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EAN : 9782738103475
238 pages
Odile Jacob (07/02/1996)
4.05/5   10 notes
Résumé :
L'illusion en médecine porte le joli nom de placebo. Elle soigne, guérit même parfois. Elle fait disparaître l’eczéma ou dormir le nourrisson insomniaque. Elle apaise l’anxiété ou soulage la douleur. Comment, sans action chimique, un tel pouvoir est-il possible ? Et pourquoi donc les médecins exploitent-ils si peu, ou avec tant de mauvaise conscience, ce phénomène ? Où l’on découvre d’étranges pratiques, souvent tenues secrètes par la corporation médicale, et l’alli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Livre TRES intéressant, voire passionnant, sur le placebo, et l'effet placebo. Je n'ai jamais lu un livre qui en parle de cette façon, élargie, étayée de nombreuses études surprenantes, et qui balance aussi, qui remet en cause. C'est un livre politique, pas polémique.
Il date de 2006, et je n'ai hélas pas bien l'impression qu'il soit dépassé ou qu'il ne soit pas/plus nécessaire.
Le placebo est tellement complexe dans sa magie et sa simplicité qu'il en devient presque indéfinissable, on pourrait même penser que le placebo est la vie elle-même, l'amour... ou Dieu (et le diable parfois)... Il intrigue, gêne la médecine et l'industrie pharmaceutique. Pourtant, l'alliance entre médicament et placebo est possible et constituerait véritablement une gigantesque plus-value.
Le style est clair, très lisible pas besoin d'être médecin pour comprendre, mais malgré tout c'est un livre « intelligent », il ne prend pas son lecteur pour un con, il est rigoureux et ça fait du bien.
L'auteur a un ton, il peut être parfois assez caustique, il tape un peu (homéopathie, médecins trop prescripteurs, patients avides de prescription, psychanalyse...), mais avec des arguments, on peut ne pas être d'accord, mais il y a une vraie base. Et il propose de vraies pistes...
Bref, pour moi, un livre édifiant.

Quelques développements, si vous avez envie ;

D'abord,
« Il s'agit plus simplement de faire admettre que tout n'est pas quantifiable, que certains résultats échappent à la science, que les médecins et leurs malades ont, parfois, et Dieu merci, des comportements, des attitudes qui ne sont pas totalement dictés par la rigueur pharmacologique,n mais davantage par l'espoir de réveiller les forces internes de guérison supposées gésir en chacun de nous. »

Stimuler les forcs internes de guérison, donc. Car en fait la guérison n'est jamais qu'en nous. Et pas ou si peu dans les produits soi-disant actifs qu'on nous impose ou qu'on s'impose, qu'on recherche...

Comprendre ce mystère...
« Si le placebo et son corollaire, l'effet placebo, existent bien, si le résultat d'un traitement médical n'est jamais exactement ce que l'on en attendait "scientifiquement", il serait temps de chercher à comprendre par quels mécanismes ce curieux et dérangeant phénomène peut bien se manifester. A condition, bien sûr, que la magie du soin soit explicable avec les outils du moment. Logique du conditionnement, biologie, psychanalyse, sociologie, psychologie, chacune de ces approches a son mot à dire, aucune n'a LA réponse. »

Pas mal de pages et réflexions concernant l'homéopathie, reine dans la maîtrise de l'effet placebo :
« Aujourd'hui encore, lorsque l'on s'amuse à traduire en français certaines dénominations homéopathiques, on reste étonné. Mustel foetida ? Glande anale de putois. Periplaneta americana ? Blatte d'Amérique. Pulex felis ? Puce de chat. Pediculus captis ? Pou de tête. Lumbricus terrestris ? V"er de terre. Ramsès II le Grand et ses médecins doivent s'en retourner dans leurs bandelettes, car eux n'avaient pas songé à créer une Sécurité sociale pour rembourser à 65% ce genre de remèdes ! »

Jusqu'à preuve du contraire, un pur placebo...
« ... l'homéopathie, du moins en ce qui concerne les hautes dilution. La loi d'Avogadero permet de savoir que dans ce type de préparation, il n'existe statistiquement plus aucune chance qu'il y ait une seule molécule du produit prescrit dans la préparation absorbée. La substance délivrée n'est plus qu'un souvenir de molécule, une abstraction de médicament, un symbole, une idée, un fantasme, donc, par définition et jusqu'à preuve du contraire, un pur placebo. »

Le placebo et la médecine ne serait que relationnelle, expliquer, s'intéresser à son patient, lui donner du temps... l'aimer ? La « communication » et la maîtrise du placebo sans honte, sans réserve, sans remords...

