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Critique de boudicca


S'il y a bien un personnage de « L'île au trésor » qui aura marqué les esprits, c'est bien celui de Long John Silver. Intelligent, rusé, excellent orateur, cruel parfois, ambiguë souvent, le pirate à la jambe de bois possède certainement la personnalité la plus complexe et la plus fascinante de tous les pirates mis en scène par Stevenson. Il paraît ainsi peu surprenant que d'autres auteurs aient depuis eu envie de s'emparer de cette figure légendaire de la piraterie. C'est le cas de Björn Larsson qui se plaît dans ce roman à imaginer un Long John Silver vieillissant ayant élu résidence sur une île isolée et pris par une soudain envie de relater par le menu l'ensemble de son parcours. de ses années de contrebande à son arrivée dans l'équipage de Flint en passant par son expérience de tenancier, ses quelques mois de servitude ou encore son amitié avec un célèbre écrivain : c'est toute la vie trépidante du vieux briscard qui défile au fil des pages de manière plus ou moins décousue. Si le rythme du récit connaît des hauts et des bas en fonction des chapitres, la personnalité de Silver ne déçoit pas. Épris d'une liberté qu'il revendique pour les autres mais avant tout pour lui même, capable du meilleur comme du pire, maniant les mots avec un brio tel qu'il parvient à se sortir des pires situations et à se faire apprécier de la plupart de ceux qui croisent son chemin : le Long John Silver de Larsson est au moins aussi ambiguë que celui de Stevenson mais également plus touchant.

Outre la qualité de son protagoniste, l'intérêt de l'ouvrage tient également à la réflexion poussée de l'auteur concernant le fonctionnement de la société anglaise de l'époque en général, et de la piraterie en particulier : qu'est ce qui pouvait pousser un homme à passer sous pavillon noir ? Quel regard la société posait sur ces hors-la-loi et quel était le sort qui leur était réservé ? L'auteur s'est de toute évidence abondamment documenté sur le sujet afin de nous livrer le reflet le plus réaliste possible de ce XVIIIe siècle et de la vie menée par ces « frères de la côte ». On voit d'ailleurs défiler un certain nombre de célèbres capitaines, fictifs ou historiques, comme Edward Teach (plus connu sous le nom de Barbe noire), Edward England (duquel Silver dresse un portrait élogieux), sans oublier bien sûr Flint. le roman multiplie aussi les références à quantités de mythes tissés autour de la piraterie : le trésor caché de l'équipage de Walrus, la colonie utopiste de Libertalia, Daniel Defoe auteur de l'« Histoire générale des plus fameux pirates »... Ce n'est pas pour rien si l'ouvrage figure en bonne place dans les recommandations proposées par Julie Proust Tanguy dans son essai consacré justement à la piraterie. La notion de liberté se trouvant au coeur du roman, la question de l'esclavage occupe également une part importante du récit, l'auteur décrivant notamment avec un luxe de détails les conditions de vie déplorables des captifs à l'occasion de leur traversée à bord de bateaux négriers.

Björn Larsson se réapproprie avec talent l'un des personnages phare de l'oeuvre de Stevenson et lui offre une nouvelle jeunesse, pleine d'aventures, de revers, de traîtrises et de surprises. Pour ceux que le sujet intéresse, d'autres médias se sont également emparés du personnage de Long John Silver, dont deux récemment avec une qualité toute aussi remarquable : une bande dessinée en quatre volumes publiée chez Dargaud (« Long John Silver » de Xavier Dorison et Mathieu Lauffray) et une série télévisée diffusé sur Starz avec l'excellent Luke Arnold dans le rôle de Silver (« Black Sails »). »
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