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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une reprise de contact avec Ursula qui me rappelle à quel point j'aimais ce qu'elle a écrit quand j'ai lu Terremer il y a fort fort longtemps.
Un formidable petit roman, d'une densité forte, imprégnée d'humanité. Ici, l'alien, c'est l'être humain, renversons un peu les usages. Ses personnages sont profonds, leurs liens (ou inimitiés) sont si bien décrits, si bien brossés, et ce monde hostile et étranger nous devient familier en si peu de phrases que c'en est époustouflant.
Une belle leçon sur le refus d'intégration et d'adaptation, mais également le refus d'interférer dans l'évolution d'une civilisation, au risque de son extinction. Et pour finir, une sauvegarde de dernière minute liée à la coopération de deux mondes qui s'y refusaient jusque là, pour finir par l'adaptation et l'intégration forcée par manque d'individus de chacune de ces "ethnies", d'une actualité brûlante, si j'ose dire. Si seulement...

Edit : j'oubliais : il faut juste passer outre les grosses coquilles d'édition, qui ont peut-être (je l'espère) disparu dans les nouvelles éditions (j'ai une très vieille édition trouvée d'occasion).
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L'écriture d'Ursula le Guin est toujours un régal : le style est simple, épuré, et pourtant si apte à décrire précisément un monde étranger, les paysages, les sentiments des personnages, les conflits psychologiques ou interpersonnels.

Dans ce court roman, le thème est bien sûr celui de l'exil d'un groupe humain isolé sur la planète Gamma Draconis III, sans nouvelles de la Ligue de tous les mondes depuis six cents ans. La colonie décline lentement, pratiquement sans contact avec les Tévariens pourtant voisins, pour qui ils sont les Hors Venus, et non des hommes.

Mais l'exil c'est aussi celui de l'individu légèrement différent de ceux de son peuple, curieux de ce qu'il ne connaît pas, qui respire mal dans le carcan des traditions, ou dans celui des souvenirs d'un monde perdu. Comme Rolerie, née hors saison, seule de son âge, entêtée et sauvage. Ou bien comme Jacob Agat, trop proche des siens. Deux individus très différents qui s'attirent, deux peuples méfiants l'un de l'autre qui s'allient au seuil d'un très long hiver. La résistance et le combat communs, d'étranges signes qui s'inscrivent dans les corps : l'idée que chez soi, c'est ici, avec l'Autre, et non le souvenir d'un monde lointain, tombant lentement dans l'oubli.
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Une colonie terrienne oubliée et isolée sur une planète lointaine .Faute de naissances , elle est en voie d'extinction et menacée par certaines populations autochtones . Mais l'amour entre Jacob Agat le Hors venu et Rolerie la marginale de son clan peut changer la donne. Ursula le Guin excelle à camper des sociétés exotiques , leurs moeurs et leur adaptation aux conditions locales . Elle met toujours en avant la recherche de l'alliance plutôt que l'affrontement . Une science-fiction imaginative et humaniste.
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LE LONG ET SINUEUX CHEMIN VERS LA SAGESSE

Avec Planète d'exil se poursuit, magistralement, le Cycle de Hain entamé avec le très SFFF "Le monde de Rocannon".

Nous ne sommes plus sur la planète du premier volume, même si le lien est bien réalisé, sous la forme d'un savoir livresque traversant les âges. Ayant donc quitté pour toujours la seconde planète de Fomalhaut, nous voici désormais sur Werrel, planète du système de Gamma Draconis III. Bien que colonisée -selon les règles très strictes de la Ligue de Tous les Mondes- avec tous le respect possible envers les habitants originaires de cette planète, ceux-ci, réduits à quelques deux milliers d'âmes après que l'essentiels d'entre eux durent partir à l'aide de la Ligue attaquée par un ennemi d'un très grand danger, prenant pour cela le seul vaisseau équipé de l'ansible (technique permettant une communication instantanée entre n'importe quel point de l'univers). Voici donc nos colons totalement esseulés sur cette Planète d'exil, et sans aucun moyen de savoir s'ils sont les ultimes survivants de la Ligue ou seulement oubliés dans leur éloignement intergalactique. Esseulés, ils le sont doublement puisque les peuples indigènes, au développement cérébral sensiblement identique aux colons mais dont les us et coutumes, les tabous, les rites, l'enfermement intellectuel, les développements technologiques et humains les renvoient à quelque chose de sensiblement identique à notre ancien âge de fer, âge barbare ou compte d'abord la communauté clanique, amassée autour de son chef, bien avant l'individu lui-même, ces peuplades, donc, considèrent les colons comme des "hors-venus" et rejettent tout apport possible de leur part, jusqu'au simple usage de la roue que ces derniers n'auront pas su leur transmettre en six cent longues années d'exil. Et encore est-ce là pour la moins belliqueuse des deux populations d'origines, semi-nomade, et se terrant dans des sortes de villes-terrier tout au long de l'interminable hiver -quinze de nos années terriennes-, de cette planète. L'autre peuplade, les "Gaals", est constituée de hordes sauvages et totalement nomades accomplissant tous les 45 ans -âge terrien- leur "sudation", c'est à dire leur descente anarchique et violente vers un sud mieux veillant.

