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EAN : 9782410003598
358 pages
Editions Belin (25/04/2018)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Un jour, vers 1700 avant notre ère, une épée sortit de l'atelier d'un bronzier, marquant un jalon clef dans une course à l'armement qui ne cessa alors plus. Révolution technologique, cette invention eut des conséquences majeures. La figure du guerrier émergea, les sociétés de l'âge du bronze se transformèrent. Elles rendirent la guerre légitime et l'organisèrent aussi bien économiquement que politiquement. L'Europe occidentale du IIe millénaire inventa un modèle spé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce monde dans lequel nous vivons … !
Étrange voyage que soumet à notre réflexion Anne Lehoërff dans cet ouvrage qui non seulement sort des sentiers battus, mais approfondit jusqu'à sa substance « la genèse des armes* à tuer exclusivement son prochain » … !
Citant, dès le début, Jean Guilaine (professeur au Collège de France) : “Je hais les armes et la guerre ...” elle pose d'emblée la perspective de cet essai, faisant la part belle à la discipline de l'archéologie.
La violence (forme d'énergie) est dans l'ordre des choses dans la nature, et l'humain, issu de cette nature ne fait pas exception, cependant ici ce dont il est question est propre à l'homme : l'organisation pensée de tueries avec ses semblables, “normalisée” non seulement, mais envisagée comme fait structurant de « civilisation » portant vers un “progrès” et ses améliorations techniques, un « Âge de la guerre structurante » ! C'est l'aboutissement de la néolithisation humaine, l'âge de la maîtrise des métaux.
Il ne s'agit donc plus de la “lutte” pour assurer le vivre et sa pérennité, mais de bien autre chose, celui d'une altérité envisagée dans un ordre qui est celui de la “domination” !

— de la génération dite « d'après guerre », ayant une dizaine d'années lors de la “décolonisation de l'Algérie Française” (un frère aîné en âge susceptible d'y être “appelé”), lors de mes études quand nous abordâmes les « guerres modernes » (14-18 et 39-45) survinrent les « évènement de 68 », et dès lors, à la fois en tant que jeune personne et appartenant à une “génération”, mon regard sur notre monde et notre civilisation ne fut plus du tout le même. Une révulsion du fait de guerre, ferment de haines inextinguibles, du recours à la violence délibérée pour résoudre des problématiques ou asseoir une “domination”, ne me quitta plus !
Ce livre d'Anne Lehoërff ne pouvait que m'interpeller dans mes réflexions et mes choix de vie. Nous entrons avec elle dans la moelle de ce qui constitue le fond commun de nos manières d'êtres sociétales.
Car comme elle l'exprime page 122 ; « “L'Europe” a fait le choix volontaire et engageant du métal. Dans cette démarche, rien d'inéluctable. C'est une invention optionnelle de l'histoire humaine, motivée et lourde de conséquences ... »
Au nom de quoi ces « choix » ne devraient-il être jamais remis en cause, au nom de quel “tabou” ! Au moins sur le principe afin d'essayer de dégager d'autres perspectives pour notre humanité qui s'oriente vers des impasses « lourdes de conséquences » elles aussi !
Anne Lehoërff explicite clairement également l'imbrication du politique et du “religiosisme”, les caciques des dites institutions instigateurs et souvent sources d'implications dans des guerres (p. 268). En outre elle clarifie le propos : « La société est la clef de compréhension de la guerre. En un mot, l'une ne peut être envisagée sans l'autre. » (p. 276) nous renvoyant à notre propre responsabilité dans nos “démocraties” … car comme cela est souligné : « (l'humain) n'a cessé de mettre son intelligence et certaines de ses capacités cognitives au service de cet objectif, tuer l'autre. »
Car si “la majorité des hommes aspire à vivre en paix”** ce n'est pas pour autant qu'elle est acquise, encore faut-t-il s'en donner les moyens quand on a l'opportunité de vivre en démocratie, même si elles sont à parfaire ! quid “le pacifisme” équivoque aujourd'hui ? Les états actuels sont pour beaucoup loin d'être des « États-nations » vivant en union fédérées comme l'Europe après les abominations de la dernière guerre mondiale. de très grandes puissances militaires sont sous des régimes totalitaires, telle la Chine*** en particulier, et nous ne pouvons faire l'économie d'une « défense militaire » effective et efficace dans cette Europe. Pour autant la “culture de va-t-en-guerre” est à proscrire comme anachronique, reste à constituer une “force” de maintient de paix civile … sans angélisme !
Essai d'un intérêt certain, mes remerciements à Babelio et les éditions Belin.
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* « Quand le métal parle », chapitre historique très technique des artisans “bronziers” sur la fabrication et la structure des épées …
** Qui n'a que peu à voir avec l'établissement de la “paix en soi” qui est le refus de se laisser dominer par les rancoeurs et les haines !
*** Nous attendons de voir comme en ex-U.R.S.S. dans les années 80, une mouvance “Rock'n Roll” annonciatrice d'amorce de changements, en 89 ce fût Tian'anmen dont on ne connaîtra probablement jamais l'ampleur réelle de l'horreur !

