Un roman qui vaut d'abord pour son atmosphère, son cadre, à tel point qu'on peut douter de l'époque où se passe le récit, quand le Moyen-Âge et ses superstitions païennes entre en collusion avec la police politique d'un état communiste, et avec la volonté d'enrichissement d'une société devenue capitaliste.
Oui, le récit nous plonge dans un lieu hors du temps, sans téléphone, sans voiture même. "Plonge", au sens strict, quand un des personnages principaux est un lac qui semble avoir des pouvoirs mystérieux, choisissant ceux qu'il accepte et ceux qu'il avale. On croise donc un sorcier, un ermite, des revenants... Et, paradoxalement, des scènes de torture dans une prison politique, des politiciens ambitieux et véreux. Ce décalage créé donc des situations intéressantes et donne une atmosphère particulière, oppressante, puisqu'il semble n'y avoir pas de soleil dans cette forêt, pas d'espoir possible.
Cependant, dans ce cadre, j'ai trouvé que le récit n'était pas à la hauteur, trop simple, à cause de personnage assez monolithique. Les femmes n'apportent rien, elles sont justes des proies sexuelles. La soeur de Victor qui lui sacrifie toute sa vie ne semble être là que pour le nourrir et lui coudre ses vêtements, on n'a pas accès à ses pensées. Quant à Victor, d'abord enfant battu qui cherche à échapper à son père-bourreau, il se réduit bien vite à un prédateur sexuel, aux motifs classiques finalement, le pervers dans les bois. Dommage, sa personnalité n'est donc pas assez creusée selon moi.
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Voici un livre étonnant et original dont je vais avoir quelques difficultés à proposer une critique.
Avant tout, c'est l'atmosphère des lieux, empruntes de mystères et de croyances qui m'a enchantée.
Une forêt, un lac, des disparitions inexpliquées, des personnes exclues et incomprises des villageois, une dictature et un brin de résistance : voilà les ingrédients de ce conte.
Le style est limpide, qui permet à Liliana de m'avoir embarquée vers ce huis clos dans le petit village de Slobozia.
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Roman à la limite du fantastique tant les coutumes et légendes sont présentes. Surtout ce Lac des turcs, un être de la nature à part. Je vous le dis, j'ai A-do-ré!
« Ces mystiques croient qu'en arrêtant le flot incessant des pensées, l'orant peut entrer dans la plénitude du feu de l'esprit »
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J'ai trouvé ce premier roman fort bien écrit. A la fois mystérieux et passionnant, ce livre m'a emporté dans une contrée inconnue au fin fond de la Roumanie. En suivant la solitude et la folie de Victor, ainsi que ces rencontres avec des personnages aussi intrigants les uns que les autres, je me suis prise au jeu, et c'est avec impatience que j'ai tourné les pages, afin de connaître le dénouement de cette histoire quelque peu intrigante de ce lac maudit. Un très bon moment de lecture.
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Tout commence comme un polar : une forêt, un lac envoûtant et inquiétant, un cadavre.
Mais Slobozia est un village perdu de Moldavie roumaine, chrétien orthodoxe, pétri de croyances païennes et soumis à la dictature communiste de Ceausescu, puis à la difficile démocratie - pouvoir corrompu lié à la puissance de l'Eglise. Et c'est sur ce mélange que s'appuie l'histoire de Victor qui ne voulait pas faire de mal.. Dieu, le Diable, l'immoralité, la repentance, la rédemption, le sacrifice, la lâcheté, l'opportunisme, le pardon, la vérité... la nature et la société humaine...
Au final, c'est de la sauvagerie sombre, écrit lumineusement. J'ai beaucoup aimé la construction de l'histoire et cette plongée en eaux troubles qui en fait plus une fable ésotérique et culturelle qu'un polar.
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