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Citations sur Moi en plus beau (19)

Elle avait ce qu'on appelle un visage ingrat, une trace plus foncée sur sa peau partait de dessous sa tempe pour rejoindre la commissure de la lèvre en dessinant une sorte de grand oeil fermé, mais dès qu'elle souriait ou qu'elle riait, elle devenait la plus belle des petites filles. En la regardant, on avait le sentiment que la terre avait tremblé et qu'elle était la seule à avoir survécu au séisme.
(pages 138-139)
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Car, elle l’avait constaté, les écrivains eux-mêmes commençaient à se demander s’il fallait continuer de couper des arbres pour diffuser leur prose. La tentation de la modernité avait été grande et on avait inventé de nouvelles machines. Afin de préserver nos forêts, on avait durablement installé dans la dépendance des pays pauvres dont on pillait les sols pour en extraire des minéraux précieux indispensables aux composants électroniques des machines à lire.
Pour vider leurs étagères et gagner de la place, les pays occidentaux avaient créé des centres de données qui consommaient de l’énergie et contribuaient largement à l’élévation de la température de la planète. Des stocks immobiles de papier imprimé remplissaient les entrepôts du monde occidental et certains commençaient à se demander s’il n’était pas vain de continuer à abonder cette pyramide de verbe immobile. La volonté d’imprimer massivement ce que le lecteur attendait était peut-être un mirage.
Leurs études de marché ne pourraient jamais totalement régenter le monde de la création, lieu de la surprise par excellence où surgit ce qui est singulier et qui devient, de fait, indispensable.
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Benoît avance jusqu’au bord du surplomb pour toucher le tronc d’un saule. Il écarta les doigts, cherchant la matière de l’arbre, sa paume caressant l’écorce, puis ses bras enserrèrent la colonne végétale pour l’attirer à lui. Son corps tout entier épousa la forme cylindrique, la proximité de la levée de terre et du fût permettant à ses pieds de demeurer ancrés dans le sol. Il y avait dans cette étreinte silencieuse quelque chose d’assez candide et pourtant, la charge érotique de l’instant était indéniable. En voyant l’inclinaison de sa tête, Clara comprit que Benoît avait posé une joue contre l’écorce. Elle détourna les yeux, gênée, et pour échapper à cette vision, elle n’eut d’autre choix que de jeter son dévolu sur un tronc accueillant, à bonne distance de Benoît.
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( **après la mort de la mère)
Un chagrin pesant s'était abattu sur lui à l'automne précédent, il ne gardait aucun souvenir des semaines qui avaient suivi l'enterrement, absent à lui-même, dans l'attente d'un renouveau, sa solitude avait quelque chose d'absolu (...)
Le chagrin était nécessairement un chemin solitaire, quel que fût le frère que la vie vous avait donné .

( p.19)
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Enfances

Les villes nous racontent des histoires. Qu'on en franchisse les portes à pied, en voiture, en train, qu'on y atterrisse en avion après les avoir survolées, la question demeure identique: comment habite-on ces endroits, comment les modèle- t-on pour son usage ?

( p.15)
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Dans l’avion du retour, elle mit de l’ordre dans ses notes et constata qu’elle s’était jusqu’alors peu intéressée à l’accueil réservé aux livres des auteurs sur lesquels elles avait travaillé. Elle avait croisé des écrivains qui n’écrivaient plus, sans parvenir à élucider la question du choix ou de l’impossibilité. Un jour, ils avaient cessé de consigner leur pensée par écrit. Or Clara savait que l’anéantissement d’un groupe humain passe toujours par la destruction ou l’effacement de ses productions intellectuelles.
Partout dans le monde, à toutes les époques, les bourreaux déshumanisent leurs victimes pour se dédouaner de leurs crimes en commençant toujours par nier leur capacité à produire de la pensée. Clara estimait donc que quelqu’un qui avait accès à l’écriture avait le devoir moral de continuer.
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Depuis des années, Xavier a su s'adonner librement à sa passion pour ce qui a permis aux hommes de se rencontrer, ces axes grâce auxquels ils ont pu échanger et progresser en apprenant de l'autre. Il a encore la naïveté de croire en ce monde- là, celui où le virtuel n'a pas tout supplanté, celui où l'on prend le risque de se confronter à la présence physique de l'autre dans ce qu'elle peut avoir parfois de dérangeant.
Xavier vit en réalité dans un monde rayé de jolis rubans oscillant qui s'appellent Via Aurelia, Route de la soie, Caravane des épices (..)
Ce qui l'anime réside dans l'idée que chacun sans le savoir met ses pas dans ceux des autres.
( p.115)
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La charge émotionnelle des lieux à l'abandon tient principalement à une forme de silence irréversible, contrepoint à ce que l'on imagine de leur sonorité au temps de leur splendeur. Tout est silencieux alentour et pourtant, l'esprit n'en finit pas d'égrener une bande- son au volume étourdissant.

( p.41)
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Sur la portion de voie dont le tracé lui était confié chaque ingénieur imprimait sa marque, son propre style.(...)

Il s'agissait d'un jeu entre l'homme et le paysage, le premier tentant d'apprivoiser le second qui se laissait faire un temps, mais reprenait sauvagement des droits dès le retour du silence.Une partition subtile entre la végétation et les intempéries permettait au paysage d'effacer plus ou moins rapidement les traces humaines. Et finalement, ce que cherchait Xavier, ce n'était pas tant de mettre au jour d'anciens rails en fonte que de témoigner de la dispute infinie entre l'homme et le paysage. Cette lutte se jouait souvent à armes inégales, mais il y avait du génie et de l'acharnement dans les deux camps.

( p.66)
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Les études de marché ne pourraient jamais totalement régenter le monde de la création, lieu de la surprise par excellence où surgit ce qui est singulier et qui devient, de ce fait, indispensable.

( p.107)
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