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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Souvent, je ne lis pas les préfaces, c'est probablement un tort.
ça l'aurait été avec la préface de J.M.G le Clézio, car elle est une très bonne introduction à cet ouvrage.

Le Clézio résume parfaitement l'esprit et la démarche d'Aldo Leopold, mettant l'accent sur la qualité littéraire de cette oeuvre que l'on présente comme une quintessence du nature writing et de l'écologie.

Leopold, né dans l'Iowa, région rurale des Etats-Unis à la fin du dix-neuvième siècle, se passionne tout jeune pour l'ornithologie et après des études spécialisées dans la gestion forestière, rejoint l'office américain des forêts.

Si l'on parle écologie à propos d'Aldo Leopold, c'est d'une écologie empirique, raisonnée, vécue passionnément au quotidien, Leopold défenseur de la nature et précurseur de la protection animale était pêcheur et chasseur, ce qui ne manquera pas d'étonner voire de choquer les écolos 2.0 !

Ce qu'il faut retenir de la lecture de cet "Almanach d'un comté des sables", c'est l'émerveillement transmis par l'auteur, émerveillement d'un scientifique, professionnel de la forêt qu'il transmet au lecteur.

Aldo Léopold mourut à l'âge de 61 ans, d'une crise cardiaque en aidant des voisins à éteindre un feu de broussailles. Son engagement total lui coûta la vie, il en demeure d'autant plus exemplaire !

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J'avais posté ce commentaire soulignant une critique de lectrice (Folfaerie !)
Je la réédite en clair, quelques années ont passé et la prise de conscience a fait quelque avancée notable(en gros )
Désolé de me citer !!
"Il est de petits opus tels celui-ci que l 'on garde à portée de main :soit une recherche nous y ramène soit un neveu ou ami vous demande un renseignement et plutôt que répondre vaguement , vous lui mettez le livre en mains et il le garde: c'est tant mieux .
J'ai en même temps retrouvé chez un bouquiniste un ouvrage consacré au grand peintre Frédérick Remington :on peut associer les deux personnages !"
Associer ces deux personnages - par ailleurs sans doute opposés dans leur philosophie - permet de constater ce fossé entre la mentalité de "civilisateurs brutaux"** que furent les immigrés anglo-saxons.
Le récent passage tv de "Danse avec les Loups" exposait la brutalité de ces pionniers quand au début l éclaireur de K Costner se comporte avec muflerie (mais tué bientôt par les flèches des Sioux.)
Je digresse mais c est cette Amérique assez fidèle historiquement que nous font voir Aldo Léopold ,F Remington et K Costner .
Le personnage de d'Trump condensait ces traits de comportement :irrespect et toute puissance
J'arrête ici comme disent nos cousins du Québec...
"ça n'a point de bon sens !"
** des pas brutaux ? pas sûr qu'il en existe cf :Ouïghours Tibétains Berbères Tupamis Aborigènes Africains ....

