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4,06

sur 138 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Charlotte a 17 ans et elle attend de voir le juge. Parce qu'elle a commis un acte irréparable et qui demande une explication. Mais elle choisit de ne pas dire, de ne pas faire entendre le son de sa voix, elle cherche plutôt à faire passer l'impensable avec les mots qu'elle couche sur un cahier. Elle nous donne alors, l'espace de quelques pages, la possibilité de partager avec elle la chambre humide et froide que son père a choisi pour elle, pendant 10 ans. Sans plainte, sans larme, juste avec une boule au ventre, on entend et reçoit son cri...
Une livre coup de poing, tout en finesse. Une écriture fluide et parfaite, qui alterne entre présent et passé, sans temps mort et sans longueur. Céline Lapertot réussit avec talent à nous plonger dans l'horreur d'un drame familial...
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Céline Lapertot  aborde le thème de la violence parentale et du parricide (je ne dévoile rien de l'intrigue, les faits sont mentionnés dès les premières pages)  mais aussi bien d'autres choses.

Ce cahier est pour vous, monsieur le juge. Il est fait de ma force, de mes faiblesses et de ma foi.  (p187)

Après mes lectures de cette auteure : Ne préfère pas le sang à l'eau et Des femmes sous les bombes et les émotions que j'ai éprouvées, je ne pouvais pas en rester là..... Lorsque vous trouvez une écriture qui vous enveloppe, vous bouscule sur des thèmes importants qui vous poussent à réfléchir, à vous questionner, à regarder le monde en face, vous n'avez qu'une envie c'est de tout lire de celle-ci.

Troisième lecture et le plaisir ne retombe pas.

Je suis faite pour le bonheur, de cela, je suis certaine, mais ma cave s'en est emparée et l'a digéré. Il me faudra me battre contre ses entrailles et retrouver chacun des sacs de pommes de terre. Il me faudra gratter le sol et faire fondre mes chaînes, mes chaînes éternelles.

Je me redresserai et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre. (p101)

Charlotte, la narratrice, ne s'adresse pas à nous directement mais au juge devant lequel elle va devoir expliquer son geste mais par l'écrit, dans un cahier offert par son éducatrice. Elle a 17 ans mais elle replonge dans ses souvenirs, dans ses émotions de petite fille puis d'adolescente, avec ses mots à elle, car parler ..... elle ne sait pas, elle ne peut pas, car l'écriture lui est plus facile que le parler.

Pour qui donc suis-je en train d'écrire ? 

Pour vous, monsieur le juge. Et dans la marge, j'ajoute : "Lisez attentivement mes lignes car vous n'entendrez pas ma voix". (p13)

Et ce qu'elle va narrer c'est son enfance, sa vie, son enfer.

Avant, c'était sa mère le bouc émissaire de son père. Charlotte connaissait les signes annonciateurs, mais était impuissante. Et puis tout bascule à 7 ans, elle passe d'un chambre rose à une cave grise, humide, sale, où elle connaîtra la peur,  les chaînes, l'isolement.

Elle découvre la peur,  la résignation de sa mère, l'aveuglement de ses proches, qui ne voient pas car son tortionnaire est un manipulateur mais elle, elle le connaît par cœur, elle sait analyser un silence, un regard. Dans le milieu scolaire certains tireront la sonnette d'alarme mais Charlotte ne parle pas, n'a pas les mots, pèse continuellement le pour et le contre d'une prise de parole.

Et l'enfer va durer 10 ans, 10 ans de violence, de solitude familiale mais aussi amicale et scolaire :

Au fond de moi, je sens que je n'ai aucune envie de hurler "Au secours" dans la rue noire et glaciale, j'ai juste envie de rejoindre ma chambre, parce que c'est ma chambre. Je n'ai pas envie de changer de vie, je veux juste avoir ma vie : celle dans laquelle mes parents m'aimeraient plus que tout, celle dans laquelle ils seraient prêts à tout sacrifier pour mois. Je veux des copines qui jouent avec moi à l'école, et qui ne me disent pas que je sens le renfermé. Je veux la vie que l'on est en droit d'exiger lorsqu'on a neuf ans et une existence à découvrir qu'on n'a pas encore dessinée pour vous . (p51)

Charlotte n'aura d'autre issue que de trouver elle-même la solution, la seule solution possible quand cet homme, que l'on dit père, franchira un nouveau degré de violence et sa vengeance sera implacable.