Hélas pour les semi-nomades et les Hors-venus, les temps semblent changer et, pour une fois dans les annales, ces hordes disparates semblent s'être trouvées un chef et s'attaquent désormais systématiquement à ces villes de boues et de paille, massacrant tous les hommes, menant en esclavage femmes et enfants, se saisissant de tout ce qui est utile et mangeable.
Pressentant le danger et comprenant leur propre faiblesse (la loi de la Ligue leur impose de se battre à armes égales en cas de défense), Jacob Agat Autreterre, l'un des membres les plus éminents du conseil des Autreterriens comme ils se nomment eux-mêmes décide de proposer une alliance avec les humains de la ville-clapier la plus proche. Hélas, ce dernier est, en dépit de toutes les différences et impossibles, tombé amoureux d'une autochtone, Rolerie, fille du chef Wold, avec laquelle il semble pouvoir échanger par l'esprit. Phénomène qui semblait impossible jusque là entre deux races humanoïdes différentes. Mais, tandis que l'alliance semblait en bonne voie, grâce au charisme imposant de ce vieux chef dont c'est, privilège rare, le second hiver, tout espoir tombe à l'eau lorsque son propre petit fils, opposé à ce pacte contre nature, comprend qu'Agat est parti rejoindre Rolerie, et part en chasse en compagnie de quelques uns de ses affidés afin de tuer le Hors-venu.
Agat sera sauvé in-extremis mais c'en est fini des espoirs d'entente contre l'ennemi commun. La ville d'hiver sera entièrement détruite par les quelques 60 000 guerriers Gaals. Seuls quelques-uns de ses habitants seront sauvés au cours d'un raid aussi désespéré qu'audacieux organisé par Jacob Agat et les autreterriens (sauvant ainsi le vieux chef déchu). Ne reste alors plus à ces survivants qu'à se replier, à se défendre corps et âme dans leur propre cité de pierre et de cuivre, et à attendre, pourquoi pas, un improbable miracle...

Second volet de ce cycle pour le moins riche et étonnant, Planète d'exil est d'une construction plus serrée, plus aboutie en quelque sorte que le premier opus (déjà fort réussi !), l'ensemble étant servi par un style à nul autre pareil, sobre et poétique, précis mais no dénué d'onirisme, tour à tour rugueux, maternel, envoûtant. Ursula K. le Guin, grande humaniste devant l'éternel, nous y conte la différence entre les peuples et les cultures, aborde la complexité, les presque impossibles, aussi, sans la pression des événements qui peuvent disjoindre des cultures proches en terme de géographie mais inconciliables dans les faits, au moins en apparence et tant que rien n'est véritablement tenté pour associer ses forces au détriment de ses faiblesses, de ses certitudes, de ses égoïsmes. Mais qu'il s'agisse de la survie de l'ensemble de la communauté et toutes ces barrières, tous ces interdits -ces vastes bêtises auxquelles l'homme donne parfois pour nom : tabou, tradition, respect des coutumes, religion, etc comme sinistre cache-sexe à l'immuable peur de l'autre dans ce qu'il a de différent - tout cela peut tomber comme un vulgaire château de carte pour engendrer, au propre comme au figuré, un bel avenir commun !
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Ce roman nous présente une nouvelle planète, un nouveau peuple, tous deux rythmés par des saisons de 15 ans !
L'espèce « autochtone » est adaptée, dans son rythme et dans ses rites à cette saisonnalité particulière. Elle est d'un caractère rude et simple et plus classiquement patriarcale.
Il y a également une espèce « étrangère » (depuis 600 ans sur la planète quand même), qui elle n'est pas vraiment adaptée et se considère elle-même comme en exil…plus ou moins temporaire…
Il nait de ces deux espèces une mixité, laborieuse à apparaitre, mais une mixité enrichissante pour chacun et laissant entrevoir un futur, une nouvelle espèce à venir, plus riche en tout, grâce au mélange des forces de chacune…mais il faudra encore un peu de temps.
Nous accompagnons un héros et une héroïne, un peu moins mise en avant, mais travaillant plus en subtilité, plus sur le fond.

L'écriture accompagne les dialogues avec des entrées dans la tête des personnages permettant de mieux les comprendre et de mieux comprendre les situations.
Une écriture au final sobre, mais élégante, avec la poésie de l'autrice qui commence à y prendre forme (elle prend cet essor au fil des romans plus récents).
Les scènes d'actions sont bien emmenées, avec le prisme du personnage acteur qui nous immerge dans l'action plus que ne le ferait une description vue d'un narrateur extérieur.

Pour finir, un roman plutôt court, pas flamboyant, mais qui laisse un bon gout.
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