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L'almanach d'Aldo Leopold (1887-1948), livre testamentaire, publié à titre posthume en 1949, égrène, dans une première partie, les observations naturalistes au fil des mois depuis une « cabane » occupée en fin de semaine, une ferme de la région des sables du Wisconsin, aux Etats-Unis. Professeur de foresterie de réputation internationale, Aldo Leopold sait filer la métaphore quand il s'agit de scier un chêne foudroyé pour se chauffer. Il remonte le temps historique de l'Etat du Wisconsin à mesure que les dents entaillent les anneaux de croissance de l'arbre. le passé défile année par année, succinctement, mais avec son lot de massacres effarant : « En 1871, on estime à cent trente-six millions le nombre de pigeons venus nicher dans un triangle de 80 kilomètres… Les chasseurs venaient par centaines, armés de fusils, de matraques et de pierres à lécher et c'est par trains entiers que les pâtés de pigeon en puissance repartaient en direction des villes…Ce fut, cette année-là, la dernière grande nichée dans le Wisconsin… En 1870, un chasseur industriel se vanta dans le Chasseur américain d'avoir tué six mille canards en une seule saison dans les environs de Chicago ». Puis l'arbre s'abat. Les « copeaux de réalité » sont appelés par les bûcherons la sciure et par les historiens les archives. Aldo Leopold pourrait apparaître comme un apôtre écolo prêchant la bonne parole, forcément au-dessus de la mêlée des simples mortels. Lui, sait. Il chasse mais il ne plombe pas toutes les bécasses car il a été initié à la « danse céleste » et il veut continuer à jouir de la parade nuptiale des volatiles. Est-ce bécasse ? Aldo l'écolo chasse en artiste. Bonjour la prise d'esthète ! Aldo « la classe » prodigue aussi ses bons conseils avec la désinvolture qui sied en la circonstance quand le gâchis est déjà bien là, irrémédiable, presque anodin en apparence, à l'exemple de la tondeuse tueuse maniée par une équipe de cantonniers insouciants qui coupe sans remords les derniers silphiums [fleurs reliques de la Grande Prairie] jusqu'à lors épargnés dans le cimetière du coin : « A quoi pouvaient bien ressembler cinq cents hectares de silphium en fleur chatouillant le ventre des bisons, voilà une question qui n'aura plus jamais de réponse et peut-être même plus jamais l'occasion d'être posée ». La lecture de l'almanach est surtout étonnante par la description de comportements humains banals et destructeurs, ceux d'Aldo Leopold inclus « J'étais jeune à l'époque et toujours le doigt sur la gâchette », décrits voici soixante-dix ans aux Etats-Unis et transposables sans en changer un traître mot dans nos sociétés occidentales aujourd'hui. Les marais asséchés, la culture du maïs envers et contre tous, les rivières égouts, les haies arrachées, les animaux exterminés, les chasseurs et leur autosatisfaction presque maladive, le besoin de distinction, de reconnaissance, l'accumulation frénétique d'objets, la vitesse accrue des déplacements humains, tout cela et des menus détails disent bien plus le mal du siècle qu'un pensum d'ethnologie. La force et la beauté de l'Almanach d'un comté des sables tiennent essentiellement au pouvoir d'évocation des frontières floues, aux tableaux évanescents rehaussés de fines observations naturalistes. Le Clézio, dans sa préface, a bien senti la force poétique qui émane du « tableau sublime que sait peindre la rivière Wisconsin certains matins d'été et des domaines illimités de l'aube, qu'aucun fonctionnaire du cadastre ne pourra jamais arpenter ». La seconde partie de l'almanach intitulée « Quelques croquis », clame l'élégie des marais, chante la mort du loup (bien après Alfred de Vigny), dresse la stèle aux pigeons…, l'auteur égrenant ses pensées au rythme de ses pérégrinations, du Wisconsin jusqu'au Manitoba. La dernière partie de l'ouvrage, « En fin de compte », dresse un bilan des convictions éthiques et philosophiques de l'auteur. La partie est d'ores et déjà perdue pour la vie sauvage et la survie des hommes paraît bien menacée. « Penser comme une montagne » est une révolution que l'écologie radicale ne pourra jamais mettre en oeuvre à elle seule.
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Aldo Leopold raconte la splendeur de la nature au début du XXème siècle, à l'aube du basculement entre la sauvagerie sans fin des grands espaces et la barbarie de l'homme qui l'exploite à son seul profit.

Il y a deux versant dans ce livre, habilement intriqués.

Un versant sensitif, où Aldo Leopold apparait comme un grand-père de Rick Bass, un homme qui jouit humblement du spectacle inépuisable de la nature, à une époque où celle-ci connaît une richesse qui a depuis été décimé : les paysages, l'eau qui coule, la lumière, les insectes, oiseaux et habitants divers, tout est pour lui l'occasion d'un émerveillement miraculeux, où l'auteur exprime sa connivence et son respect, jusque dans sa description de scènes de chasse - et oui !

Un versant réflexif et écologique d'avant-garde que j'ai été fort surprise de découvrir chez un homme de cette époque, devin de l'effondrement déjà en préparation, conscient de la nuisance de l'homme et du progrès. J'ai souvent lu que le rapport Meadow dans les années 70 est l'une des premières références pour la pensée écologique. Il n'en est rien : il y a un siècle, Aldo Leopold avait déjà tout compris.

Ce livre est un enchantement de beauté confrontée à la tristesse de ce monde qui s'enfuit déjà. Et l'oeil rétrospectif du XXIème siècle ne fait qu'aggraver cette tristesse – et magnifier cette beauté.

Les fines illustrations à la plume de Charles W. Schwartz ajoutent au bonheur de la lectrice.


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"L'amenuisement de la flore est le résultat d'une combinaison de désherbage, de pâture forestière et de belles routes. Chacun de ces aménagements exige bien entendu que soit réduite la superficie disponible pour les plantes sauvages ; mais aucun n'exige l'élimination pure et simple d'espèces sur le territoire de communes ou de régions entières. Chaque ferme a ses coins de friche, chaque route est bordée sur toute sa longueur par une bande de terre vierge ; il suffirait d'en interdire l'accès aux vaches et aux tondeuses pour que toute la flore indigène, enrichie de douzaines de transfuges exotiques intéressants, devienne partie intégrante de l'environnement normal de chaque citoyen."

"L'art de la médecine de la terre est vigoureusement pratiquée, mais la science de la santé de la terre n'est pas encore née."

On pourrait croire à des citations contemporaines, et bien non, il s'agit bien d'extraits de Aldo Leopold, écrit il y a plus de 70 ans et réalisé il y a près d'un siècle. Malheureusement, plus d'un siècle plus tard, ses écrits sont encore largement d'actualités, si ce n'est le côté pionnier qui a entièrement disparu. L'auteur est un universitaire mais aussi et surtout, un homme de terrain. Ses idées proviennent largement de sa vie auprès de la nature, mais il a su mieux que personne les synthétiser en faveur de l'environnement, et ce malgré qu'il soit lui-même chasseur... Plus d'un siècle après, les choses ont-elles évoluées positivement ? Pas si sur...
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