Comédie humaine à la suédoise.
Roman pas seulement policier. Bien sûr il y a 5 cadavres (dont un au congélateur depuis des décennies), 5 meurtres liés, 5 meurtres à relier…
L'intrigue sert de colonne vertébrale, de fil rouge au récit mais elle n'en est pas l'essentiel. Asa LARSSON nous promène dans une Suède méconnue et parfois terrifiante. Tout d'abord, une étrange localisation, Kiruna une ville de Laponie à l'atmosphère plombée : elle doit son économie florissante à la mine locale qui la ronge en sous- sol imposant le déplacement de la totalité de la cité… Dans ce pays bien éloigné de l'image que l'on peut s'en faire, le modèle suédois bat de l'aile permettant de plus en plus de mensonges, d'injustices, faisant sa place au crime organisé de niveau international, aux scandales immobiliers, à la corruption, l'Etat finançant au final les escroqueries financières au montage complexe.
La critique politique et sociale est acerbe. L'auteur nous livre des pages passionnantes sur le mode de vie suédois, son rapport à la nature, notamment par la pratique sportive, à la religion qui fait une grande place à la lecture littérale et étriquée de la Bible, aux relations tendues entre les villes (notamment la capitale siège du pouvoir central) et les territoires, à la corruption qui se répand notamment dans le sport professionnel, à l'égalité homme/ femme, aux relations familiales, aux rapports entre les classes sociales, au racisme anti- finlandais, …
Son roman fourmille de personnages mais il n'y a pas de héros. Bien sûr son personnage récurrent, la procureure Rébecca
MARTINSON, est présent mais sans position dominante. Les personnages sont nombreux. le récit de leur vie passée et présente permet des caractères ciselés, des psychologies fouillées ; on les découvre trimbalant le poids des choix ou des actes de leurs parents (d'où le titre «
les crimes de nos pères ») …
Toutes ces vies s'imbriquent, se croisent, interagissent, impactent les unes sur les autres. Une comédie humaine à la suédoise qui offre à la fois vision globale et détaillée. le roman est dense, foisonnant avec une écriture compacte, forte, des liens habiles, intelligents. Malgré sa noirceur, il laisse passer, surtout par la force de ses personnages bien abimés par la vie, un humanisme qui réchauffe le coeur et l'esprit. Un régal.
NB : les plus belles pages sont celles qui évoquent les activités physiques de pleine nature (randonnées à ski, rafting, balades forestières…)