Je mâche le mot "victime" comme la vache son herbe, qui la rumine avant de l'envoyer macérer dans son deuxième estomac. Je mastique encore et encore mon statut d'enfant maltraitée, c'est à présent tout ce qu'il me reste de mon identité. (p73)

Charlotte souffre mais Charlotte tient bon. Quelle maturité mais aussi quelle froideur, quelle distance, sûrement issues de ce qu'elle vit : elle s'est forgée jour après jour sa résistance et pourtant.... Elle alterne le rose et le noir : rose comme la chambre qu'elle n'occupera jamais, rose comme ses rêves de fillette, noir comme la cave où elle vivra pendant 10 ans et comme l'avenir qu'elle entrevoit pour elle.

Grâce à la littérature, elle va trouver un refuge pour surmonter les épreuves. Lorsqu'elle va disposer de livres dans son antre sombre, elle va trouver une planche de salut, elle ne sera plus seule. Pendant les cours de français, elle va découvrir le pouvoir des mots, de la grammaire, des phrases et elle va s'y lover, s'y épanouir, s'y réfugier et parfois trouver des réponses.

Je lis Rimbaud et je pleure et je ris.

Je lis les Hauts de Hurlevent, et soudainement, j'entends ma souffrance qui parle. D'une voix caverneuse, sortie des profondeurs de ma cage thoracique, je l'entends qui murmure que la vie se situe ailleurs, que je n'ai pas encore tout vécu. (p97)

Le récit s'articule entre  les chapitres par âge, non pas comme des anniversaires, mais comme les marches qu'elle gravit à la fois vers l'enfer mais aussi vers sa maturité, sa détermination, vers la seule issue possible et le présent, l'attente de la confrontation au juge.

Car la vie continue, elle passe de l'enfance à l'adolescence avec son premier amour, une bulle de tendresse qui lui fait supporter les coups mais qui va être le déclencheur de sa vengeance. Elle a tout enduré mais il y avait un palier à ne pas franchir.

J'ai bien failli m'échapper. Voilà ce que je vous écris, monsieur le juge. Mais s'échapper, c'est ne pas assumer ce que l'on est. Je reste donc. (p143)

L'adolescente comprend qu'elle éprouve des sentiments, de l'amour, elle qui vit dans l'indifférence, elle trouve son alter ego, celui qui a su la voir, voir au-delà de l'apparence, son apparence,comme les autres.

Comme dans ses deux romans suivants, on retrouve l'écriture Céline Lapertot : sèche, déterminée, directe, sans artifice, laissant à chaque fois ses personnages s'adresser à nous avec leurs mots, leurs sentiments, leurs vécus, abordant des thèmes de violence, de société, à chaque fois différents mais avec dans celui-ci le réconfort, la force qu'apporte la littérature à sa jeune héroïne. La littérature, la lecture peuvent sauver des vies.

Il y a toujours dans ses récits de la détresse, la passivité de ceux qui savent mais n'agissent pas (ici celle de la mère qui baisse le regard pour ne pas voir), de la révolte, de l'indignation mais aussi de la combattativité.

On ne ressort pas indemne d'un roman de Céline Lapertot, la lecture reste profondément ancrée dans nos yeux, dans notre esprit, on s'en souvient longtemps, on ne peut rester indifférent et comme je l'ai dit récemment dans une autre chronique elle a une écriture bien à elle, identifiable par son rythme, par la construction du récit, par les thèmes abordés.  C'est efficace, on sent de la colère, de la détermination et de l'urgence.

Ce qu'il ignore, mon père, c'est que désespérée, je ne le suis pas. (p115)
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Charlotte a dix sept ans et s'est rendue coupable de parricide. Elle écrit une lettre au juge qui doit la recevoir, pour expliquer son geste et raconter sa vie de 7 à 17 ans sous le joug d'un père qui l'enferme, la martyrise et la coupe des liens sociaux ...
Encore un (très bon) livre sur la violence familiale, qui a la particularité d'expliquer pourquoi les victimes se taisent et ne s'enfuient pas. ...
Je le recommande.
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Charlotte a dix sept ans et a déjà commis l'irréparable puisqu'elle s'est rendue coupable de parricide. Sous la forme d'une longue lettre écrite au juge qui doit la recevoir, Charlotte explique comment elle en est arrivée là. Chapitre après chapitre, elle nous dévoile les événements marquants de sa jeune vie et nous fait découvrir l'horreur de ce qu'a été sa vie sous le joug d'un père tyrannique et pervers tout en expliquant pourquoi elle s'est tue si longtemps ...

