Il y a des situations, dans la vie, où on a du mal à garder la tête haute. Pas facile d'avoir l'air digne et la voix ferme quand on vient, par exemple, de se crasher en vélo. Mais c'est une question d'habitude. D'abord, on a envie de pleurer et puis quand on relève la tête et qu'on voit que les filles nous regardent, on se dépêche de trouver un sourire.
C'est digue ce qu'on peut faire par amour. Pour Chen, je pourrais monter au sommet de l'Himalaya, traverser l'Atlantique à la nage, je pourrais même devenir le premier de la classe! J'suis prêt à tout... D'ailleurs, c'est par amour pour elle que je me suis mis au skate-board.
J'étais content de voir Chen, bien sûr, mais si j'avais eu le choix, j'aurais préféré la voir à un autre moment, habillé normalement, avec deux genoux intacts, et sans la cruelle menace du désinfectant suspendue au-dessus de ma blessure.
C'est vrai que ce moment de pur bonheur avait été court... Mais si fort! Quand je serrais Chen contre moi, je sentais passer un courant de 12 000 volts entre nous! La passion, quoi!
C'est l'un des pires moments de l'existence: quand les adultes se mêlent de vouloir examiner nos écorchures. Comme si on n'avait pas déjà assez mal!