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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pierre Yves Leprince réussit, avec ce premier roman, un véritable exploit. Il casse l'image d'Epinal de Marcel Proust, dont la réputation du plus grand auteur du XXème siècle, effraie le grand public. Pour illustrer son récit, l'auteur choisit d'ailleurs une technique narrative « populaire » celle de la première personne, avec en prisme, le jeune coursier Noël, détective et limier à ses heures. Dialogues, descriptifs et réflexions (savoureuses parfois) s'enchevêtrent alors, cela aurait pu être indigeste, bien au contraire. le roman est fluide et d'une accessibilité permanente, fourmillant d'idées et révèle un petit côté cabotin très plaisant. « Les enquêtes de Monsieur Proust » se veut surtout un ensemble de références au célèbre auteur, références de vies, autour de ses écrits et autres réflexions littéraires. Trop peut-être pour un lecteur moins familier à son oeuvre. Les réminiscences à l'univers proustiens sont le plus souvent explicites, parfois suggérées au détour d'une ambiance, d'un vocabulaire ou de faits. Certes nous sommes ici dans une fantaisie littéraire, amenée habilement, mais proche d'une réalité moins fantasmée, une sorte de déification généreuse et salutaire (que l'on retrouve d'ailleurs dans la correspondance de Proust). Pierre Yves Leprince créé (ou recréé) des personnages très attachants avec qui l'on aime partager les moments de vies, provoquant notre désir de progresser avec eux, tout en partageant leur excitation autour des mystères (carnet volé, fantômes de Versailles, meurtre…) et leur intimité. Marcel Proust, que la légende littéraire a transformé en une espèce de vampire littéraire capricieux et souffreteux apparaît sous un jour nouveau, il est un homme, dans ses exceptions mais surtout faillible. Tout cela enrobé d'un humour et d'une cocasserie jouissifs, imagé d'un décor à la « The Grand Budapest Hôtel » exhalant des effluves à la Agatha Christie, ce roman est salvateur de fraicheur. On peut toutefois lui reprocher quelques longueurs mais jamais de ne provoquer autre chose que le plaisir.
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Le narrateur âgé d'une centaine d'années est en train de rédiger un livre de souvenirs dont le sujet traite de sa rencontre en 1906 à Versailles avec Marcel Proust qui à cette date n'en est encore qu' à ses balbutiements en littérature. l'es connu certes mais n'a pas commencé " La Recherche". Noël, le narrateur est coursier dans un grand hôtel où séjourne Proust; à l'occasion le jeune homme qui a dix-sept ans mais n'en paraît guère plus de treize, officie comme détective dans une agence pour arrondir des fins de mois difficile (il est issu d'un milieu très modeste).
Un hasard heureux fait égarer à Marcel Proust un carnet. la rencontre sera l'occasion de quiproquos et autres surprises assez fines et plutôt drolatiques. le jeune Noël avec sa candeur et son bon sens d'homme issu du peuple retrouve le carnet. Joie de l'un pour qui la perte relevait du désastre , fierté de l'autre de pouvoir accéder à un monde autre. Une amitié va naître, une amitié vraie qui ne sera même pas particulière - l 'auteur n'occulte pas les attirances homosexuelles de Proust, mais là n'est le sujet-
Pour nous parler de son admiration inconditionnelle pour Proust, P. Y. Leprince nous amène sur les voies anecdotiques de plusieurs affaires policières. Noël et Monsieur Proust, observateurs avertis, amoureux du moindre détail vont devoir élucider des mystères allant du mensonge au sein d'un couple, en passant par une affaire frisant le paranormal - fait resté dans L Histoire-. L'Hôtel sera même le lieu d'un crime.
Les thèmes récurrents chez Proust sont bien présents ( Mémoire, le temps qui passe...)
