Au milieu de paysages idylliques,
Sarah Lark nous offre une histoire intense.
Fiancée en secret à Simon, l'assistant sans ressources de son père, Nora, riche héritière, est dévastée lorsque son bien-aimé succombe à la tuberculose. Alors qu'elle tente avec difficulté de se reconstruire en venant en aide aux plus démunis, une proposition de mariage se présente en la personne d'Elias Fortnam, un homme de l'âge de son père, cultivateur de canne à sucre en Jamaïque. Si Nora accepte, ce n'est pas tant pour l'homme - pour qui elle n'éprouve aucun sentiment - que pour le rêve nostalgique qu'il représente: en effet, lorsque Simon était encore en vie, lui et Nora souhaitaient partir vivre, un jour, sur une île tropicale. Malheureusement, arrivée sur place, la jeune femme comprend vite l'horreur de l'esclavage obligeant hommes, femmes et enfants à travailler sans relâche dans un climat de peur constant. Mais alors que Nora tente de faire évoluer les conditions de vie des esclaves, elle se heurte à l'obstination cruelle de son mari. Bientôt soutenue par Doug, le fils de ce dernier, Nora n'est cependant pas au bout de ses peines puisque, dans les montagnes de l'île, grossit de plus en plus le peuple des Noirs marrons, anciens esclaves bien décidés à revendiquer leur liberté et leur territoire.
Depuis de nombreuses années, je souhaitais découvrir la plume de cette romancière dont j'ai si souvent vu les oeuvres mentionnées dans l'actualité. Ceci dit, je m'étais fait une tout autre idée du style de l'auteure: je ne m'attendais pas à ce que ce soit si éprouvant.
Sarah Lark ne lésine pas quand il s'agit de dénoncer l'horreur - physique et psychologique - de l'asservissement d'humains par d'autres êtres humains; la violence des coups de fouet, les mutilations comme punitions, les viols ne nous sont donc pas épargnés, et c'est vraiment déstabilisant quand on s'attend à un roman plus doux. Autant dire que j'ai été mal à l'aise durant une bonne partie de ma lecture, davantage encore car je ne me suis pas beaucoup attachée aux personnages: j'ai, par exemple, eu du mal à cerner l'héroïne qui m'a semblé, à certains moments-clé du récit, étrangement passive quand je l'attendais passionnée et impétueuse, elle va vivre de terribles évènements de manière assez résignée alors qu'elle possède pourtant un caractère fort et une volonté de faire exemplaire.
Le point fort de ce récit est sans conteste le sujet et son développement. En basant l'histoire principale dans le courant du XVIIIe siècle sur l'île de la Jamaïque, alors colonisée par l'Angleterre, c'est une période importante de l'Histoire qui nous est présentée. Y sévissait l'esclavage et des actions ignobles de propriétaires sur leur "marchandise". Sur cette île a fini par naître le peuple des Noirs marrons de Jamaïque (le marronnage faisant référence à un esclave en fuite); d'anciens esclaves, donc, regroupés au coeur des montagnes Jamaïcaines pour y vivre dans une paix relative puisque des descentes étaient parfois effectués sur des plantations afin de libérer les esclaves et de voler les biens. Et l'auteure évoque ce passé tumultueux avec précision et dans un soucis de réalisme certain. Cette part active du récit m'a vraiment passionnée !
Si j'ai malheureusement eu du mal à me remettre de l'étonnement face à un roman plus brutal que je ne m'y attendais, l'histoire qu'il nous conte est aussi fascinante qu'enrichissante !
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