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Slobozia, littéralement "Terre des affranchis", petit village retiré de Moldavie, entouré de forêts au milieu desquelles un lac effraie les villageois, la "Fosse aux lions" où règnent les Moroï, les morts vivants, un lieu de légendes. Dans cette région de Roumanie, les esprits, les sorciers, les prêtres, la religion orthodoxe et les saints cohabitent dans les croyances des habitants. de 1970 à 1990, Victor Luca vit caché, après un crime qu'il a commis, sous l'emprise de pulsions qui le dépassent. Durant sa réclusion, il n'a qu'une obsession : obtenir la rédemption et l'absolution des péchés. Après la révolution de décembre 1989 et la mort du tyran, les anciens ennemis du pouvoir sont devenus des héros, les camarades de Ceausescu sont au pouvoir, les opportunistes ont changé de camp ; l'Eglise, après avoir servi l'ancien pouvoir, devient le centre de ralliement et de réconciliation du peuple et Victor, un de ces héros nécessaires à la rédemption du pays.Puis, sur les dernières pages, la lumière se fait. On comprend l'intérêt de cet anti-héros, représentant la Roumanie et sa recherche d'absolution des horreurs du régime communiste mais également la nature humaine profonde, hypocrite et qui ne change jamais complètement.
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S'il y a une chose de réussi dans ce livre de Liliana Lazar, c'est son début et l'atmosphère qu'elle crée. D'emblée, elle nous plonge dans une Roumanie au folklore riche, peuplée de créatures mystérieuses et inquiétantes et hantée par une magie tout aussi effrayante. le décor est posé et nous sommes pris dans un autre univers. J'ai fait quelques recherches pour approfondir certains points culturels mentionnés et j'en suis ressortie enrichie, ce qui ne peut être que positif. La plume est bonne et surtout très fluide, le roman se lit très vite.

Je n'étais pas sûre de ce à quoi je devais m'attendre avant de commencer. J'ai lu plusieurs résumés qui mettaient chacun l'accent sur des éléments différents et j'étais troublée par le nombre de sujets que ce petit livre voulait aborder. En effet, ce livre est dense à certains égards. Cela le rend intéressant mais selon moi il pèche par son incapacité à approfondir les dits sujets. A vouloir trop en dire, on s'éparpille. le livre oscille entre le fantastique, le policier et le conte. C'est un mélange intéressant mais qui reste superficiel. La question du régime de Ceausescu est présente en toile de fond mais est peu exploitée. Elle l'est surtout quant à la religion, qui il est vrai prend le pas sur le reste. C'est ce qui m'a dérangée.

La question de la morale est fondamentale mais elle n'est approchée que selon l'angle de la religion. le protagoniste de ce livre, Victor, commet plusieurs crimes qu'il va tenter de racheter en s'isolant (il n'a pas vraiment le choix, il est recherché) et en travaillant secrètement pour l'Église. Les différentes étapes par lesquelles il passe et notamment les aides qu'il va recevoir, bien plus que les embûches, sont un mystère pour moi. Les actes et les silences de certains personnages sont incompréhensibles ou pour le moins insatisfaisants. Certains sembles apparaître sur le chemin du protagoniste comme une bénédiction, ce à quoi je n'ai pas adhéré.