Nul besoin d'être un fada de Proust pour aimer ce livre. c'est un livre léger, drôle, plein de sensibilité; il faut juste se laisser porter sans apriori. le ton est précieux, sans excès, juste comme on peut s'imaginer ce qu'était la vie facile cette époque dans cette classe sociale que fréquentait l'auteur de cette magnifique, que j'ai découverte bien tard parce que présentée lorsque j'étais enfant par des professeur qui aimait mal - pas qui ne l'aimait pas, j'ai bien dit mal, maladroitement. Après bien-sûr, il y a cette mode qui veut que Proust , ma foi, c'est long, c'est emberlificoté ...,
Bien sûr, vous l'avez compris, j'aime Proust et je pense que si des jeunes prennent le temps de lire le livre de J.Y. Leprince, ça leur donnera peut-être envie de découvrir celui qui par son écriture si fine est un des grands auteurs qui font aimer la langue française. Et même s'ils ne sont que quelques dizaines à le lire ce sera déjà très bien. Je crois que c'est une bonne amorce pour avoir envie de découvrir cette oeuvre, ce pavé magnifique
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Pierre-Yves Leprince, scénographe français, peintre et écrivain est né en 1940 à Orléans. Issu d'une famille d'enseignants et de peintres, il poursuit des études de lettres classiques à Paris. Entre 1960 et 1970, il est animateur de théâtre et enseignant et c'est à cette époque qu'il découvre Proust et écrit ses premiers essais littéraires. Il est producteur à France Culture de 1971 à 1976, notamment pour les émissions consacrées au centième anniversaire de la naissance de Proust. Son premier roman, Les enquêtes de Monsieur Proust, est paru cette année.
Nous sommes en 1986, Noël le narrateur presque centenaire, écrit un livre de souvenirs (Les Enquêtes de Monsieur Proust) relatant sa rencontre avec Marcel Proust en 1906. L'écrivain en devenir, La recherche du temps perdu n'est encore qu'en gestation, était venu en villégiature à l'hôtel des Réservoirs, à Versailles, après la mort de sa mère. Noël, dix sept ans à l'époque, d'un milieu pauvre, était coursier de l'hôtel et travaillait pour une agence de détectives. Après que le détective en herbe ait retrouvé un carnet – les fameux carnets ! – égaré de Marcel Proust, une relation particulière (non, non !) va réunir les deux hommes. Outre le carnet égaré, puis volé, nos deux héros seront confrontés à une affaire paranormale impliquant deux anglaises, Miss Jourdain et Miss Moberly, dans les jardins du parc du château (un fait réel qui fit grand bruit à l'époque) et même à un crime dans l'hôtel.
Si le titre du livre et le fil rouge des enquêtes nous rapprochent du roman policier, tout ceci n'est que prétexte pour Pierre-Yves Leprince à écrire un merveilleux texte criant son admiration sans bornes pour le grand écrivain. Il faut certainement avoir un a priori favorable envers Marcel Proust pour apprécier cet ouvrage à sa juste valeur, mais comme c'est mon cas, je peux vous dire que je me suis délecté de ce roman jubilatoire.
Tout m'a semblé parfait. L'écriture lentement déroulée, le rythme, des fins de phrases reprises au début de la suivante créant un effet de ressac apaisant, les mots employés, tout nous renvoie en ce début de XXe siècle. Et bien entendu, l'écrivain aborde dans le roman, les thèmes chers à Proust comme la mémoire, le temps qui passe etc. soit par allusions, soit en termes directs. L'angle polar, mais anecdotique, est traité dans l'esprit des Hercule Poirot, alliant raisonnement, analyse des caractères et préciosité du héros, avec un effet de style consistant à annoncer par avance ce qui va advenir plus loin pour aguicher l'impatience du lecteur. Tous les acteurs du bouquin sont magistralement peints et si l'auteur ne fait pas l'impasse sur les moeurs sexuelles planant sur le personnage de Proust ou d'autres figures du roman, c'est avec tact et délicatesse, nous apprenant ce que signifiait « la prière sur les bottines » en 1900.
Quant au Proust du roman, dont Pierre-Yves Leprince sait tout, nous en avons un portrait superbe nous le rendant vivant à jamais, avec ses problèmes de santé, sa mélancolie récurrente après le décès de sa mère, son envie d'écrire ; désormais, quand j'entendrai parler de Proust, c'est cette image qui me restera toujours en mémoire et non plus une figure désincarnée forgée à partir d'articles de presse ou de préfaces d'ouvrages.

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L'intrigue policière n'est qu'un prétexte mais l'on pardonne à l'auteur ses digressions sur la personnlité de Monsieur Proust.

Il nous dévoile un personnage attachant, ambigu, complexe certe;

Il nous laisse surtout avec une envie de lire ou relire les oeuvres de ce Grand Monsieur
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Noël travaille comme coursier pour la maison Bâtard et fils à Versailles. Souvent, le « signor Minimo », qui s'occupe de tout à l'hôtel des Réservoirs, l'envoie faire l'une ou l'autre enquête. Aujourd'hui, voilà le petit homme au bord de l'apoplexie. le riche client de la 22 a perdu « son cornet ». Noël s'imagine un digne vieillard dur d'oreille. Eh bien pas du tout. C'est un jeune excentrique entouré d'un vrai capharnaüm. Il a perdu le carnet dans lequel il note ses idées. Ce dernier est vital pour lui qui ambitionne d'écrire une vaste fresque littéraire. Il s'appelle Marcel Proust et il prend Noël sous son aile.
