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Citations sur Après la guerre (132)

On fait des gens ce qu'on veut. Il suffit qu'ils aient faim ou peur et qu'on tende un dévidoir à leur haine parce que haïr leur donne l'illusion d'exister. Les Juifs hier. Les Arabes aujourd'hui.
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J'ai de la famille à Toulouse. Là-bas, les Espagnols, on connaît. Pour moi, c'est des feignasses. Sont venus nous envahir à cause de leur guerre, là. Cocos et compagnie. Et ils continuent parce qu'ils crèvent la dalle, chez eux, à rien foutre. Notez, j'ai des bons clients espagnols. Sont pas les derniers à lever le coude.
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Darlac s'empare du plat et découpe des tranches épaisses. Volaille et foie gras. Cadeau d'un boucher-charcutier des Grands-Hommes qu'il a tiré l'an dernier d'un mauvais pas : une dette de jeux réclamée avec inisistance par un bras cassé, un julot casse-croûte qui se faisait menaçant. Comme c'était un ancien rugbymann, un colosse taillé à la serpe qui prometttait de transformer la boutique en abattoir, l'honorable artisan de la barbaque qui vendait du rôti aux rombières des Chartrons, avait eu peur pour ses os.

Il ne savait pas à qui il s'attaquait , le demi de mêlée. Il ne pouvait pas deviner que Darlac et le désosseur de ces dames avaient été en affaires en 43 : quelques meubles précieux, quelques bibelots et des tableaux volés dans les appartements après les rafles ; et un terrain juste après Mérignac, sur la route de l'aéroport, trois hectares de prés à vaches qui finiraient bien par se construire un jour, confisqués d'un trait de plume par un sous-fifre de la préfecture, certifiés par un notaire.

L'autre abruti s'est fait serrer un soir par une douzaine de flicards dans les bras de sa gagneuse, parfumé à l'eau de Cologne, des billets plein les poches. Et un petit paquet d'opium plié dans du papier journal pour faire le compte, glissé en douce, à la faveur de la confusion, par un inspecteur en service commandé. Les flics ont failli se poser des questions, sur le moment, tant sa surprise semblait réelle. Un doute a commencé de soulever leurs chapeaux. Puis ont conclu que ce trouduc était un acteur formidable, comme beaucoup de branquignols qui leur passaient sous la lampe. Enfoncés Gabin et Gérard Philipe. Tous les jours au bureau c'est cinoche en relief, théâtre en chambre, rires et larmes pour scénarios foireux. Le moindre inspecteur en sait autant que Louis Jouvet dans "Entrée des artistes" et démonte preuves en pogne les fausses confidences, les vraies fourberies, démasque les ingénues sanguinaires, traque les airs faux, soigne les trous de mémoire, tape même les trois coups avec un annuaire quand le rideau tarde à se lever.


Note : "Je me fais mon film toute seule, je distribue les rôles, devant ces savoureux dialogues".


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Pas d'alcool, ici. Jamais. Ni vin, ni bière.
Le patron dit que c'est, après le bourgeois, le pire ennemi de l'ouvrier. Son poison favori. Un des opiums qui tiennent le peuple hébété dans sa misère.
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Mais il ne sait plus, depuis des années, comment passe le temps. Ou s’il passe encore. Si quelque chose, tout autour de lui, ne se serait pas arrêté. Comme s’il ne restait au cadran d’une montre qu’une trotteuse solitaire revenant sans cesse à son point de départ. Les jours succédant aux nuits. La nuit toujours aveugle, le jour parfois si gris.
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Je suis pas philosophe, non. Peut-être trop bourrin pour ça ... Je suis juste un soldat, le genre qu'on envoie depuis toujours se faire larder la viande pour que des philosophes puissent lui chier dessus sans bouger de leur chaise percée. Pour qu'il puissent continuer de le faire.
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Je crois qu'on oublie rien. On finit par ne plus y penser.
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Il regarde autour de lui, laisse errer son regard sur cette caverne d’Ali Baba, cet entassement connard de vieilleries précieuses que Francis a tenu à accumuler comme font les riches mais sans le discernement forgé par les héritages et l’éducation bourgeoise, ce qu’on appelle le bon goût… Singe thésauriseur… vivotant dans sa cage au milieu de ses fruits préférés et de leurs épluchures.
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… je le soupçonnais de se délecter du tableau qu’il dressait de la ville transformée en jungle où les prédateurs s’en donnaient à cœur-joie, un crépuscule permanent dont la saloperie ordinaire des hommes s’était rendu maîtresse.
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Les copains lui demandent souvent comment il fait pour se rappeler ainsi tous les films qu'il voit, le nom des acteurs et du réalisateur, des détails de ce genre auxquels eux ne prêtent guère attention. Il leur répond simplement qu'il aime ça et que s'il pouvait il irait tous les jours au cinéma et écrirait des livres là-dessus et des critiques dans les journaux. Les autres trouvent ça extravagant, écrire un livre, et quoi d'autre ? Lui, le mécano de la rue Furtado, le gamin grandi ici à Bacalan ce quartier d'ouvriers à l'orée de la ville et des marécages ?
Il n'ose pas dire qu'avec un mètre pliable il s'est fabriqué un petit cadre rectangulaire qui tient dans une poche et que souvent il regarde les gens et les choses entre ces angles droits et qu'alors n'existe que ce qu'il voit, plus précis, plus profond, plus singulier, plus fort. Il n'ose pas dire, parce qu'on le prendrait pour un fou, qu'il cadre des femmes marchant dans la rue et qu'elles sont plus belles, que la ville elle-même qu'il enferme dans cette géométrie devient alors le décor d'intrigues qui pourraient surgir n'importe où, au coin de cette rue, au milieu de cette place, derrière cette fenêtre, dans cette voiture qui passe et roule trop vite...
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