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Citations sur Par les armes (66)

Il semble inconcevable que les plus indigents aient été les combattants de ce type de guerre, y compris dans une armée comprenant plusieurs catégories de combattants selon la nature de leurs armes. Leur nombre a dû rester limité, même si le comptage des objets donne des milliers d'objets. L'épée de l'Âge du bronze, c'est huit siècles d'histoire au minimum... Ramené au total des épées retrouvées, cela ne donne pas un nombre pléthorique de guerriers par génération. Les derniers travaux avancent des estimations dans le nord de l'Europe où les découvertes sont nombreuses : le Danemark compterait environ 2 000 guerriers par génération pour une population atteignant les 300 000 individus vers 1100 avant notre ère, soit un taux de 0,6 % de l'ensemble, ou 2 % si l'on ne compte que les adultes. Globalement, il faut néanmoins concevoir une augmentation des combattants, toutes catégories confondues. À la fin de l'Âge du bronze, au moins dans certaines régions d'Europe, il faut sans doute également tenir compte des chevaux et des cavaliers aux côtés des fantassins. Le mouvement général est celui d'un accroissement, dans le cadre d'une spécialisation renforcée.
Révolution de combat en 1700 avant notre ère
Sur le terrain du combat, l'épée constitue aussi une rupture dans l'équipement de combat entre 1700 et 1600 avant notre ère. La morphologie de l'arme engage un mode d'affrontement, un face-à-face entre les adversaires que les flèches des époques antérieures permettaient éventuellement d'éviter. Les épées d'Occident sont longues. Elles sont maniées, dans un face-à-face, par des « épéistes ».
p. 219
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Déclaration de guerre à l'Âge du bronze
L'Âge du bronze, par la voie de l'épée, déclare que la guerre est. La « guerre » entendue comme une activité, isolée en tant que secteur d'activité spécifique et intégrée et à laquelle la société consacre des moyens « extraordinaires » au sens premier du terme. Une guerre comme un « fait social total ».
p. 217
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À l'Âge du bronze, sans doute évolue-t-on vers d'autres réalités, dans lesquelles il ne faut pas exclure a priori et de manière simple la notion d'État, qui n'est, comme le rappelle Maurice Godelier, qu'une question de changements d'échelle dans un modèle où les « mêmes fonctions [religieuses, militaires, etc.] sont concentrées dans les mains d'une fraction de la société ». En outre, la définition même de l'État n'est pas anodine, nous y reviendrons. Cette fois, au vu des objets créés et de la nécessité de l'organisation et des expertises nécessaires à leur existence, le doute ne peut plus être permis. La guerre est une réalité des âges des métaux que l'armement nouveau inaugure et incarne. Une frontière symbolique est franchie.
p. 216
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Même si l'on envisage que la néolithisation est un phénomène arythmique de longue durée et pas un événement brutal, il n'en reste pas moins que c'est une mutation profonde des modes de vie, de subsistance, de croyances comme d'organisation des sociétés. Ce n'est en rien « juste » le passage de la prédation à la production selon un angle économique simpliste, mais une mutation beaucoup plus profonde des sociétés. En outre, le Néolithique n'est pas une réalité uniforme et continue, mais un temps long scandé par des ruptures et des continuités, dans différents domaines que les données matérielles soulignent.
p. 214
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La parution de l'ouvrage de Marshall Sahlins (1976 pour la version française), Âge de pierre, âge d'abondance, signa la mise à mort du mythe du « Néolithique idéal » (et idéalisé), synonyme supposé d'égalité et de paix : en inventant l'agriculture, l'homme s'était créé son propre avilissement, assujetti à un nombre d'heures de travail bien supérieur à celui que son ancêtre du Paléolithique consacrait ...
p. 212
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PARTIR AU COMBAT
… l'arc et la flèche s'utilisent dans un affrontement au loin, très mobile et très rapide, en groupe plutôt qu'isolément ; les haches, au contraire, obligent les adversaires à se rapprocher. Rien n'indique qu'elles aient pu effectivement être utilisées dans ce cadre, tandis que les flèches l'ont été, au moins à certains moments et dans certains lieux, comme l'attestent les gravures du début de la période. La disparition de ces représentations au fil des siècles ne signifie pas nécessairement l'arrêt des combats.