« Le jeu de rôle, la mise en situation, en un mot  toutes les techniques par lesquelles on apprend à présenter les choses au mieux devraient constituer 'un des piliers des études médicales. Il existe encore trop de médecins incapables de rassurer leurs malades. Et c'est l'objet de cet ouvrage que de rendre conscient le médecin - et son malade ) de l'existence mais aussi de la nécessité de ces petits trucs du métier qui sont louables, qui parfois font la grandeur de la médecine, à partir du moment où ils sont utilisés à bon escient, non systématiquement et dans le plus strict respects de l'éthique médicale. »


Dieu mais le Diable aussi...
« ... il ne faudrait pas imaginer que le placebo est une création angélique, une technique anodine, un aimable leurre. Sa prescription peut de révéler blessante, voir e dangereuse, surtout si elle est inconsciente. »

Pas mal d'autres pages sur la psychanalyse, par lequel l'auteur est passé.

Notamment la volonté de reconnaissance scientifique :
« La psychanalyse aurait d'ailleurs tout à gagner à sortir du piège de la reconnaissance scientifique qu'elle n'obtiendra probablement jamais, n'étant i reproductible ni réfutable. Si elle demeure un instrument de connaissance incomparable, amène du sens aux thérapeutes qui en ont bien besoin pour survivre face à l'irrationnel de leurs patients, et permet un merveilleux voyage ç l'intérieur de soi-même, elle ne présente pratiquement aucun des critères scientifiques. Cela n'enlève rien à sa respectabilité, à partir du moment où elle accepte un statut plus humaniste et ne devrait pas poser de problème de fond car rien n'interdit de (se) faire du bien sans être scientifique Et c'est beaucoup. »

Les méthodes scientifiques, jamais sans failles...
« La méthode comparative, en double aveugle, repose pour une bonne part sur une standardisation extrême des données. Elle est le témoignage de ce que j'appelle la civilisation Mac Donald. Si vous achetez un hamburger à Tokyo ou à Paris, Tegucigalpa ou Ouagadougou, vous pouvez être assuré que vous aurez toujours strictement la même quantité de viande hachée, de pain, de sauve, avec le même goût. Mais est-ce vraiment ce type de restauration qui fera avancer la gastronomie ? »

L'auteur plaide pour une entente, une collaboration entre la médication et la placebothérapie, car l'une et l'autre trouvent appui l'une sur l'autre, autant en profiter.

« Médicament ou placebo ? Traitement pharmacologique ou placebothérapie ? On aurait pu penser que la lutte serait sans merci entre ces faux-frères ou ces frères ennemis. Mais plus forte que la rivalité, c'est la communauté de destin qui se révèle à l'analyse : même puissance, même dangers, mêmes limites. Au fond, tout n'est-il pas question de mesure et de bon usage ?  le besoin d'un travail de réflexion préalable à toute administration vaut pour les deux types de produit ou de thérapie. L'union faisant la force, gageons que l'alliance fondée sur une complémentarité indéniable serait incroyablement plus efficace que l'opposition. Entendons-nous donc. »

