De l’existence il faut dire qu’elle ne peut être appréhendée elle-même que dans une expérience. Or l’être ne se découvre à nous que dans l’expérience de l’existence, comme ce qui la fonde et ce qui la dépasse à la fois. Mais l’expérience de l’existence, c’est l’expérience même de la participation. C’est l’expérience de l’être, en tant précisément qu’il peut devenir un être qui est le mien.
L’être est donc une intériorité absolue ou universelle : le moi individuel introduit en elle une limitation au delà de laquelle règne une extériorité apparente qu’il tâche de vaincre par degrés ; il devient ainsi de plus en plus intérieur à lui-même. Tel est le rôle dévolu à l’existence.
Cette découverte d’une existence qui ne peut être qu’intérieure à elle-même, qui ne peut pas être séparée de l’acte qui la fait être, qui ne me quitte jamais et qui accompagne toutes les autres, me fait émerger de l’être, ou si l’on veut, me permet d’y pénétrer.
Et si la distinction entre essence et existence est devenue traditionnelle, par contre nous rencontrons plus de difficultés lorsqu’il s’agit de déterminer le sens propre des mots être, existence et réalité. Pourtant, il nous semble qu’aucun de ces mots ne peut être compris autrement que par sa relation avec les deux autres.
En résumé, on voit que l’être c’est cette intimité cachée et non manifestée où l’existence cherche sa propre essence qu’elle ne peut s’approprier qu’en se manifestant, et c’est sa manifestation que nous appelons la réalité.