Charlotte a sept ans et est heureuse de montrer à son amie sa nouvelle chambre dont elle est si fière. Tout ne serait que joie si il n'y avait déjà une ombre à ce tableau car la petite fille se garde bien de révéler que son père frappe régulièrement sa mère. Lorsque celui-ci rentre, Charlotte perçoit d'emblée que la journée s'est mal passée et connait la suite, elle va donc tenter de cacher le coup que son père ne manque pas d'infliger à sa mère mais son amie pressent qu'il se passe quelque chose de grave et préfère fuir. Charlotte comprend qu'elle a perdu une amie et c'est furieuse qu'elle a le geste malheureux de se retourner vers son père les poings sur les hanches. C'est ce geste qui fera tout basculer. Dès lors, son père va s'appliquer à briser toute volonté de rébellion et s'adonner à ses délires de toute puissance. Charlotte est conduite à la cave et réalise que pendant qu'il lui préparait une belle chambre à l'étage avec le sourire dans le même temps, il installait un lit et une table pour elle dans la cave. Ce sera sa chambre, pour les dix années à suivre ...

L'histoire est si bien écrite qu'on la vit totalement autant dire que je n'ai pas lâché le livre avant la fin. Il n'y a pas de misérabilisme mais une prise de distance qui nous éclaire sur bien des points et c'est ce qui est intéressant. Tout d'abord sur le statut de victime, l'héroïne refuse d'être considérée comme telle, on sent même une forme de mépris pour sa mère. C'est là qu'on se rend compte qu'effectivement il y a différentes victimes. le fait d'être victime peut expliquer les choix faits mais pas toujours ...

Un nouvel éclairage sur le silence des enfants victimes, pire sur la rancune des personnes qui tendent leurs mains et se trouvent face à un mur de silence. Autant dire qu'on ne peut pas rester indifférent. C'est dur mais on en sort avec de nouvelles perspectives et rien que pour ça je le conseillerai.
Lien : http://depuislecadredemafene..
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Ce roman se présente sous la forme d'une autobiographie adressée au juge et qui qui raconte l'histoire de Charlotte sur dix ans . On apprend très tôt (après environ 6 pages) la fin (elle tue son père qui la maltraitait) et la durée de son calvaire.

Le livre montre les éléments marquants de cette existence enfermée à la cave par un père violent et le comportement des uns et des autres :

- la résignation, lâcheté et mort intérieure de sa mère qui subit les coups de son mari et ne fait rien non plus pour protéger sa fille, sauf de façon dérisoire (nettoyer ses plaies après que sa fille aie été battue à coups de ceinturon).

- la perversité de son père qui enferme sa fille dans une cave qu'il a pris soin d'équiper avec un lit, une lampe de chevet et une armoire puis va même avant les visites de tiers recréer une chambre Potemkine avec les accessoires adaptés à l'âge de sa fille, dont elle ne profitera jamais.

- les tâtonnements des institutions et notamment scolaires : certains (professeur principal, CPE, assistante sociale) sentent qu'il y a quelque chose d'anormal mais ne le voient pas, notamment à cause du côté manipulateur du père et parce que Charlotte ne fait rien pour les aider, même lorsqu'on lui tend des perches.

- le comportement paradoxal de Charlotte, qui tombe dans la déréliction, trouve un refuge dans la littérature et savoure le peu de pouvoir qu'elle peut avoir sur son père mais à chaque fois qu'elle est à un carrefour où elle pourrait mettre fin au cauchemar, ne le fait pas et attend que les autres voient son malheur sans qu'elle leur dise.

- l'exclusion de Charlotte par les autres enfants, parce qu'elle a une allure morbide (celle de Mercredi Adams), est rêveuse, ne peut s'intéresser aux mêmes choses que ses camarades de part son expérience de la vrai souffrance d'une part mais aussi parce qu'elle ne regarde pas la télévision et est exclue des préoccupations superficielles des adolescents qui l'entourent (musique, télé-réalité..).

