Du coeur au ventre: Histoires de grossesse

Je suis moi-même une dévoreuse de magazines. Or, je n’aime pas lire de trop longs textes, car je n’ai pas beaucoup de temps pour le faire. Par contre, j’apprécie lire des entrevues de type questions-réponses avec des vedettes. Parfait ! Pourquoi pas ? J’allais suivre le même principe pour mon livre. J’ai développé une liste de cinquante questions de base que j’allais pouvoir poser selon les intérêts des femmes interviewées et j’allais m’adapter au besoin.

Il faut se réapproprier son corps. Il faudrait qu’au Québec, au Canada, et partout dans le monde, les sages-femmes et les femmes soient maîtres dans ce domaine et que les médecins soient là en soutien seulement. C’est barbare qu’on soit encore à ce stade-là, selon moi, le fait d’exclure presque totalement les femmes dans ce processus où elles sont d’abord et avant tout les expertes.

J’ai appris à connaître plusieurs Autochtones, majoritairement des Inuits, et je me suis rapprochée de leur culture. Ils m’ont appris à voir la Terre et la nature différemment. À l’écouter, à l’observer. Ils m’ont appris à sourire de l’intérieur, avec les yeux. Ils m’ont appris à respecter la sagesse des aînés. Ils m’ont aussi guidée, sans le savoir, à travers des regards, des silences, leur présence. J’aimais les observer. Leur authenticité me désarmait et m’apaisait. Les enfants rieurs aux yeux bridés m’ont aidée à retrouver mon cœur léger et, tout doucement, j’ai remonté la pente, retrouvé le moral et une joie de vivre.

J’étais, et je suis toujours, totalement naïve devant tant d’histoires de vie. Je suis vite devenue accro à ces histoires. Je demandais même aux inconnues à la cafétéria de me raconter la leur ! J’aimais voir les femmes s’enthousiasmer devant ce sujet sans fin. Il y avait toujours des détails, et encore plus. Je posais des questions, encore et encore, auxquelles on se faisait un doux plaisir de me répondre. C’était comme prendre des portraits de ces femmes, mais sans mon appareil photo ! Je les voyais. Je leur permettais de se raconter. D’exister. Dans mes yeux, elles étaient les plus belles.

Souvent, je ne pouvais pas discuter avec les gens que je rencontrais à cause de la barrière de la langue, alors je leur demandais si je pouvais prendre leur photo avec un signe de la main ou de la tête. Puis, on s’amusait. Je leur montrais le petit écran qui affichait la photo et nous riions ensemble. C’était simple. C’était doux. Mon appareil photo est devenu tranquillement un outil de connexion avec eux et j’ai appris, par la suite, le travail technique relié à la photographie.