p. 211
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Les flèches sont utilisées à la chasse comme au combat. Cela ne signifie pas que certains détails morphologiques soient réservés à une situation plutôt qu'à une autre, mais il y a polyvalence de principe et ambivalence de situations pour les données archéologiques. Les exemples ethnologiques attestent l'existence de cas où les flèches de combat ne sont pas réalisées avec exactement les mêmes matériaux et les mêmes détails. Il est alors possible de déterminer un usage plutôt qu'un autre. On le sait car on peut être directement renseigné sur les différences de fabrication et d'utilisation.
p. 208
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La violence humaine est une réalité au long cours qui ne fait aucun doute, bien que les degrés en soient très variables selon les individus. Ce qui importe dans l'analyse historique, c'est de comprendre comment la société des hommes (et les hommes en société au-delà de leur individualité) règle cette question dans ses différentes modalités et échelles. Pour les sociétés les plus anciennes, l'enjeu est de savoir comment — et donc avec quelle documentation archéologique — on peut accéder à ce niveau d'information sur l'existence, ou non, de règles qui encadreraient la violence, de modalités qui l'organiseraient, la décideraient au plus haut niveau dans le prolongement d'actes politiques, c'est-à-dire en feraient un acte de « guerre ».
p. 207
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Oui, sans doute, les hommes se sont affrontés il y a des centaines de milliers d'années. Mais aucun indice ne permet de donner de détails quantitatifs ou les modalités des actions elles-mêmes, ni même leur fréquence. Les espaces étaient assez vastes pour que les groupes ne se croisent pas et ne se concurrencent pas. Leurs affrontements ont dû rester épisodiques et liés à des circonstances particulières : régler des différends, prendre du gibier, ou même des individus. Pour le chercheur, s'aventurer plus loin comporte le risque de se prendre les pieds dans le tapis du roman (de la fiction donc), si ce n'est du fantasme et, partant, de sortir de l'histoire. Nous l'avons mentionné, Joseph Henri Rosny l'a fait avec talent et succès. Cela ne signifie pas que le sujet du conflit intégré aux pratiques sociales n'est pas légitime, pour le Paléolithique comme pour toutes les périodes historiques. La difficulté ne tient pas dans le bien-fondé de la question mais dans celle des preuves pour conduire l'enquête. Ici, pas de détective mythique qui, avec rien ou presque, trouve tout. L'archéologue traque des traces infimes pour démasquer non pas le coupable (encore que), mais pour écrire l'histoire.
p. 204
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Les violences du Paléolithique
La première période de l'histoire européenne est celle du Paléolithique, réduite pour notre histoire la plus récente d'Homo sapiens à quelques centaines de milliers d'années. Que dit-elle de la « guerre » ? Les données archéologiques sont peu nombreuses. Elles sont limitées à quelques catégories de traces : des restes humains osseux et des objets lithiques (silex pour beaucoup) qui se diversifient au cours du temps, auxquels on peut associer des représentations figurées à partir du Paléolithique supérieur (- 40 000/- 36 000 pour la grotte Chauvet-Pont d'Arc).
Ce que l'archéologie donne à voir pour cette période est terriblement indigent et frustrant. Personne ne niera plus aujourd'hui l'existence de traces de violence. Ni, à l'inverse, de la prise en charge des blessés (des malades) et des morts. Le rapport à l'autre, la conscience de l'altérité — autre composante clef de la structuration sociale — est une réalité très ancienne, qui intègre la dimension de gestes et de rituels : soigner, nourrir, dédier un lieu au mort, organiser une cérémonie funéraire. En revanche, il est délicat d'aller beaucoup plus loin. L'existence de la violence ne signifie pas que la société en tant qu'ensemble constitué s'y engage spécifiquement et agit en conséquence, qu'elle se déroule (temps de conflit) ou qu'elle cesse (temps de paix). En d'autres termes, la « guerre » ne peut être prouvée.
p. 203
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