Quand il se lance dans la rédaction de ses souvenirs, Noël a presque cent ans. Il replonge dans son passé. Nous voici à Versailles en 1906, et ce petit coursier déluré et ambitieux rencontre par hasard le prestigieux client de l'hôtel des Réservoirs, qui deviendra son mentor et son modèle. Noël prend, lui aussi, l'habitude de noter dans des carnets tous les événements marquants de ses journées. Enfant du peuple, il vit avec sa mère et l'ami de celle-ci, qui ne l'aime guère. Aussi, le jeune homme fuit-il le plus possible le domicile familial. Marcel Proust deviendra comme un père pour lui. Noël note religieusement les expressions du grand homme et les mots qu'il ne comprend pas, dont il cherchera, le soir, le sens dans son précieux dictionnaire.
Marcel Proust ne quitte guère sa chambre en raison de sa santé défaillante. Comme il adore observer et se livrer à des déductions, Noël, ce gaillard débrouillard dont personne ne se méfie en raison de sa petite taille et de son visage poupin qui lui donnent l'air d'un enfant, sera ses yeux et ses oreilles au-dehors.
Évidemment, les prétendues « enquêtes » auxquelles se livrent les deux compères, n'ont rien de vraiment haletant. Elles servent de prétexte à l'auteur pour nous donner sa vision personnelle de cet écrivain que Pierre-Yves Leprince veut montrer « jeune », « drôle », alors que la plupart des gens le voient comme un « mondain malade et sans âge, qui écrit la nuit dans son lit ».
Il a aussi lu « La Recherche » comme une sorte de roman policier. Quoi de plus naturel, donc, que de mêler Marcel Proust à des enquêtes ? Ainsi, notre dandy se livrera-t-il à une investigation concernant les « fantômes du Trianon ». Deux Anglaises sont persuadées d'avoir découvert une faille temporelle qui leur a permis de faire irruption dans le XVIIIe siècle et de voir Marie-Antoinette dans les jardins du parc.
J'avais lu une bande dessinée inspirée de ce mystère : « Marie-Antoinette, la reine fantôme » de Rodolphe et Annie Goetzinger, qui m'avait beaucoup plu. J'étais donc surprise et ravie de découvrir une autre évocation de cette énigme dans le roman de Pierre-Yves Leprince. Marcel Proust aurait aimé que cette histoire soit vraie, lui qui aurait tant voulu retrouver le « temps perdu » et revoir sa chère maman.
Dans le roman de Pierre-Yves Leprince, pas d'enquête palpitante, ni de suspense insoutenable. Il y avait, à mon avis, des longueurs, voire des redites.
Pourtant, j'ai beaucoup aimé cette lecture, surtout parce que j'adore Marcel Proust et que je m'intéresse à tous les ouvrages qui parlent de lui.
Pour autant, ne prenez pas ce roman pour une somme austère et assommante. Il fourmille de clins d'oeil comiques.
Comme Gaston Leroux dans « Le mystère de la Chambre jaune », il découpe une énigme en plusieurs parties, ce qui donne lieu à des chapitres titrés « Début de l'affaire du sac perdu », « Retour à l'affaire du sac perdu » ou « Première fin de l'affaire du sac perdu ». Il parodie certains passages de l'oeuvre de Proust, comme dans son chapitre intitulé « Les plaisirs et les nuits » (où il détourne le titre « Les plaisirs et les jours », premier ouvrage publié par Proust). Il évoque aussi les romans d'Agatha Christie. « Miss Marple jeta un dernier regard au cadavre, conduisit la pauvre veuve dans le petit salon, la réconforta en lui préparant un pot de thé (bizarrement, les traducteurs ignorent le mot « théière » et traduisent littéralement le mot « teapot »). Cela m'a fait rire car j'ai lu énormément de romans de notre chère vieille Anglaise et je n'avais jamais prêté attention à cette aberration !
J'ai donc beaucoup aimé ces « Enquêtes de Monsieur Proust » et vais lire le second volume qui vient de paraître.
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