Lien : http://www.versautrechose.fr/
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Pour débuter, merci à Babelio pour ce Masse Critique.

Un livre très intéressant qui m'a ouvert des portes de réflexion en plus d'enrichir ma vision de l'âge du Bronze.

J'avoue qu'au début de la lecture, j'ai été un peu déçue. En effet, j'attendais quelque chose de beaucoup plus archéologique – typologique dirons-nous. Je pense que je m'attendais plus à une sorte de catalogue des objets liés à la guerre à l'âge du Bronze, leur contexte de découverte et de fouilles, puis leurs analyses pour en déduire les éléments qui relève de la guerre.
Mais au fur et à mesure que je mangeais les pages, je me suis rendu compte que le livre est plus intelligent et du coup plus intéressant qu'un simple catalogue, c'est un véritable essai qui porte plus sur ce qui entoure une arme et la guerre.

Que nous apprennent donc ces armes que l'on retrouve dans le contexte de « dépôts » (objet de même type ou groupe hétérogène déposé en pleine terre ou en milieu humide en dehors de tout cadre d'habitat ou funéraire) ou bien dans une tombe, ou bien dans les rivières pour les épées principalement (et Arthur jeta Excalibur dans le lac…) ? Finalement plein de choses.
J'avoue que la partie qui m'a le plus intéressé concerna celle sur la métallurgie du bronze et le savoir-faire des artisanats de l'époque. Il est vrai que pour les périodes anciennes, les gens s'imaginent encore et toujours ces sortes de « sauvages » qui survivent (presque au petit bonheur la chance – moins depuis l'agriculture et l'élevage) et où le travail du métal relève plus de la chance qu'autre chose. Alors que c'est complètement faux. Ces gens maitrisaient très bien leur art, autant que cela soit possible avec les conditions de l'époque, c'est-à-dire avec brio.
On voit aussi ce que ces armes impliquent dans la société. Tout le monde n'en a pas : cela coute cher, surtout pour une bonne lame. Combattre ? Oui, mais pour qui ? Pourquoi ? Comment ? Dans quel cadre « politique » regroupe-t-on une armée ? Quelle organisation sociale cela implique-t-il ?
Et bien sûr, quels témoignages avons-nous de la guerre ? Des champs de bataille ?

J'ai beaucoup apprécié ma lecture même si j'ai eu un peu de mal à m'y mettre au début (comme dit précédemment, je m'attendais à autre chose). Au final, c'est un essai très intéressant qui m'a ouvert de nombreux horizons et duquel j'ai beaucoup appris.
À découvrir pour les amateurs du genre !
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Comme le rappelle constamment au fil de ces lignes Anne Lehoërff, la Préhistoire et notamment l'âge de bronze et l'âge de fer sont rarement abordé via le prisme de la guerre. Non de la violence individuelle mais celle collective et organisée. Bref, la guerre. Bien entendu, la définition même de la Préhistoire est quelle ne comporte pas de sources écrites et son étude est ainsi soumise en majeure partie à l'archéologie. C'est sur cette discipline scientifique que se base le travail d'Anne Lehoërff.


