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Critique de PortoPolar
Ah le fameux Pierre Lemaitre. L'impressionnant Pierre Lemaitre. Son visage, son aura, tous ses prix prestigieux.
Associé, pour Travail soigné, à une illustration de couverture que je trouve assez austère et une 4ème de couv particulièrement floue, je reconnais avoir relégué ce roman en bas de ma PAL, un peu impressionné donc, et refroidi par tous ces élements. Probablement le genre de complexes que laisse un retour à la lecture via des Dicker ou Minier.
Pourtant il FAUT que je lise Alex (la suite de Travail Soigné), tout le monde le cite toujours dans les polars incontournables, même mes auteurs préférés n'arretent pas d'en parler quand on leur demande quelles sont leurs inspirations.. Bon allez, ok, on va se faire violence et commencer par ce tome1!
20 minutes et probablement autant de pages plus tard, je devais reposer le livre pour simplement regarder dans le vide et lacher un "Bordel!".
Jamais je n'avais été tant happé par des mots. Un vrai choc. le premier quart du livre est une révélation pour moi : un style incroyablement léché, ou chaque mot pèse, chaque tournure de phrase surprend et régale. Voit l'histoire se caler dans le rythme des phrases plutot que l'inverse..
Les digressions sont délicieuses, Lemaitre sait interrompre son récit pour nous parler pendant 1 page et demi de la mèche blonde d'un des personnages en nous lassant moins que certaines descriptions de 2 lignes venant d'autres auteurs. La recette parait parfaite : elle permet de rendre l'écriture ultra dynamique, tout en laissant le talent de l'auteur s'exprimer sans frein au travers des styles inhérents aux différents paragraphes.
L'autre grande remarque inévitable sur le début de cette enquête est l'incroyable violence des crimes en question et de leur récit. Sans en dire trop, on comprend rapidement que sous l'inquietante ignominie que Lemaitre prend soin de nous conter de la manière la plus précise (et donc dégueulasse) possible, il s'agit en réalité d'hommages à Ellroy, Harris et autres pontes de la littérature noire. Ca ne change pas grand chose aux gargouillis d'estomac ressentis, mais dénote à mon gout malgré tout un élement aussi rassurant que respectable étant donné que "foutre du sang partout pour vendre" me parait être une démarche aussi faible que "rendre hommage aux plus grands dans un roman lui même passionnant" est noble.
Et difficile.
C'est bien la que Lemaitre m'a paru si brillant. Les livres policiers qui parlent d'autres livres policiers, les dizaines de romans en forme de mises en abimes d'enquêtes menées par des club de lecteurs de polar ou des groupes de fan de tel ou tel auteur m'ont toujours paru un peu difficile à mettre en place et pas forcément puiser le maximum du potentiel d'un tel concept. Jusqu'a ma lecture de Travail soigné.
Ce chef d'oeuvre, n'ayons pas peur des mots, se lit d'une traite. le plaisir des mots n'a d'égal que le suspens de l'intrigue, la qualité de l'écriture et la difficulté que ça doit être d'écrire de la sorte n'a d'égal que la facilité de lecture que cela produit et le dénouement n'a d'égal que.. que absolument rien tellement je l'ai trouvé génial. Si vous ne l'avez pas encore lu, ne prenez pas cette dernière phrase comme un "spoiler au 2nd degrès" à vous triturer l'esprit pendant la lecture, je ne parle en fait pas tant du dénouement de l'intrigue que d'une subtilité littéraire que je n'avais jamais vu jusque la.
Un polar extraordinaire 19/20
Ps : Grace a beaucoup d'effort et de rigueur, vous noterez que j'ai réussi à ne pas faire la blague que "Le maitre du polar a fait ici un travail soigné". C'était pas évident.
Associé, pour Travail soigné, à une illustration de couverture que je trouve assez austère et une 4ème de couv particulièrement floue, je reconnais avoir relégué ce roman en bas de ma PAL, un peu impressionné donc, et refroidi par tous ces élements. Probablement le genre de complexes que laisse un retour à la lecture via des Dicker ou Minier.
Pourtant il FAUT que je lise Alex (la suite de Travail Soigné), tout le monde le cite toujours dans les polars incontournables, même mes auteurs préférés n'arretent pas d'en parler quand on leur demande quelles sont leurs inspirations.. Bon allez, ok, on va se faire violence et commencer par ce tome1!
20 minutes et probablement autant de pages plus tard, je devais reposer le livre pour simplement regarder dans le vide et lacher un "Bordel!".
Jamais je n'avais été tant happé par des mots. Un vrai choc. le premier quart du livre est une révélation pour moi : un style incroyablement léché, ou chaque mot pèse, chaque tournure de phrase surprend et régale. Voit l'histoire se caler dans le rythme des phrases plutot que l'inverse..
Les digressions sont délicieuses, Lemaitre sait interrompre son récit pour nous parler pendant 1 page et demi de la mèche blonde d'un des personnages en nous lassant moins que certaines descriptions de 2 lignes venant d'autres auteurs. La recette parait parfaite : elle permet de rendre l'écriture ultra dynamique, tout en laissant le talent de l'auteur s'exprimer sans frein au travers des styles inhérents aux différents paragraphes.
L'autre grande remarque inévitable sur le début de cette enquête est l'incroyable violence des crimes en question et de leur récit. Sans en dire trop, on comprend rapidement que sous l'inquietante ignominie que Lemaitre prend soin de nous conter de la manière la plus précise (et donc dégueulasse) possible, il s'agit en réalité d'hommages à Ellroy, Harris et autres pontes de la littérature noire. Ca ne change pas grand chose aux gargouillis d'estomac ressentis, mais dénote à mon gout malgré tout un élement aussi rassurant que respectable étant donné que "foutre du sang partout pour vendre" me parait être une démarche aussi faible que "rendre hommage aux plus grands dans un roman lui même passionnant" est noble.
Et difficile.
C'est bien la que Lemaitre m'a paru si brillant. Les livres policiers qui parlent d'autres livres policiers, les dizaines de romans en forme de mises en abimes d'enquêtes menées par des club de lecteurs de polar ou des groupes de fan de tel ou tel auteur m'ont toujours paru un peu difficile à mettre en place et pas forcément puiser le maximum du potentiel d'un tel concept. Jusqu'a ma lecture de Travail soigné.
Ce chef d'oeuvre, n'ayons pas peur des mots, se lit d'une traite. le plaisir des mots n'a d'égal que le suspens de l'intrigue, la qualité de l'écriture et la difficulté que ça doit être d'écrire de la sorte n'a d'égal que la facilité de lecture que cela produit et le dénouement n'a d'égal que.. que absolument rien tellement je l'ai trouvé génial. Si vous ne l'avez pas encore lu, ne prenez pas cette dernière phrase comme un "spoiler au 2nd degrès" à vous triturer l'esprit pendant la lecture, je ne parle en fait pas tant du dénouement de l'intrigue que d'une subtilité littéraire que je n'avais jamais vu jusque la.
Un polar extraordinaire 19/20
Ps : Grace a beaucoup d'effort et de rigueur, vous noterez que j'ai réussi à ne pas faire la blague que "Le maitre du polar a fait ici un travail soigné". C'était pas évident.