Qu'a voulu dire l'autrice ? Cette question m'a hantée toute la seconde partie de ma lecture. Je n'ai pas cette sensation qu'on a voulu me faire réfléchir mais bien qu'on m'a perdue à raconter une histoire qui défie la raison. Au final, j'ai trouvé le récit et son dénouement très frustrants.
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Slobozia, Roumanie,en 1972.
Dans la forêt qui borde la fosse aux Lions, de drôles de choses se passent. Des personnes disparaissent quand d'autres renaissent sans arrêt comme protégées par la force mystérieuse qui sort du fond des eaux stagnantes. Parmi elles, Victor Luca se lance dans la quête d'une rédemption qui semble toujours se refuser à lui. Mais au fil des pages, le temps se délite, les lieux se teintent d'une aura mystique et le lecteur se retrouve embarqué dans un conte beau et cruel - un "il était une fois" dérangeant, qui aurait mal tourné . La plume de Liliana Lazar, tour à tour crue ou poétique apporte beaucoup à ce récit qui vaut la peine d'être lu, tant pour son réalisme magique maîtrisé que pour les années Ceaucescu évoquées en sous-texte. L'expérience peut être déroutante, mais je suis sûre que vous en resterez marqués.
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Un roman qui vaut d'abord pour son atmosphère, son cadre, à tel point qu'on peut douter de l'époque où se passe le récit, quand le Moyen-Âge et ses superstitions païennes entre en collusion avec la police politique d'un état communiste, et avec la volonté d'enrichissement d'une société devenue capitaliste.
Oui, le récit nous plonge dans un lieu hors du temps, sans téléphone, sans voiture même. "Plonge", au sens strict, quand un des personnages principaux est un lac qui semble avoir des pouvoirs mystérieux, choisissant ceux qu'il accepte et ceux qu'il avale. On croise donc un sorcier, un ermite, des revenants... Et, paradoxalement, des scènes de torture dans une prison politique, des politiciens ambitieux et véreux. Ce décalage créé donc des situations intéressantes et donne une atmosphère particulière, oppressante, puisqu'il semble n'y avoir pas de soleil dans cette forêt, pas d'espoir possible.
Cependant, dans ce cadre, j'ai trouvé que le récit n'était pas à la hauteur, trop simple, à cause de personnage assez monolithique. Les femmes n'apportent rien, elles sont justes des proies sexuelles. La soeur de Victor qui lui sacrifie toute sa vie ne semble être là que pour le nourrir et lui coudre ses vêtements, on n'a pas accès à ses pensées. Quant à Victor, d'abord enfant battu qui cherche à échapper à son père-bourreau, il se réduit bien vite à un prédateur sexuel, aux motifs classiques finalement, le pervers dans les bois. Dommage, sa personnalité n'est donc pas assez creusée selon moi.
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Voici un livre étonnant et original dont je vais avoir quelques difficultés à proposer une critique.
Avant tout, c'est l'atmosphère des lieux, empruntes de mystères et de croyances qui m'a enchantée.
Une forêt, un lac, des disparitions inexpliquées, des personnes exclues et incomprises des villageois, une dictature et un brin de résistance : voilà les ingrédients de ce conte.
Le style est limpide, qui permet à Liliana de m'avoir embarquée vers ce huis clos dans le petit village de Slobozia.
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Quel étrange récit que ce Terre des Affranchis.
L'autrice nous plonge dans la Roumanie profonde, là où la réalité politique de ces cinquante-six dernières années avec le régime communiste et puis la « Libération «  fréquente les croyances populaires où vivent les lacs enchantés et les récits peuplés d'animaux et de personnages étranges.
Quelle histoire funeste que celle de Victor et des autres personnages peuplant ce récit.
Une belle découverte.
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En retrait du village de Slobozia (terre des affranchis), à l'orée de la grande forêt moldave vit la famille Luca composée d'un père violent et ivrogne qui a perdu une jambe suite à une explosion dans la mine, de sa femme Ana et de leurs enfants Victor et Eugénia. Même si les enfants fréquentent l'école, peu de gens montent chez eux, et leur apparition au village se limite souvent au dimanche pour assister à la messe, à l'exception du père qui fréquente le bar.
Pour fuir ce père violent, Victor a pris l'habitude de s'évader dans cette forêt, il y connait le moindre chemin, et son terrain de jeu c'est le lac. Lui ne croit pas à la légende qui prétend qu'au XVIème siècle lors de l'attaque des turcs, l'ennemi s'est retrouvé acculé jusqu'au lac et qu'il s'y est noyé. Depuis le lac, appelé « la fosse aux turc et renommé la fosse aux lions » est maudit car les âmes des noyés remontent en surface, ce sont des moroïs (des morts vivants). le jour où son père se noie en tombant dans le lac, c'est pour lui un signe que cette étendue d'eau le protège. Pourtant c'est à cet endroit, que devenu bûcheron, le destin de Victor va se jouer et que le restant de sa vie sera la quête d'une rédemption.
L'histoire, qui s'étale sur une période peu avant l'arrivée de Ceaucescu au pouvoir jusqu'à sa mort, marque les changements qui s'opèrent dans ses petits villages qui vivent de l'agriculture, et de la sylviculture et de ce que la nature leur offre : totalitarisme, répression, religion mise à mal, prêtres et ennemis du régime déportés, livres brûlés. J'ai beaucoup apprécié cette lecture
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Roman à la limite du fantastique tant les coutumes et légendes sont présentes. Surtout ce Lac des turcs, un être de la nature à part. Je vous le dis, j'ai A-do-ré!

« Ces mystiques croient qu'en arrêtant le flot incessant des pensées, l'orant peut entrer dans la plénitude du feu de l'esprit »
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J'ai trouvé ce premier roman fort bien écrit. A la fois mystérieux et passionnant, ce livre m'a emporté dans une contrée inconnue au fin fond de la Roumanie. En suivant la solitude et la folie de Victor, ainsi que ces rencontres avec des personnages aussi intrigants les uns que les autres, je me suis prise au jeu, et c'est avec impatience que j'ai tourné les pages, afin de connaître le dénouement de cette histoire quelque peu intrigante de ce lac maudit. Un très bon moment de lecture.
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Tout commence comme un polar : une forêt, un lac envoûtant et inquiétant, un cadavre.
Mais Slobozia est un village perdu de Moldavie roumaine, chrétien orthodoxe, pétri de croyances païennes et soumis à la dictature communiste de Ceausescu, puis à la difficile démocratie - pouvoir corrompu lié à la puissance de l'Eglise. Et c'est sur ce mélange que s'appuie l'histoire de Victor qui ne voulait pas faire de mal.. Dieu, le Diable, l'immoralité, la repentance, la rédemption, le sacrifice, la lâcheté, l'opportunisme, le pardon, la vérité... la nature et la société humaine...
Au final, c'est de la sauvagerie sombre, écrit lumineusement. J'ai beaucoup aimé la construction de l'histoire et cette plongée en eaux troubles qui en fait plus une fable ésotérique et culturelle qu'un polar.
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