L'Histoire me passionne mais mes connaissances sur la protohistoire sont plutôt limités. J'ai toujours eu du mal à m'intéresser à des périodes dont leurs représentations et leurs compréhensions ne s'appuient quasiment que sur des sources archéologiques. Cela génèrent trop de questions, d'hypothèses et il me manque cette réalité, cette vérité que l'on retrouve très partiellement à partir de l'Antiquité (en Europe du moins) même si les zones d'ombres demeurent en immense quantité. Même si de nombreux objets protohistoriques furent dégagés de terre, il me manque cependant cette substance. L'auteur en a conscience et tente de faire revivre cette période à travers la guerre que se livraient les hommes de ce temps. Cela passe essentiellement par l'étude des armes et des armures mais par celle des squelettes, des tombes, des forges,... Mme Lehoërff commence d'ailleurs ces chapitres par mise en situation du quotidien des ces hommes oubliés à travers des paragraphes romancés. « Par les armes, le jour où l'homme inventa la guerre » est un essai accessible et l'auteur s'attache à décrire, dans un style fluide et agréable, à la fois ce qu'est la guerre, l'archéologie, la préhistoire avant de se lancer dans le if du sujet en nous parlant de l'armement et des batailles livrées.


Alors certes, faute de textes, le sujet est limité par les sources archéologiques et les interprétations des scientifiques. Il en découle quelques redondances dans les propos de ce livre. On apprend heureusement de nombreuses choses et abordé la préhistoire par la guerre présente le mérite de l'originalité. Nul doute que cet ouvrage intéressera les amateurs et curieux de cette époque. C'est un bon essai et je remercie Babelio et Belin de m'en avoir envoyé un exemplaire dans le cadre d'une opération Masse critique.
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Je mets la note minimum (2,5) car un livre reste un pari. Raté dans ce cas. Les archéologues ne devraient pas surexploiter le principal gisement dont ils bénéficient, qui n'est pas les fouilles, mais le public curieux. Or, ici, il s'agit manifestement d'une spécialiste de la métallurgie qui se pique d'explications générales d'un académisme dans la ligne de l'archéologie française à la Guilaine sans aucune idée originale ni globale. Je préfère ne rien dire de plus car je pourrais m'emballer. Mais on attend davantage d'une professeure des universités sous peine de disqualifier toute l'université qui manifestement ignore beaucoup de la fonderie, davantage de la violence.
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Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
La naissance de l'épée signe l'affirmation de la guerre comme fait social total, dans la mesure où chacun dans ce système est assigné à un rôle, à une tâche. Avec l'épée, le combat rapproché et la guerre, naît également — et logiquement — le guerrier. Celui-ci est-il nécessairement un homme ? Dans l'absolu, une femme peut combattre autant qu'un homme. Sans doute la question de la force physique peut-elle entrer en ligne de compte, mais seulement pour certains modes de combat. De surcroît, il est des hommes malingres comme il est des femmes fortes. Il existe d'ailleurs un mythe où les femmes sont au combat, les Amazones. Il est vrai que la légende raconte qu'elles s'amputent d'un sein et mutilent ainsi leur féminité. Au-delà du mythe, une thèse récente cherche à démontrer leur réalité dans certaines régions d'Europe orientale et aux confins de l'Asie (en terre scythe pour l'essentiel) à partir du ville siècle avant notre ère. Des tombes de femmes cavalières contenaient en particulier des armes (essentiellement des flèches, plus rarement des lances, des casques et même des épées), ce qui tendrait à montrer qu'elles n'étaient pas exclues des combats. La présence des flèches une fois encore ne règle pas tout, car leur usage peut être double et la présence féminine à la chasse n'est pas propre aux Scythes. En revanche, la présence de lances ou d'épées dans des sépultures de femmes, associée à des stigmates caractéristiques d'une vie à cheval et de traumatismes osseux, invite à ne pas exclure une présence précoce de femmes au combat dans ce contexte particulier. Comme les hommes, elles partagent par ailleurs des tombes d'une très grande richesse.
p. 256