Le style est bon, avec des ruptures de rythmes entre les récits d'épisodes et de courtes adresses synthétiques au juge.
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Charlotte âgée de dix-sept ans va comparaître devant le juge pour avoir tué son père. Elle a commis cet acte pour se libérer de sa prison.

Une belle maison, un père qui a un bon travail et qui sait manier les mots, une mère qui est une fée du logis et mijote de bons plats. La façade parfaite que bon nombre de personnes peuvent envier. Mais derrière cette porte, derrière cette fausse ambiance et ce simulacre de la famille heureuse, il y a l'enfer que vit Charlotte depuis ses sept ans. Son père lui a repeint sa jolie chambre de petite fille où les nouveaux jouets et livres abondent. Malgré son jeune âge, elle a compris que son père bat sa mère qui encaisse sans broncher.
Alors qu'une copine est venue admirer sa toute nouvelle chambre, Charlotte ravale sa salive en entendant le bruit de la porte d'entrée qui s'ouvre. Son père est rentré et une fois de plus, il lève la main sur sa mère. Pour avoir mis ses mains sur ses hanches et affiché une mine renfrognée, son père la punit. Elle va dormir dans la cave, pas une nuit, non, mais toutes les nuits. A côté des sacs de pommes de terre, il a mis un lit et un bureau. Voilà sa nouvelle chambre. Préméditation flagrante de son père qui avait pris ses précautions avant que sa fille ne raconte à quiconque ce qui se passe chez eux. A l'école, Charlotte est mise à l'écart ce qui l'arrange.

Elle vit sous les menaces de ce père manipulateur, narcissique qui ira jusqu'à l'enchaîner dans son lit quand un jour elle voudra dormir dans sa chambre. Elle nous raconte comment ses grands-parents n'ont rien vu quand ils venaient , la "fille chérie" découvrant sous l'insistance perverse de son père « mais montre ta chambre » une vraie chambre d'ado où elle ne dort pas. Son isolement, ses notes trop basses vont déclencher un contrôle mais personne ne devinera ce que dissimule son armure de silence car Charlotte encaisse beaucoup, trop. Sa mère n'a jamais essayé de protéger la chair de sa chair en cassant ce carcan. Son attitude d'épouse soumise créée chez sa fille un abime. Tout avouer ? Se taire encore ? Torture supplémentaire de l'esprit avec toujours cette peur, cet espoir que tout ça cesse un jour. Sa seule échappatoire est la lecture qui permet de s'évader de sa geôle.

la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2014/01/celine-lapertot-et-je-prendrai-tout-ce.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Il est très difficile de lire dans l'âme humaine et, même quand nous voyons des signes, que nous sentons quelque chose chez quelqu'un, parce que nous ne pouvons empêcher l'empathie de faire partie de nous, nous ne pouvons jamais être à la place de l'autre.
La compréhension est souvent un objectif, toujours avec des limites, et la puissance de l'écrit est un moyen qui aide l'indicible à émerger, même si on doit réaliser que ce n'est qu'un petit aperçu qu'on peut discerner, et respecter.
Le fait que Charlotte s'adresse à un juge par écrit parce qu'elle ne saura pas s'exprimer verbalement résume déjà la teneur du message. le lecteur n'a pas, lui, la tâche de juger, et ce qui sera décrit dépassera l'entendable.
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Gare aux apparences, derrière une belle façade peut se cacher l'enfer.

Charlotte a 17 ans, elle attend d'affronter la justice et pendant les heures que durent cette interminable attente, elle couche sur le papier le récit de sa vie... sa vie, non ce n'était pas une vie. En fait elle vient de naitre.

Au fil des pages, elle revit les années de maltraitance que son père lui a fait vivre, sous le regard de sa mère. Une mère qui restait silencieuse, victime résignée devenue complice.

Le silence, un des éléments essentiels de ce cri, car Charlotte ne dira jamais rien à personne.

Elle était un de ces enfants qui rêvent encore d'être sauvés sans avoir à dénoncer. Car, dénoncer c'est se confronter aux regards des autres.

