La conception de l'âme collective semble, à quelques étudiants, un peu difficile à saisir ; une comparaison d'origine orientale nous la rendra peut-être plus intelligible. On assimile l'âme collective à l'eau contenue dans un vase ; si nous en retirons un verre plein d'eau, nous aurons ainsi la représentation de l'âme d'un animal isolé. L'eau du verre est, pour un temps, séparée de celle du vase et elle a pris la forme du verre qui la contient. Supposons que nous mettions dans ce verre une certaine quantité de matière colorante ; nous avons communiqué ainsi à son contenu une nuance déterminée ; cette matière colorante, dans notre hypothèse, représentera les qualités acquises par cette âme isolée pendant son incarnation temporaire.
L'âme, en voie de se réincarner, s'immerge tout d'abord dans la matière qui lui est la plus proche, celle des niveaux inférieurs du plan mental : immédiatement et, en quelque sorte, automatiquement, une enveloppe de cette matière la revêt – enveloppe qui est l'expression exacte des qualités déjà développées en elle, dans la mesure tout au moins où celles-ci peuvent trouver leur expression à ce niveau. – Il ne faut pas oublier en effet que l'âme, à chaque stade de sa descente, subit des limitations plus étroites et que, par conséquent, aucune expression de l'âme, sur aucun des plans inférieurs, ne peut jamais être parfaite : l'expression obtenue se borne à l'indication de ses qualités.
L'homme est un être étrangement complexe, et son évolution passée, présente et future forme une étude d'un inépuisable intérêt pour qui sait voir et comprendre. Par quelles éternités laborieuses de développement graduel est-il devenu ce qu'il est ? Quel degré a-t-il actuellement atteint sur la longue échelle, image de son progrès ? Quelles possibilités de progrès nouveaux nous dérobe encore le voile de l'avenir ? Autant de questions auxquelles bien peu d'hommes peuvent demeurer indifférents et qui, au cours des âges, se sont posées à tout homme pour peu qu'il eût pensé.
Je ne chercherai donc pas à prouver dans ce livre la réalité de la clairvoyance : je la considère comme démontrée et je passe à la description de ce qu'elle permet de voir. Je ne répéterai pas ici les détails donnés sur les méthodes de clairvoyance dans le petit livre que j'ai déjà cité ; je m'en tiendrai à l'exposition succincte des principes généraux absolument nécessaire pour rendre le présent ouvrage compréhensible au lecteur étranger à toute notion, théosophique.