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Pour ce qui est de la violence, les traces d'impacts sur certains restes osseux attestent sa réalité. Cette composante humaine fait partie des sociétés du Paléolithique. Elle ne résout pas cette fausse bonne question de l'idée de violence première chez l'homme, qui relève d'une opposition trop simpliste entre homme violent et homme pacifique pour permettre d'envisager l'idée même de la violence. Elle ne conforte pas pour autant le modèle de Hobbes, mais ne réfute pas violemment celui de Rousseau. Elle est présente. Elle ne bénéficie pas de moyens spécifiques. Elle n'est pas inscrite dans un système social abouti. Dans des sociétés de prédateurs, on peut la concevoir comme un moyen éventuel d'acquisition ou de protection. Dans la mesure où la mort est prise en charge et ritualisée, il faut aussi admettre que la mise à mort d'autrui entrait dans des logiques mentales qui la rendaient un minimum “acceptable”, si ce n'est légitime. Si je tentais d'être Christian Jürgensen Thomsen deux siècles après lui et que je me posais en typo-chronologiste de la guerre rapportée à une époque, je qualifierais cette première forme « d'Âge de la violence empirique ». Sans doute faudrait-il y introduire des nuances pour rendre compte des variations (y compris technologiques) des très longs millénaires du Paléolithique.
p . 277-78
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Le guerrier de l'An Mil représente un tel coût, une telle logistique, qu'il n'est concevable que que dans une société hiérarchisée, spécialisée, où la guerre est une activité, structurante et légitimée pour ceux qui la contrôlent. Considérant que ces populations occupent des territoires identifiables et limités par des frontières, il n'y a qu'un pas à franchir pour oser proposer un type de société hiérarchisée et étatique (quelle qu'en soit la nature précise), des populations soumises à un mode de gouvernement placé entre les mains d'un petit nombre. Sur quel territoire ou royaume règnent les hommes de pouvoir ? Quelle place y accorde-t-on aux femmes, totalement absentes du registre guerrier ? Qui est notre jeune guerrier ? Les hommes en armes sont-ils, comme dans d'autres modèles sociétaux, ceux qui commandent, ceux qui contrôlent ? Les hommes de guerre sont-ils aussi les hommes de gouvernement ? C'est possible. Les données matérielles nous mènent vers une activité militaire qui semble cohérente avec un modèle social de ce type, qui porte littéralement la guerre, même s'il est difficile d'aller beaucoup plus loin dans le détail.
p. 246
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… l'actuelle Hongrie a connu un Âge du bronze d'une extrême richesse, avec des productions métalliques d'une qualité exceptionnelle. Les dépôts métalliques y sont très nombreux et remarquables. Les épées y sont d'ailleurs là aussi très précoces et de très belle facture sur le plan technique. Il est donc légitime (si tant est qu'un chercheur ait besoin de valider chacune de ses explorations intellectuelles) de parcourir des milliers de kilomètres pour découvrir des centaines et des centaines d'objets conservés dans des musées de villes, parfois assez modestes. Sans compter que ces époques ne se comprennent que mises en perspective à l'échelle européenne, et certainement pas dans une dimension nationale plaquée sur les frontières actuelles qui n'ont aucun sens et aucune réalité.
p. 296
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« Par les armes ; “Le jour où l'homme inventa la guerre” » - Anne Lehoërff, éditions Belin © avril 2018
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À partir de l'Âge du bronze, l'ampleur du fait guerrier ne cesse plus de croître. Pire, à partir du moment où l'écrit s'impose dans des sociétés étatiques, la guerre est le premier sujet des récits. Ils donnent ainsi l'impression que la guerre a accompagné l'histoire des sociétés. Pourtant, cette question a préoccupé les sociétés bien avant qu'on ne la raconte au travers des mots. Les typologies de guerre narrent les sociétés autant que les modes organisés de violence. Elles recouvrent d'ailleurs globalement les divisions par ailleurs mises au point par les archéologues, mais qui n'avaient pas toujours intégré le conflit comme une composante inhérente à l'espèce humaine, au moins depuis Sapiens. Hélas. Hélas, car Sapiens c'est nous, et qu'il (nous...) n'a cessé de mettre son intelligence et certaines de ses capacités cognitives au service de cet objectif, tuer l'autre.
p. 281
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Vidéo de Anne Lehoërff
Table ronde proposée par le Conseil Scientifique Avec Emmanuel LAURENTIN, Anne LEHOERFF, Grégor MARCHAND, Catherine PERLÈS De la Manche aux rivages du Canada, de la Grèce à la péninsule arabique, l'archéologie de ces trente dernières années a renouvelé les connaissances sur les rapports à la mer des populations préhistoriques. Routes commerciales ou de conquête, transferts de savoir-faire, populations migrantes: les fouilles les plus récentes montrent l'ampleur des itinéraires et leur complexité. Pour que le peuplement de la terre ait eu lieu, il faut que les hommes et les femmes aient navigué, seuls, en groupes, avec leurs troupeaux et leurs céréales, leurs outils et leurs connaissances à la découverte de nouveaux espaces.
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