J'arrête là, il y a beaucoup trop à dire. Bonne lecture.
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Quel livre !!! l'auteur mécin psychiatre chef de service - que l'on sent avoir beaucoup d'humour - a dû bien s'amuser en écrivant tout celà et cette sorte d'espièglerie qu'il faisait au corps médical. Je redoute qu'il ne se soit fait ostraciser par certains. Evidemment, comme il dit, le corps médical déteste que l'on parle du placebo parce que ça remet en cause son pouvoir. Savez-vous qu'en médecine on appelle "grands médicaments" les médicaments qui sont universellement considérés comme efficaces (aspirine, anti-dépresseurs, anti-cancéreux etc...). Si vous lisez "les grands médicaments" du Dr Pradal (un toxicologue) vous verrez qu'il consacre un chapitre au placebo : le placebo est un grand médicament. de mémoire : le dictionnaire Vidal signale constamment la validité vérifiée ou non de l...a spécialité qu'il évoque ( indiqué dans, utisé pour etc ...) Selon certains, 40 à 50 pc des spécialités du Vidal seraient des placebos purs ou impurs. le Dr Lemoine nous dit qu'il existe un effet vérifié d'induction de l'effet placebo par le médecin. Ainsi, en psychiatrie la thérapie de choc du coma hypoglycémique proqué par l'injection d'insuline marchait tant que les médecins se demandaient dans l'angoisse si le patient allait revenir du voyage dans le coma. Quand la technique a été mieux maîtrisée, l'angoisse a disparu et la "cure de Sakel" a perdu son intérêt. Autre chose : il écrit - en précisant que c'est une boutade- que soit un service en psychiatrie, si le patron est un anxieux, le service va se mettre à prescrire des anxiolitiques et que si le patron est fou, le service va être généreux en neuroleptiques. A la fin du livre, il mentionne les placebos dans la société. Par exemple : la tétine des petits enfants. Elle a la texture du sein mais il n'y a pas le principe actif : le lait. Reste que c'est un placebo efficace. Il analyse comme placebos certains aspects de l'art contemporain.
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Citations et extraits (93) Voir plus Ajouter une citation
A partir de ces trois exemples, très documentés, je suis convaincu que notre cerveau est un fantastique laboratoire pharmaceutique capable de lancer la fabrication de tous les médicaments dont a besoin le corps : antidouleur, antifièvre, antibiotiques, cicatrisants, anti-inflammatoire, antistress, somnifères, antidépresseurs, tranquillisants, anticholestérol, antifatigue, antihypertension, anticancéreux… La liste est sans doute infinie. J'extrapole, mais trop peu de gens s'intéressent à la pharmacologie du placebo qui pourtant est un domaine majeur de la médecine. On dit toujours que l'effet placebo compte pour un tiers, au moins, du toutim thérapeutique mais si on se donnait la peine on trouverait des endo-hypnotiques, des endo-antihistaminiques, des endos ceci cela.
On connaît un peu les endo-antimitotiques. Mais nous avons beaucoup à découvrir encore.
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L'organisme peut sécréter tous les médicaments de la création et bien plus. On connaît depuis longtemps les endorphines encéphaliques que le corps sécrète devant la douleur et on sait maintenant que ces mécanismes sont très subtils : si quelqu'un a été conditionné à traiter ses douleurs avec de la morphine, par exemple, il va fabriquer des endorphines sous placebo mais s'il a été conditionné à répondre à des médicaments du type aspirine ou doliprane, les endorphines n'agissent pas et ce sont d'autres types d'antalgiques, des endo-antalgiques qui sont activés. Tout dépend du conditionnement. Cette capacité extraordinaire de l'organisme a également été montrée dans le Parkinson et dans la dépression.
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Cette notion de croyance a bien été illustrée par l'histoire des implantes de disulfirame. Le disulfirame est un médicament donné préventivement aux alcooliques afin de les dissuader d'absorber leur toxique favori. Boire dans les vingt-quatre heures qui suivent son administration, ne serait-ce qu'une seule goutte d'alcool, provoque un malaise extrêmement pénible avec rougeur, sueur, vertiges, nausées et vomissements incoercibles. Il se produit également une accélération du pouls et une augmentation de la tension artérielle pouvant même rendre l'absorption dangereuse. Le problème, c'est que les alcooliques ne sont pas toujours raisonnables et que, parfois, ils oublient, le matin, d'avaler leur "chien de garde", de façon à pouvoir picoler impunément dans la journée. Certains médecins ont du coup imaginé la technique des implants. [...] Au bout d'un an environ, le changement d'implant était programmé,le médecin réincisait la peau, parfois au même endroit, discret et relativement indolore, pour replacer quelques comprimés de sagesse. S'ils n'étaient pas trop enkystés, il découvrait alors que les anciens comprimés étaient absolument intact, preuve que l'absorption de disulfiram était nulle : il s'agissait d'un pur effet placebo. L'ennui, c'est qu'au bout de quelques années, plus personne n'a cru à l'effet retardé des implants [...] la technique s'est mise à ne plus marcher. La conviction des implanteurs n'était plus suffisante. Il m'arrive encore de recevoir en consultation certains alcooliques, anciens implantés, qui me réclament avec insistance leur "chien de garde sous-cutané", et je dois dire que je déplore amèrement, tout en palpant leur organe hépatique tuméfié, de plu avoir moi-même de foi.
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La psychanalyse aurait d'ailleurs tout à gagner à sortir du piège de la reconnaissance scientifique qu'elle n'obtiendra probablement jamais, n'étant i reproductible ni réfutable. Si elle demeure un instrument de connaissance incomparable, amène du sens aux thérapeutes qui en ont bien besoin pour survivre face à l'irrationnel de leurs patients, et permet un merveilleux voyage à l'intérieur de soi-même, elle ne présente pratiquement aucun des critères scientifiques. Cela n'enlève rien à sa respectabilité, à partir du moment où elle accepte un statut plus humaniste et ne devrait pas poser de problème de fond car rien n'interdit de (se) faire du bien sans être scientifique Et c'est beaucoup.
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Le jeu de rôle, la mise en situation, en un mot toutes les techniques par lesquelles on apprend à présenter les choses au mieux devraient constituer 'un des piliers des études médicales. Il existe encore trop de médecins incapables de rassurer leurs malades. Et c'est l'objet de cet ouvrage que de rendre conscient le médecin - et son malade ) de l'existence mais aussi de la nécessité de ces petits trucs du métier qui sont louables, qui parfois font la grandeur de la médecine, à partir du moment où ils sont utilisés à bon escient, non systématiquement et dans le plus strict respects de l'éthique médicale.
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Vidéo de Patrick Lemoine
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Patrick Lemoine, avec sa longue expérience clinique, nous invite à un voyage optimiste, joyeux, détonnant, novateur au pays du stress, de l'angoisse, du chagrin et de tant d'autres troubles aussi fréquents qu'universels.
Patrick Lemoine est psychiatre, spécialiste du sommeil, docteur en neurosciences, professeur associé à l'Université de Pékin. Il a publié plus d'une quarantaine d'ouvrages à succès, parmi lesquels le Mystère du placebo, La santé psychique de ceux qui ont fait le monde, La Santé psychique des génies, Docteur, j'ai mal à mon sommeil…
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