Cher lecteur, rien ne vous sera épargné. Les sentiments contradictoires, l'amour et la haine, la résignation et la volonté. Vous ressentirez la douleur et vous irez travailler les cheveux gras et les yeux cernés.

Un récit bouleversant qui vous conduira certainement à regarder au-delà du décor.
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« Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre » est une longue lettre que Charlotte, dix-sept ans, adresse au juge afin de lui expliquer les raisons de l'acte qu'elle a commis. Lui expliquer ou peut-être juste l'informer. Charlotte ne cherche pas à être excusée ou bien pardonnée, elle veut simplement mettre en lumière tout ce qui est resté dans un coin humide et sombre d'une cave.

Tout commence il y a dix ans, elle avait alors sept ans. Son père rentre du travail, énervé, agacé et comme toujours va se défouler sur sa femme ou bien sa fille. Aujourd'hui, ce sera sa fille. Ce jour, elle dit au revoir à sa chambre de petite fille, de princesse et suit son père à la cave. C'est ici qu'elle dormira dorénavant. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que l'au revoir sera en fait un adieu puisqu'elle ne retrouvera jamais la douceur et la chaleur de sa chambre.

L'auteur alterne le présent, dans cette salle où Charlotte écrit sa lettre et le passé où elle raconte des bribes de souvenirs. Les souvenirs commencent toujours par « J'ai sept ans », « J'ai huit ans » jusqu'à la fin… Quelques pages pour raconter toute une année et pourtant, à aucun moment, je n'ai eu l'impression de rater des détails, de passer trop vite sur un moment. Tout s'enchaîne avec une grande fluidité et ce roman semble très court et long à la fois. Court par son écriture qui nous entraîne dans l'horreur, l'abject. Court parce que l'on veut finir à tout prix ce roman afin que le calvaire se termine. Long, justement à cause de cette violence, de l'impensable, de la souffrance.

C'est un livre déroutant, bouleversant. Je suis sortie de là avec l'impossibilité de commencer un autre livre juste après. Tout était encore trop fort, trop présent. Et même à l'instant où je vous écris, j'ai du mal à trouver les mots. Comment raconter ce qui ne devrait jamais se produire ? Comment faire ressentir les émotions qui nous percutent ? Céline Lapertot le fait merveilleusement bien. Elle réussit à me faire aimer un livre dont le contenu retourne le coeur.
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Cette oeuvre m'a fait l'effet d'une claque. Elle est poignante, puissante, pleine d'émotions et très réaliste alors qu'elle est fictive. C'est un récit très émouvant qui fait réfléchir sur la société, les rapports humains et la psychologie de l'Homme face à un événement affreux qui devient habituel et finit par faire partie intégrante du quotidien.

J'ai trouvé le personnage de Charlotte très intéressant à fouiller, surtout lors des passages où nous la visualisons seule alors qu'elle narre la lettre de sa vie au juge chargé de son affaire. Ces passages sont ceux qui selon moi contiennent le plus d'émotions car le personnage a un certain recul pour penser à tout ce qu'il s'est produit dans sa vie et nous le raconter en soulignant les moments qu'il estime être les plus marquants.
Charlotte est pour moi un personnage qui se renferme sur lui-même et ne laisse rien transparaître aux autres mais le lecteur devine toute la colère, la tristesse, l'humiliation, la haine, le dégoût, l'incompréhension qu'elle refoule et qu'elle n'exprime qu'à l'écrit.

J'ai trouvé la forme de narration très originale et je trouve que le fait de s'adresser directement à celui qui décidera de son futur nous permet d'encore plus ressentir les émotions de ce qui nous est narré.

J'ai été horrifiée lors de ma lecture par la cruauté de certains actes qui y sont dépeints. le fait qu'ils puissent sembler si inconcevables et anormaux ne les rend que plus réels et cette oeuvre est un excellent moyen de nous le faire comprendre. Par la fiction et le fait que nous ne soyons pas directement concernés, nous pouvons prendre un certain recul et nous sensibiliser à ce qui est raconté.

J'ai aimé la force des mots de ce roman qui marque les esprits par les événements terribles et malheureusement si réels qui s'y produisent: violence domestique, séquestration, non assistance à personne en danger, cruauté, sexisme. Beaucoup de thèmes actuels y sont dénoncés et j'ai apprécié m'y intéresser.
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