effondrement de l'Allemagne à l'Est en 1945.
Le colonel
Pierre Langlais (1909-1986) commandait un groupement aéroporté composé de trois bataillons parachutistes. Il a vécu dans sa chair et son esprit les 56 jours de cet affrontement sans merci. Son témoignage relate cette vie au combat....témoignage particulièrement précieux car situé à l'intersection de l'engagement et du commandement, profondément humain et intelligent.
Cette guerre fût une guerre d'abandon, non pas de l'Empire, mais de corps de bataille, plantés là, pour faire ce que de façon totalement inconséquente, irréfléchie, idiote demandaient le Pouvoir Politique, un Etat-Major incompétent, une population absolument indifférente.
La parole revient au colonel Langlais : "La guerre d'Indochine fut une guerre d'indépendance contre la France et si l'outil de combat fut forgé par le méthodes marxistes, il n'n reste pas moins vrai que le soldat V.M. qui montait, avec quel courage, à l'assaut des positions de
Dien-Bien-Phu, luttait pour nous mettre à la porte de chez lui où nous n'étions pas chez nous."
C'est demander beaucoup à des soldats que de mourir pour rien, eux qui ont choisi d'intégrer la Mort comme possible horizon.
"Combattre se traduit toujours en fin de compte par mettre sa vie au bout de sa détermination. Pour risquer ou sacrifier délibérément un bien aussi précieux, il faut une raison, une foi.Mais comme cette foi, si simple, si évidente, chez nos adversaires, la foi du charbonnier, était difficile à avoir dans nos rangs. Nous ne combattions pas pour défendre nos foyers, nous ne combattions pas pour chasser l'étranger de chez nous, nous ne combattions même plus pour garder l'Indochine à la France. Alors pourquoi ? L'honneur du métier des armes et c'était tout".
Cette question est de nouveau d'actualité en France, en Afghanistan, au Mali et demain ailleurs.
P.S. : la visite aux postes perdus du Laos rappelle de façon magnifique certaines images fabuleuses du "Crabe-Tambour" quand Wilsdorff descend le fleuve avec son chat, fait sonner de la trompe et règne sur son bateau comme un Roi de légende