Il y a toujours quelque chose d'intéressant à lire le premier tome d'une série lorsqu'on connaît déja une partie des autres volumes. Notre personnage principal est il le même, ou une ébauche? L'auteur avait-il conscience de tenir ici une série, la matière de plusieurs ouvrages?
Smiley en tout cas est ici égal à lui-même: férocement intelligent, et tellement banal au physique que nul ne devinera jamais à le voir que voici un des meilleurs espions de la littérature!
L'intrigue en elle-même est une variante d'un grand classique: un haut fonctionnaire soupçonné de traîtrise, la sourde lutte entre l'Est et l'Ouest, quelques cadavres pour épicer le tout....L'originalité ici découle surtout du détail qui met la puce à l'oreille de Smiley. Un simple coup de fil, qui selon lui ne fait pas sens, trois fois rien, et sa paranoïa et sa logique se prennent par la main pour tenter de donner un sens aux faits.
Un grand cru du genre.
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Mon premier le Carré (son premier), mais pas le dernier.
Captivant, avec une atmosphère "so british"
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Le tout premier roman de John le Carré date de 1961 ; on y fait la connaissance de George Smiley son (anti)héros immortalisé par le film « La Taupe » second des romans de la trilogie « Karla ».
L'intérêt majeur du roman (au-delà d'une excellente intrigue) est de permettre au lecteur de mieux connaître George Smiley. Après avoir animé un réseau d'espionnage dans l'Allemagne nazie, GS se retrouve, après la guerre, comme un « cavalier mis à pied » ; il n'a plus l'âge des aventures de terrain et est cantonné à des tâches subalternes. Un fonctionnaire du Foreign Office va être promu au moment où une dénonciation anonyme l'accuse d'être communiste. Smiley est chargé d'une enquête de routine en interrogeant l'impétrant. L'entretien se passe bien, les soupçons sont levés mais le lendemain, sentant sa carrière menacée, ne pouvant résister au déshonneur le fonctionnaire se suicide…
L'intrigue est déjà remplie de chausse-trappes, l'espion n'est pas toujours celui qu'on croit, les chemins se croisent, le passé resurgit. La description de la bureaucratie, de ses arrivistes et de ses laissés pour compte sent évidemment le vécu.
Smiley est doublement sur la touche car Lady Ann, son épouse, l'a quitté au bout de deux ans de mariage pour un coureur automobile cubain « latin sacchariné dont le sourire avait l'air d'une réclame pour dentifrice ». « Courtaud, corpulent et d'un caractère paisible, Smiley donnait l'impression de dépenser beaucoup d'argent pour s'acheter des costumes dénués de toute élégance ».
La Guerre Froide débute et c'est ce « petit homme replet », « d'une banalité stupéfiante » profondément solitaire et individualiste (« il haïssait la presse, la publicité et la télévision, (ces) moyens d'information de masse, cette manie d'endoctriner les foules qui caractérise le vingtième siècle ») qui va mener la bataille qu'il finira par gagner. Un des personnages secondaires (le tueur blond) sera un des protagonistes du célébrissime « espion qui venait du froid » pendant que Smiley sera démobilisé tout occupé à accepter « une offre qu'aucun homme bien ne pourrait accepter… Je voudrais revenir à toi. Ann »
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Excellent roman d'un des maitres de l'espionnage ce livre est passionnant car court et tres rythmé l'intrigue tient en haleine durant tout le livre,tout ce que l'on aime en litterature !
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Premier roman d'espionnage de l'auteur et donc première apparition de G. Smiley, son anti-héros récurent, que l'on cueille au moment de son départ en retraite. Sa dernière enquête, le suicide d'un espion présumé au service de l'Allemagne de l'Est va déclencher toute une série d'événements tragiques et réveiller d'anciens souvenirs. Évidemment tout ce qui a fait le succès de J.L.C est déjà dans ce roman : le monde de l'espionnage pendant la guerre froide, les manipulations des divers services secrets antagonistes, les zones d'ombre qui perdurent lorsque l'on referme le livre, le style simple et direct de l'écrivain, la narration qui demande toute l'attention du lecteur. Dommage, ici la traduction qui date de 1961 nous perd parfois mais le récit solide sait ménager son lot d'énigmes dont on ne nous donne les clefs que très progressivement. Un coup de maître pour le premier roman d'un écrivain alors inconnu.
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