Citations sur Le mystère du placebo (93)
A partir de ces trois exemples, très documentés, je suis convaincu que notre cerveau est un fantastique laboratoire pharmaceutique capable de lancer la fabrication de tous les médicaments dont a besoin le corps : antidouleur, antifièvre, antibiotiques, cicatrisants, anti-inflammatoire, antistress, somnifères, antidépresseurs, tranquillisants, anticholestérol, antifatigue, antihypertension, anticancéreux… La liste est sans doute infinie. J'extrapole, mais trop peu de gens s'intéressent à la pharmacologie du placebo qui pourtant est un domaine majeur de la médecine. On dit toujours que l'effet placebo compte pour un tiers, au moins, du toutim thérapeutique mais si on se donnait la peine on trouverait des endo-hypnotiques, des endo-antihistaminiques, des endos ceci cela.
On connaît un peu les endo-antimitotiques. Mais nous avons beaucoup à découvrir encore.
L'organisme peut sécréter tous les médicaments de la création et bien plus. On connaît depuis longtemps les endorphines encéphaliques que le corps sécrète devant la douleur et on sait maintenant que ces mécanismes sont très subtils : si quelqu'un a été conditionné à traiter ses douleurs avec de la morphine, par exemple, il va fabriquer des endorphines sous placebo mais s'il a été conditionné à répondre à des médicaments du type aspirine ou doliprane, les endorphines n'agissent pas et ce sont d'autres types d'antalgiques, des endo-antalgiques qui sont activés. Tout dépend du conditionnement. Cette capacité extraordinaire de l'organisme a également été montrée dans le Parkinson et dans la dépression.
Que demande, en effet, prioritairement un malade à son médecin ? Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les réponses qui viennent en premier ne sont pas "science" et "notoriété", mais "gentillesse" et "disponibilité".
La psychanalyse aurait d'ailleurs tout à gagner à sortir du piège de la reconnaissance scientifique qu'elle n'obtiendra probablement jamais, n'étant i reproductible ni réfutable. Si elle demeure un instrument de connaissance incomparable, amène du sens aux thérapeutes qui en ont bien besoin pour survivre face à l'irrationnel de leurs patients, et permet un merveilleux voyage à l'intérieur de soi-même, elle ne présente pratiquement aucun des critères scientifiques. Cela n'enlève rien à sa respectabilité, à partir du moment où elle accepte un statut plus humaniste et ne devrait pas poser de problème de fond car rien n'interdit de (se) faire du bien sans être scientifique Et c'est beaucoup.
Comme souvent en médecine magique, la partie est prise pour le tout : acquérir l'une des propriétés du serpent confère la totalité de ses pouvoirs.
Le jeu de rôle, la mise en situation, en un mot toutes les techniques par lesquelles on apprend à présenter les choses au mieux devraient constituer 'un des piliers des études médicales. Il existe encore trop de médecins incapables de rassurer leurs malades. Et c'est l'objet de cet ouvrage que de rendre conscient le médecin - et son malade ) de l'existence mais aussi de la nécessité de ces petits trucs du métier qui sont louables, qui parfois font la grandeur de la médecine, à partir du moment où ils sont utilisés à bon escient, non systématiquement et dans le plus strict respects de l'éthique médicale.
La douleur, qu'elle soit d'originelle fonctionnelle ou organique, répond bien au placebo : rhumatismes dégénératifs, claudication intermittente dans l'artérite, dysménorrhée, cancer, etc.
La question est dès lors de l'ordre politique car pour pousser ce raisonnement jusqu'au bout, il incomberait au ministère de la Santé d'imposer aux laboratoires pharmaceutiques de fabriquer et de commercialiser des placebos d'un certain nombre, voire de la plupart des médicaments : tous ceux dont l'efficacité n'est pas vraiment prouvée, tous ceux qui sont toxicomagènes (fin de traitement) et ceux qui posent régulièrement des problèmes de tolérance (début de traitement).
Il nous a alors expliqué que la principale difficulté pour interrompre un hypnotique était surtout liée à "l'idée qu'on s'en fait", c'est-à-dire à la certitude que, "sans somnifère, pas de sommeil possible". Le principe du sevrage est simple et repose sur l'utilisation éthique, en simple aveugle, d'un placebo d'un somnifère.
Ainsi, contrairement à une idée répandue notamment chez les médecins, ce ne serait pas tellement le fait de prendre longtemps une benzodiazépine qui provoque l'accoutumance, mas au contraire, le fait de ressentir très tôt des signes de sevrage qui décourage l'arrêt du médicament et amène de longues consommations.